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Société - Education

Rentrée au Liban : l’école catholique tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme

Le XXXe colloque annuel des écoles catholiques a débuté mardi à l'USEK et poursuivra ses travaux mercredi. Il entend se pencher sur l’éducation à la citoyenneté pour une société démocratique.

Rentrée au Liban : l’école catholique tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme

Vu de l’assistance lors du XXXe colloque annuel des écoles catholiques à l'USEK. Photo AMH

Le rendez-vous annuel des écoles catholiques début septembre donne traditionnellement le coup d’envoi de la rentrée scolaire au Liban qui se déroule de manière dispersée d’ici à début octobre. Il est aussi l’occasion d’énoncer les défis auxquels font face les institutions éducatives catholiques et l’ensemble du secteur éducatif privé. Dans un contexte de conflit à Gaza depuis le 7 octobre 2023 et d’ouverture d’un « front de soutien » par le Hezbollah au Liban-Sud depuis 11 mois, les problèmes sont de taille. Ils viennent s’ajouter à la crise multiforme qui a mené à l’effondrement de la livre libanaise en 2019 et à la vacance présidentielle depuis bientôt deux ans.

Le XXXe colloque annuel des écoles catholiques n’échappe pas à la règle. Après avoir entamé ses travaux mardi matin à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), il se penchera deux jours durant sur « l’éducation à la citoyenneté pour une société démocratique ». Un sujet brûlant, face au clivage au sein de la société libanaise sur l’arsenal du Hezbollah et les replis communautaires qui l’accompagnent.


Émigration des élèves et blocages politiques

« Le Liban est un ramassis de mini-États communautaires », dénonce le patriarche maronite, Béchara Raï, devant un parterre de personnalités religieuses, diplomatiques et éducatives, insistant sur « la nécessité d’appartenir à la nation libanaise à travers la citoyenneté plutôt qu’à travers la communauté religieuse ». « Comment faire de l’éducation à la citoyenneté une réalité dans nos écoles ? » demande alors le secrétaire général des écoles catholiques, le père Youssef Nasr, face au délitement de l’État, aux « craintes de disparition de la nation ».

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L’émigration massive des cerveaux, dont un nombre important d’élèves et d’enseignants, est au cœur des raisons qui poussent l’école catholique à tirer la sonnette d’alarme. C’est aussi avec un cumul de problèmes non résolus, souvent liés au blocage politique, que les institutions éducatives catholiques entament la rentrée scolaire.

« Depuis l’effondrement de la livre libanaise en 2019 (un dollar s’échange aujourd’hui à 89 500 LL sur le marché contre 1 500 LL avant la crise, NDLR), nous avons urgemment besoin de revoir les salaires des enseignants, non pas sous forme de bonus ou de primes, mais à travers une nouvelle échelle des salaires, tout en prenant en compte la situation financière compliquée des parents d’élèves », souligne le secrétaire général des écoles catholiques, qui constate une grogne grandissante du corps enseignant et des parents d’élèves à la fois. « Une nouvelle échelle des salaires permettrait aux enseignants de régler des cotisations revalorisées à la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) et à la Caisse des retraites, et de redynamiser les deux organismes aujourd’hui gelés par manque de décision politique », explique-t-il. Mais la question relève de l’utopie en période de vide constitutionnel, avec un gouvernement qui se contente d’expédier les affaires courantes et alors que les salaires des enseignants du privé, liés à ceux de la fonction publique, nécessitent une nouvelle législation.


École gratuite et conflit au Liban-Sud

« En 2023-2024, l’école catholique scolarisait 200 000 élèves, dont un quart d’autres confessions, au sein de ses établissements payants et gratuits, sur un total de plus d’un million quatre-vingt mille élèves », révèle à L’Orient-Le Jour le père Nasr. Selon le Centre de recherche et de développement pédagogiques (CRDP) rattaché au ministère de l’Éducation, dont les chiffres remontent à 2022-2023, l’école publique scolarisait il y a deux ans 28 % des élèves et l’école privée le reste, répartis de la manière suivante : 56,66 % à l’école privée payante, 11,8 % à l’école privée gratuite et 3,54 % au sein des établissements de l’Unrwa destinés aux réfugiés palestiniens.

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Le gel des cotisations de l’État aux écoles privées semi-gratuites depuis 2019 fait aussi l’objet de tiraillements entre les écoles catholiques et les autorités. « L’État doit assumer ses responsabilités envers les plus démunis et verser leurs dus aux institutions scolaires semi-gratuites, insiste le père Youssef Nasr. Autrement, ces institutions qui scolarisent plus de 100 000 élèves sont menacées de fermeture dans les régions rurales éloignées particulièrement. Et les élèves risquent de ne plus avoir accès à l’éducation, vu le manque d’établissements publics ».

Autre défi de l’école privée, la situation sécuritaire au Liban-Sud qui a entraîné la fermeture forcée d’une bonne dizaine d’institutions éducatives catholiques. « Nous devons être sur tous les fronts et mener notre mission dans un contexte particulièrement difficile, marqué par la guerre, les interventions politiques, l’absence de réformes, les lois obsolètes et la paralysie des institutions », résume le responsable des écoles catholiques.

À cette réalité s’ajoute la baisse drastique du niveau de l’éducation qui résulte de la conjoncture du pays durant les cinq dernières années, ponctuée de la pandémie de Covid-19. « Les allégements successifs des programmes ont desservi le niveau de l’enseignement, des élèves et du diplôme officiel », déplore le père Nasr, invitant les autorités à réagir.

Le rendez-vous annuel des écoles catholiques début septembre donne traditionnellement le coup d’envoi de la rentrée scolaire au Liban qui se déroule de manière dispersée d’ici à début octobre. Il est aussi l’occasion d’énoncer les défis auxquels font face les institutions éducatives catholiques et l’ensemble du secteur éducatif privé. Dans un contexte de conflit à Gaza...
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