Quelques dizaines de manifestants ont répondu jeudi matin à l'appel à un sit-in lancé par l'organisation du "Cri des déposants" devant le palais de justice, pour afficher leur solidarité avec le procureur général de la République, Jamal Hajjar, et sa décision, mardi, de placer en détention provisoire l'ex-gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé.
Après avoir entendu M. Salamé et l'avoir placé en détention pour quatre jours, jusque demain vendredi, le procureur a transféré le dossier devant le parquet général financier, qui a engagé des poursuites contre l'ancien gouverneur pour « détournement et vol de fonds publics, faux et enrichissement illicite » et l'a déféré devant le premier juge d'instruction par intérim, Bilal Halaoui. C'est ce dernier qui a les prérogatives d'émettre un mandat d'arrêt contre le gouverneur, le cas échéant.
« Nous sommes ici en solidarité avec la justice et le procureur, qui nous a promis de poursuivre sur le chemin de la justice », a déclaré à L'Orient-Le Jour Moussa Agathy, porte-parole du Cri des déposants, à notre journaliste Sally Abou AlJoud. « Nous espérons que le pouvoir judiciaire ne s'arrêtera pas à Salamé et continuera sur sa lancée pour arrêter tous ceux qui sont responsables d'avoir pillé les fonds des déposants », a-t-il ajouté.
« Crimes et montages financiers »
« Continue ton travail, procureur, et que Salamé reste aux arrêts » ; « Juge, continue ce que tu as commencé », pouvait-on notamment lire sur les panneaux brandis par les quelques dizaines de manifestants, qui évoquaient également les « crimes » et « montages financiers » de l'ex-chef de la BDL.
Un porte-parole de l'association s'exprimant devant la presse lors du rassemblement a indiqué qu'après une réunion avec Jamal Hajjar, il a semblé que le procureur « est quelqu'un qui veut travailler ». De son côté, Alaa Khorchid, un autre représentant de l'association, a indiqué que la décision du procureur est « un grand accomplissement, que nous attendions depuis longtemps. « Il y avait derrière Salamé d'autres gens qui ont perçu des pots-de-vin et des propriétaires de banques qui sont recherchés par la justice », a-t-il déclaré, espérant que le procureur financier « continuera » le travail et s'attaquera à leurs dossiers.
« Ce n'est pas avec le dossier d'Optimum Invest, dans le cadre duquel a eu lieu l'arrestation, que les déposants récupéreront leurs fonds, mais il s'agit d'une première étape, parce que nous considérons que Riad Salamé est la clé qui ouvre la caisse noire. C'est via lui que nous pourrons arriver à nos fins », a ajouté le porte-parole, qui a évoqué notamment les dossiers des « ingénieries financières, de Sayrafa (la plateforme qui a fixé, pendant une bonne partie de la crise, le taux de change utilisé par les banques, ndlr), les fonds qui ont pu être virés à l'étranger (alors que les comptes d'autres déposants étaient bloqués) avant et après le 17 octobre 2019, les subventions sur les produits de nécessité ». « C'est Riad Salamé qui a décidé de vider les caisses de la BDL en utilisant les fonds des déposants », a-t-il encore accusé.
La manifestation a commencé vers 10h et, selon notre journaliste, les personnes présentes se sont dispersées dès 11h.
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