Une affaire de meurtre au sud de Beyrouth a provoqué mardi une polémique durzo-chrétienne en raison de l’appartenance communautaire de la victime et du tueur présumé, l’affaire ayant pris une tournure politico-confessionnelle, amplifiée par les commentaires d’internautes sur les réseaux sociaux.
Mardi après-midi, le corps sans vie d’un jeune homme chrétien, Charbel Hadchiti, habitant de Dekouané, à l’est de Beyrouth, a été découvert à proximité de la bifurcation de Bchamoun, près de Choueifat, par un passant qui a aussitôt alerté la police municipale.
Les Forces de sécurité intérieure (FSI), qui ne précisent pas la date du meurtre mais confirment que le corps de la victime a été retrouvé à Bchamoun, ont annoncé mercredi après-midi dans un communiqué « l’arrestation d’un homme, B.H., 28 ans, qui a avoué le crime ». Elles indiquent que l’enquête se poursuit sous la supervision de la justice compétente pour déterminer les mobiles et les circonstances du meurtre.
La victime n’a pas été poignardée
Aucun détail supplémentaire sur les circonstances du crime n’était disponible pour le moment. Mais une source sécuritaire proche du dossier a affirmé à L’Orient-Le Jour que la victime n’a pas été poignardée comme cela a été rapporté sur les réseaux sociaux, mais qu’elle a été atteinte à la hanche par un tir de fusil à pompe. Selon cette source, le tueur présumé et la victime se connaissaient bien et étaient même proches.
Une source politique informée au sein de la communauté druze confirme pour sa part que le suspect est druze et affirme qu’il existait entre lui et la victime « un lourd contentieux, possiblement lié à l’honneur ». Ce terme est généralement utilisé au Liban et au Moyen-Orient pour faire référence à des crimes de vendetta dont les victimes sont généralement des femmes. « Le crime aurait été prémédité », ajoute cette source qui avance que le meurtrier a tenté de se rendre en Turquie, avant d’être arrêté.
Dès l’annonce de la découverte du corps, des rumeurs ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux selon lesquelles le tueur présumé serait proche d’un leader politique druze et aurait commis son meurtre en raison d’une relation amoureuse entre la victime chrétienne et une femme druze. Une frange conservatrice chez les druzes voit d’un mauvais œil les relations entre femmes de cette communauté et des hommes appartenant à d’autres confessions.
À ce stade de l’enquête, il est impossible de confirmer ou d’infirmer ces récits. Cela n’a pas empêché des internautes des deux communautés de se lancer des accusations publiques, faisant craindre des tensions politico-communautaires.
Les partis druzes réagissent
Signe de la gravité de cette affaire sordide, mardi soir, le Parti démocratique libanais du leader druze Talal Arslane a démenti tout lien avec le tueur présumé et assuré qu’il « ne couvre pas de tels crimes, (...) quels qu’en soient le contexte et les circonstances ». Le PDL a également appelé les médias à « confirmer l’authenticité de leurs information avant de les publier » et à « attendre les résultats de l’enquête ».
De son côté, le Parti socialiste progressiste rival, dirigé par Taymour Joumblatt, a dénoncé dans un communiqué le meurtre et appelé « à ne pas exploiter l’affaire à des fins communautaires et politiques ». Contactées par L’Orient-Le Jour, les Forces libanaises de Samir Geagea n’ont pas souhaité s’exprimer, mais se sont contentées de préciser que la victime ne faisait pas partie de leurs partisans ou leurs cadres.
Quant à la famille de Charbel Hadchiti, elle a dénoncé dans un communiqué « le crime odieux qui a fauché la vie à son fils », appelant les services sécuritaires « à élucider rapidement les circonstances du crime, à arrêter les auteurs et à les traduire en justice ». La famille a aussi indiqué qu’elle se réserve « le droit d’intenter une action en justice contre tous ceux qui publient de fausses informations ».
Les funérailles de Charbel Hadchiti se sont déroulées mercredi après-midi à Kfarchima. Les « Soldats du Seigneur », un groupuscule extrémiste chrétien, a partagé sur son compte X un faire-part de décès de la victime.
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14 h 50, le 11 septembre 2024