Tu m’as vu grandir, je t’ai vu vieillir.
Enfin, je t’ai regardé sans jamais vraiment les remarquer… Ces petites rides qui s’ajoutaient, ces années qui passaient, ce temps qui coulait.
C’est maintenant dans ce présent que je remarque nos discussions se rallonger pour les reproduire à l’identique quelques minutes après.
Je dois t’avouer que ces paroles échangées, je les garde près de moi, dans mon cœur. Gravées dans la mémoire que j’ai le privilège d’avoir. Je referai les mêmes discours un million de fois s’il le faut, pour que tu restes encore un peu avec moi.
De ta stature imposante, je n’ai jamais vu une faiblesse, un moment de vulnérabilité. De mon imagination abondante, je n’ai jamais imaginé quelque chose t’atteindre.
J’ai prié le ciel et toutes les forces de l’univers de te garder avec nous encore un peu. J’ai prié le ciel de me laisser te reparler, d’écrire quelque chose dont tu seras fier, un texte dont ta mémoire qui a pris de l’âge se rappellera. J’ai supplié les étoiles de te laisser auprès de moi encore un peu. J’ai imploré le cosmos de t’accorder plus de temps, pour ta femme, pour tes enfants, pour tes petits-enfants.
Je t’ai regardé toute ma vie, je t’ai pris en exemple, j’ai pris un peu de ton talent, j’ai forgé une relation à trois, entre toi, l’écriture et moi. Cette relation me lie à toi d’une manière assez particulière…
Dans tes moments d’absence, j’entends ton silence. Tes pensées qui défilent, le son de ton stylo sur la feuille, j’entends le bruit de la nostalgie, tes livres publiés et surtout ton pouvoir d’émouvoir par des mots qu’on doit lire, les faire parler. Aussi précieux que soit tout cela, je le sens qu’elles te manquent, ces lettres qui se forment dans ta tête pour créer des mots qui créeront des phrases qui à leur tour donneront naissance à tes ouvrages. Si je devais résumer ta vie telle que je la connais de mon petit âge, je te dirai qu’elle est remplie, remplie d’amour, de talent, d’émotions, de travail et d’intelligence.
Ma prière acceptée, je remercie de tout mon être la vie de te donner plus de sable dans ta clepsydre.
Quand j’écris, j’écris pour m’exprimer, pour me libérer, et grâce à toi et ce que tu m’as donné, c’est possible. Tu m’as soutenue, je te dis merci. Je te dis que je te prends en exemple et que je continuerai à le faire, c’est une promesse.
Par-dessus tout je te dis je t’aime, tes petits-enfants t’aiment, tes enfants t’aiment et ta femme t’aime.
Tracy ABI CHACRA
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