Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Dans la presse

Le fils d’un conseiller de Khamenei, un roi du pétrole nommé « Hector », selon Bloomberg

Le média américain spécialisé dans l'économie et la finance dresse le récit de l'ascension de Hossein Shamkhani, basé aux Émirats à la tête d'un réseau d'entreprises liées au commerce du pétrole iranien. 
Le fils d’un conseiller de Khamenei, un roi du pétrole nommé « Hector », selon Bloomberg

Un drapeau iranien flotte à bord du pétrolier Adrian Darya, au large de Gibraltar. Photo d'archives AFP

C’est le récit du fils d’un conseiller du guide suprême Ali Khamenei s'étant imposé dans le commerce du pétrole iranien que raconte Bloomberg, dans un article publié le 30 août. Quadragénaire discret, Hossein Shamkhani est qualifié par des négociants comme l’un des « plus puissants barons de la distribution du pétrole iranien dans le monde entier ». Mais la majorité, à Dubaï et dans les cercles commerciaux en dehors, le connaissent sous le nom d’« Hector ». Réfutant tout lien de son père avec ses activités, ce dernier, Ali Shamkhani, a néanmoins été commandant naval du Corps des gardiens de la révolution islamique, ministre de la Défense, puis secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran jusqu'en 2023 avant d'être remplacé tout en restant un proche conseiller de l'ayatollah Khamenei.


Influence sur les marchés pétroliers mondiaux

Pour cet article exclusif, le média américain se base sur des documents qu’il a pu consulter ainsi que sur une trentaine de sources anonymes « connaissant les activités des entreprises de son réseau, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ». Selon elles, Hossein Shamkhani est à la tête de Milavous Group Ltd. - qui s’était installé il y a deux ans dans une tour huppée de Dubaï - et a acquis en l’espace de quelques mois une « influence considérable sur les marchés mondiaux de l'énergie », alors qu'il était initialement peu connu. Milavous a engrangé « des milliards de dollars en ventes de matières premières provenant d'Iran, de Russie et d'ailleurs », relate Bloomberg, alors que les deux pays mentionnés font l'objet de sanctions occidentales visant notamment leur secteur pétrolier. Selon les sources, même s'il ne les détient pas sur le papier, Hossein Shamkhani possède et supervise un « réseau d'entreprises entrelacées, Milavous fonctionnant comme l'une des sociétés mères ». 

Pour mémoire

Les exportations de pétrole iranien vers la Chine ont triplé en trois ans, malgré les sanctions

Si peu de ceux qui traitent avec lui « saisissent l'ampleur » de ce réseau transnational, écrit le média, ce dernier « peut être considéré comme l'un des trois plus grands acteurs du négoce de pétrole en Iran », disposant d'une « flotte composée de dizaines de pétroliers et ayant des affaires secrètes avec de grandes compagnies pétrolières ». « Si l'une des entités du réseau est sanctionnée, cela perturbera l'ensemble du marché pétrolier », selon Saeed Aganji, un chercheur iranien interrogé par le média. Parmi les entreprises en question, des poids lourds internationaux comme la société chinoise Sinopec, l'américaine Chevron Corp. et la britannique BP, selon plusieurs sources et une brochure de Milavous consultée par Bloomberg.

L'agence américaine rapporte en outre que l’« empire » de Hossein Shamkhani « représente une part importante des exportations mondiales de brut iranien et russe », même si ses entreprises « vendent également du pétrole et des produits pétrochimiques provenant de pays non sanctionnés et mélangent parfois du brut provenant de différentes juridictions, de sorte que même les acheteurs qui testent les barils peuvent ne pas être en mesure d'identifier le pays d'origine ». Contacté par le média, Hossein Shamkhani a déclaré « qu'il n'avait ni fondé ni possédé Milavous et qu'il ne jouait aucun rôle dans sa gestion », tout en niant « être propriétaire d'une compagnie pétrolière, contrôler un réseau commercial ou avoir une entreprise impliquée dans des transactions de matières premières avec l'Iran ou la Russie ». Le dirigeant de Milavous a pour sa part démenti tout lien avec ce dernier, tandis qu'un avocat de la compagnie a réfuté avoir des liens avec des intérêts iraniens ou russes.


Quelles sanctions face à une économie souterraine tentaculaire ?

L’ascension de ce quadragénaire donne un « aperçu d'une partie de l'économie souterraine tentaculaire des flottes pétrolières obscures qui se sont développées depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 », souligne Blomberg, mais aussi des relations croissantes entre Moscou et Téhéran, qui ont depuis porté leur relation à un niveau plus stratégique. Craignant de déstabiliser le marché pétrolier mondial, et alors qu'approche l'élection présidentielle de novembre, Washington fait face à des défis de taille pour perturber effectivement la manne financière de ses deux rivaux. Malgré les restrictions de Washington, les exportations de pétrole iranien ont atteint en mars dernier, avec 35 milliards de revenus sur un an, leur plus haut niveau en six ans, depuis que les États-Unis se sont retirés du deal nucléaire pour imposer sous Donald Trump une politique de « « pression maximale » face à Téhéran.

Pour mémoire

« L’Iran ne sera pas la voie espérée par Moscou pour contourner les sanctions »

En dépit d'éventuelles sanctions secondaires, de nombreux pays comme les Émirats arabes unis, où opère et passe la plupart de son temps Hossein Shamkhani - qui n'est pas personnellement sur la liste noire de Washington contrairement à son père depuis 2020 - passent outre les directives américaines, notamment lorsque les transactions financières en question ne passent pas par le système américain. Des entités de son réseau auraient notamment une part importante de commerce auprès d'acheteurs chinois en yuan, Pékin étant le principal débouché du pétrole iranien. Pour le business effectué en dollars américains, « M. Shamkhani et certaines branches de son réseau commercial, dont Milavous (...) font l'objet d'une enquête pour d'éventuelles violations des sanctions par le FBI et le département du Trésor », selon les personnes et les documents vus par Bloomberg, alors que des navires qui seraient contrôlés par l'Iranien auraient déjà été sanctionnés. Plusieurs sociétés émiraties ont par ailleurs été placées sur la liste noire des États-Unis pour avoir aidé des entreprises iraniennes à « échapper aux sanctions ».

En milieu d'année dernière, plusieurs clients n'ont pas payé certaines des entreprises du réseau, au moment où le Trésor américain durcissait ses sanctions contre le pétrole russe, poussant les banques à poser plus de questions et à compliquer les transfert d'argent, selon des sources au fait du dossier. Malgré les revers, Milavous s'en est beaucoup mieux sorti que d'autres sociétés qui n'ont pas survécu. Désormais forte de près de 200 employés, la compagnie faisait déjà un chiffre d'affaires d'environ 15 milliards de dollars en 2022, la première année de son établissement, les ventes du réseau étant beaucoup plus importantes encore, selon des sources bien informées. 

C’est le récit du fils d’un conseiller du guide suprême Ali Khamenei s'étant imposé dans le commerce du pétrole iranien que raconte Bloomberg, dans un article publié le 30 août. Quadragénaire discret, Hossein Shamkhani est qualifié par des négociants comme l’un des « plus puissants barons de la distribution du pétrole iranien dans le monde entier ». Mais la majorité, à...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut