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Politique - Partis

Kanaan quitte le CPL : désormais au complet, les frondeurs préparent leur riposte

Gebran Bassil « ne peut pas nous massacrer politiquement et s’attendre à ce que nous restions les bras croisés », dit un député dissident du parti. 

Kanaan quitte le CPL : désormais au complet, les frondeurs préparent leur riposte

Ibrahim Kanaan, député démissionnaire du Courant patriotique libre, lors d'une conférence de presse, le 14 août 2024. Photo fournie par son bureau de presse

Ibrahim Kanaan a craché le morceau. Après un long suspense, le député du Metn a annoncé mercredi sa démission du Courant patriotique libre. En soi, cette décision n’a pas l’effet d’une surprise, les désaccords entre le parlementaire et Gebran Bassil, chef du parti, étant profonds autour de gros dossiers, à commencer par la présidentielle.

De toute évidence, la décision de M. Kanaan constitue un nouveau pas vers la « bassilisation » totale du CPL. Mais si M. Bassil peut se réjouir d’avoir désormais un détracteur en moins dans les rangs de son parti, il n’est pas pour autant au bout de ses peines. Car les députés radiés ou ayant démmissioné préparent leur riposte : ils commencent à planifier la prochaine phase avec le regard (et les ambitions) braqué sur les législatives de 2026. Une façon pour les dissidents, forts de leur parcours au sein du CPL, de faire comprendre au parti qu'il n'aura pas raison de leurs carrières politiques.

« Je n’ai plus que le choix de démissionner », a déclaré Ibrahim Kanaan dans un communiqué publié mercredi. Une annonce faite deux semaines après sa dernière conférence de presse, lors de laquelle il avait proposé une « ultime » initiative pour souder les rangs du parti secoué par les exclusions des députés Élias Bou Saab (Metn) et Alain Aoun (Baabda), et la démission de leur collègue de Jbeil, Simon Abi Ramia. Dans ses grandes lignes, la proposition de M. Kanaan était principalement axée sur un dialogue entre la direction du CPL et ses détracteurs. Sauf que la présidence du parti n’a pas tardé à enterrer l’initiative. De quoi pousser le député vers la porte de sortie. C’est du moins l’impression qui se dégage du communiqué qu'il a publié. « J’avais accordé (à la direction du parti) une semaine pour resserrer les rangs du CPL, comme le veut la base populaire. Mais ce délai a expiré sans qu’une volonté de répondre aux tentatives de sauvetage ne se manifeste », a-t-il souligné, dénonçant ce qu’il a appelé « les attaques contre (sa) démarche et (sa)  personne » et une « atteinte à (sa) dignité ». 

Pour mémoire

Kanaan se pose en sauveur du CPL, provoquant l'ire de Bassil

Reste que le départ d’Ibrahim Kanaan est aussi le résultat de cumuls de mésententes avec Gebran Bassil,  qui reproche aux dissidents un « manque de discipline partisane ». Les députés frondeurs avaient notamment dérogé au mot d’ordre aouniste de voter Jihad Azour (ancien ministre des Finances et haut cadre du Fonds monétaire international, qui avait fait l’objet d’une convergence entre le CPL et l’opposition) lors de la dernière séance électorale de la Chambre consacrée à la présidentielle, le 14 juin 2023. « Ibrahim Kanaan n’a pas présenté une initiative. Il a tenu une conférence de presse pour évoquer les affaires internes du parti dans les médias », commente pour L’Orient-Le Jour un responsable haut placé du CPL sous couvert d’anonymat. « Il aurait dû en discuter dans les coulisses et avec M. Bassil, comme le stipule le règlement intérieur », dit-il. Ce responsable se fait l’écho de la position officielle de la formation à l’égard du départ du député metniote. « M. Kanaan a choisi d’annoncer sa démission dans les médias, après avoir été déféré devant le Conseil des sages (tribunal partisan du CPL) le 24 août, devant lequel il devait comparaître mardi », a déclaré le courant aouniste sur son compte X, rappelant que le député s’était absenté de trois réunions consécutives du comité politique (duquel il a finalement été radié il y a une quinzaine de jours), qui devait débattre de la situation interne du parti, et qu’il devait s’entretenir avec le leader du parti vendredi. « Ce sont des infractions au règlement intérieur du CPL que nous ne tolérons pas », lâche un haut cadre du parti. Sur son compte X, la direction a d’ailleurs promis de « dévoiler les détails » de l’affaire Kanaan ultérieurement.

Une guerre « psychologique » ?

Mais le départ d’Ibrahim Kanaan, tout comme la mise à l’écart de son collègue Alain Aoun, pourraient avoir des effets lors des prochaines législatives. M. Kanaan est une figure dotée d’une base populaire non négligeable dans le Metn. Quant à Alain Aoun, il est lui aussi perçu comme une figure populaire du courant aouniste, y compris dans les milieux politiques. Cela n'empêche pas le CPL d'affirmer que « c’est au parti que les députés détracteurs doivent aujourd’hui leurs sièges », pour reprendre les termes d’un responsable de la formation orange. Il estime donc que les anti-Bassil portent un coup dur à leur propre avenir politique. Gebran Bassil « ne peut pas nous massacrer politiquement et s’attendre à ce que nous restions les bras croisés », rétorque un parlementaire dissident qui a requis l’anonymat. C’est dans ce cadre qu’il place l'enregistrement audio qui circule depuis mercredi sur les réseaux sociaux et dans lequel Alain Aoun affirme que le tandem chiite (qui s'allie avec le CPL à Baabda en général) ne le lâcherait pas lors des prochaines élections. On y entend même le député affirmer qu'Amal et Hezbollah lui ont proposé de choisir les deux autres candidats chrétiens qui figureront sur la liste. Une affirmation que les milieux du Hezbollah ne confirment pas, se contentant de dire qu’aucune décision n’a été prise à ce sujet. 

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Se rajoute à cela des informations qui font état de discussions entre les ex-membres du CPL qui pourraient former un nouveau groupe parlementaire, à même de jouer un rôle de faiseur de roi au Parlement, au détriment de Gebran Bassil .  « Aujourd’hui, les détracteurs de Bassil sont dans une guerre psychologique contre lui. À l’heure où il les met à l'écart, ils usent de tous les moyens pour faire face à ses tentatives de tirer un trait sur leur carrière politique », confie à L’OLJ une source proche du club des détracteurs. Ce point a figuré dans un communiqué publié mardi par Alain Aoun. « Il est normal que j’entre en contact avec mes collègues députés (du tandem chiite) surtout que nous avons collaboré ensemble lors de trois scrutins (2009, 2018 et 2022) », affirme-t-il, soulignant que les propos fuités étaient une réponse à une question portant sur ses choix pour la prochaine phase. « Je garde toutes mes options électorales ouvertes, mais je trancherai plus tard sur la base de mes principes, comme je l’ai toujours fait », dit M. Aoun à L’OLJ.


Ibrahim Kanaan a craché le morceau. Après un long suspense, le député du Metn a annoncé mercredi sa démission du Courant patriotique libre. En soi, cette décision n’a pas l’effet d’une surprise, les désaccords entre le parlementaire et Gebran Bassil, chef du parti, étant profonds autour de gros dossiers, à commencer par la présidentielle.De toute évidence, la décision de M....
commentaires (16)

Nous sommes d'acccord que le parachuté chef du CPL est un arrogant nain politique au quotient émotionnel de ZÉRO par contre s'en séparer pour continuer la même politique de collaboration avec la milice iranienne et donc l'effritement continu de l'état pour assouvir des desseins présidentiels est un pêché envers les electeurs qu'ils représentent et la position historique du parti dont ils sont issus.

Liban Libre

08 h 57, le 30 août 2024

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Commentaires (16)

  • Nous sommes d'acccord que le parachuté chef du CPL est un arrogant nain politique au quotient émotionnel de ZÉRO par contre s'en séparer pour continuer la même politique de collaboration avec la milice iranienne et donc l'effritement continu de l'état pour assouvir des desseins présidentiels est un pêché envers les electeurs qu'ils représentent et la position historique du parti dont ils sont issus.

    Liban Libre

    08 h 57, le 30 août 2024

  • OLJ, why did you suppress my comments about the future of Tayyar?

    Mireille Kang

    19 h 03, le 29 août 2024

  • Dans ou en dehors du CPL ils ont, et hypothèquerons encore la souveraineté du Liban en restant les obligés du Hezbollah.

    Jules Lola

    14 h 38, le 29 août 2024

  • Espérons que leur réponse à celui qui a voulu les détruire politiquement ne se fera pas en s’alliant totalement et ouvertement avec les fossoyeurs de leur pays. Car ceci les mènerait droit en enfer et dans la poubelle de l’histoire. A un moment il fait se ressaisir et apprendre de ses erreurs, sinon au diable tous ces traîtres personne ne les regrettera.

    Sissi zayyat

    12 h 07, le 29 août 2024

  • Ne vous tromper de camps, la trahison n’a jamais payé

    Sissi zayyat

    11 h 54, le 29 août 2024

  • Si ces frondeurs veulent conserver leur honneur et un avenir politique, ils ne devraient pas se tromper dans leur choix. Ils devraient sans tarder rejoindre les opposants aux fossoyeurs pour sauver leur pays afin que tous leurs erreurs leur soient pardonnées. Autrement ils sont grillés. Le gendron ne tolèrerait pas le fait de le surpasser dans la collaboration avec les ennemis de notre pays, il fera monter les enchères jusqu’à avoir leur peau. Il ne leur reste qu’un choix et un seul, redevenir patriotiques pour contrer ses projets destructeurs.

    Sissi zayyat

    11 h 53, le 29 août 2024

  • Quelle mascarade ce parti, impuissant et inefficace. En lisant début de l'article je me disais quel courage ont ces dissidents qui voudraient s'émanciper et être indépendants de tout autre parti politique, pour que la déception tombe rapidement après. Ce qui les intéresse le plus c'est leur avenir politique, un avenir qui leur paraît non risqué puisque les deux partis hegemonistes leur assure la réélection, et donc ils seront féodés directement à ces partis plutôt que de passer par le CPL comme ça à toujours été le cas. Bravo à vous. Quel courage

    Citoyen

    11 h 05, le 29 août 2024

  • Que dieu lui garde son beau-père au chef du CPL, car sans lui , il serait un petit ingénieur-salarié. Et encore.

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 48, le 29 août 2024

  • A les voir se tirailler comme cela, la seule chose que je comprends et déduis de leurs positions et dires c'est que ce parti de traîtres se désintègre voyant partir les plus traîtres et voir naître un autre groupe qui sera totalement inféodé au Hezbollah puisqu'il ne dépendra plus que de ses votes. La compromission que nous voyons s’étaler devant nous est encore pire que nous le pensions. Libanais, prenez bien garde a qui vous allez voter en 2026. La date semble loin m,ais le temps passera plus vite que prévu et ce sera notre seule chance de retourner légalement la situation.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    08 h 48, le 29 août 2024

  • Les vrais patriotes réapparaissent. Bravo Monsieur Kenaan, vous avez certainement fait le meilleur choix. Vous pouvez à présent vous épanouir politiquement et personnellement. Et, à mon avis, un candidat crédible pour la présidentielle si vous parvenez à refaire la soudure chrétienne avec les Kataeb et les FL.

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 37, le 29 août 2024

  • Un parti base sur la haine et dont aucun depute ou ministre n'a ete competent ('Ma khallouna').... Il se desintegre rapidement, comme prevu, et va ajouter a ses listes d'ennemis avec ce dernier accouchement du groupe au QI moyen plus eleve que les autres.... Ca va etre interessant et pourvu que ce neo-parti ne je jette pas de nouveau dans les bras des barbus......Joignez l'opposition......

    Sabri

    06 h 09, le 29 août 2024

  • Encore un autre de perdu, et aucun n a été retrouvé depuis le départ de tous ses précédents. Triste de constater que certain(e)s alimentent le culte de la personnalité (à la trump). L hémorragie continue.

    Zampano

    03 h 21, le 29 août 2024

  • The implosion of Tayyar is a site to behold and poetic justice for the Party as a whole whose members have no political program, no vision for the country that will improve the lives of their voters and the Lebanese public at large. Those MPs forgot that they're in Parliament to serve the interests of the public and not their own personal interests. I strongly hope that they will be all ousted wholesale from Pariiament in the next Parliament elections. Tayyar has become a family firm, a dictatorship run by the Aoun-Bassil dynasty. and deserves expulsion from political life.

    Mireille Kang

    00 h 59, le 29 août 2024

  • Au lieu du vaudeville qui se joue entre hommes de pouvoir, quelles sont les propositions des uns et des autres pour secourir une nation qui se délite ? On en a assez de ces longs descriptifs de positionnements personnels qui n'ont aucun intérêt et n'intéressent plus personne.

    Joseph Ziadé

    00 h 18, le 29 août 2024

  • M Alain Aoun et les autres qui ont quitté ou qui ont été virés du parti : Lorsqu'ils passent à la TV, lorsqu'ils parlent, nous les écoutons même si nous ne partageons pas leurs avis politique mais en terme de personnes , "ils sont sympas , affables et inspirent confiance quelque part.

    LE FRANCOPHONE

    23 h 28, le 28 août 2024

  • Durant les dernieres legislatives, Kanaan a ete elu avec 5,000 voix en moyenne. Ce nombre n’indique pas une vaste base. Populaire.

    hrychsted

    23 h 23, le 28 août 2024

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