Le ministre libanais sortant de l'Energie, Walid Fayad, a annoncé vendredi que le pétrolier algérien In Ecker arrivera à Beyrouth lundi, pour approvisionner le fournisseur public Electricité du Liban (EDL), le pays souffrant d'un black-out quasi total depuis samedi, en raison de l'épuisement des stocks de carburant permettant de faire fonctionner les centrales électriques. Depuis lors, les Libanais dépendent presque entièrement de générateurs privés.
S'exprimant sur la radio Voix du Liban, M. Fayad a expliqué que « le ministère de l'Energie a prélevé un échantillon de la cargaison qui a été envoyé à Dubaï par le biais (du service de livraison) DHL pour être testé. S'il répond aux normes, les citoyens bénéficieront progressivement d'une amélioration de l'approvisionnement à partir de mardi ».
Cependant, l'arrivée du pétrolier à Beyrouth est estimée, selon la plateforme MarineTraffic.com, au 28 août, soit mercredi prochain. Le navire se trouve actuellement au large de la Sicile, après son départ jeudi d'Algérie.
Le pétrolier In Ecker transporte une première cargaison de 30 000 tonnes de carburant que l'Algérie a décidé dimanche d'envoyer au Liban, à titre de don. D'autres cargaisons devraient suivre mais, pour l'instant, la quantité totale de carburant qui sera envoyée n'a pas été communiquée.
Cette cargaison a été produite à la raffinerie de Skikda, dont la capacité de production est d'environ 16,5 millions de tonnes par an. L'Algérie est le premier exportateur africain de gaz naturel et le 7e au niveau mondial.
Jusqu'en 2020, l'entreprise publique Sonatrach fournissait du carburant à EDL, mais Alger n'a pas renouvelé son contrat à la suite d'un scandale qui avait éclaté en avril de la même année. EDL avait alors signalé à la justice du carburant défectueux livré par Sonatrach le mois précédent, alors que les tests effectués au port de Beyrouth semblaient l'infirmer.
EDL avait déjà mis en garde à plusieurs reprises, depuis le début du mois de juillet, contre d'éventuels retards dans la dernière livraison de carburant prévue en provenance d'Irak, dans le cadre d'un accord établi en 2021 et renouvelé chaque année.
En vertu de ce contrat, le Liban reçoit du fioul inutilisable par les usines d'EDL, qu'il échange ensuite, par le biais d'un mécanisme d'appel d'offres, contre d'autres types de combustibles compatibles avec les installations libanaises. En contrepartie, le ministère des Finances dépose un montant équivalent aux quantités fournies sur un compte de la la Banque du Liban, afin que les autorités irakiennes dépensent ces sommes exclusivement au Liban en échange de services, dont la nature n'a pas été précisée dans l'accord.
Au cours des derniers mois, les autorités libanaises ont dénoncé un retard de plusieurs semaines de la part de l'Irak. Dans un communiqué de presse publié au début du mois, EDL a indiqué qu'« aucune cargaison n'a été livrée dans le cadre de l'accord conclu entre l'Irak et le Liban... ni en juillet ni en août ».
Réserves d'un mois en cas de guerre élargie
Lundi, le gouvernement irakien a démenti « les rumeurs selon lesquelles l'Irak aurait cessé de fournir du carburant au Liban », ajoutant que le retard de la dernière livraison était dû à des « raisons techniques et logistiques ».
Le ministre Fayad a par ailleurs expliqué vendredi qu'en cas de guerre majeure entre Israël et le Hezbollah « dans l'ensemble du pays ... certains hôpitaux publics seront directement approvisionnés par EDL ».
Il a également noté que « le système de générateurs répartis dans toutes les régions, ainsi que l'expansion des panneaux d'énergie solaire, pourraient fournir une certaine protection contre une crise énergétique, au cas où l'ennemi sioniste [israélien] prendrait pour cible le réseau électrique ».
Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah et Israël sont engagés dans des affrontements quasi quotidiens, Israël menaçant à plusieurs reprises de mener une vaste offensive au Liban et de lancer une guerre à grande échelle.
M. Fayad a assuré que « le Liban dispose de réserves de pétrole suffisantes pour un mois ou plus, nécessaires pour les besoins essentiels tels que les ambulances, les hôpitaux, et pour assurer le pompage de l'eau ».
Mardi, il avait expliqué que les sanctions américaines de la loi César et les différends politiques ont eu un impact significatif sur les activités d'EDL. Les sanctions visant toute personne qui travaille avec le régime syrien de Bachar el-Assad depuis 2020 ont contribué à la suspension indéfinie d'un projet de 2022 visant à importer du gaz égyptien et de l'électricité jordanienne via la Syrie, afin d'augmenter temporairement la capacité d'EDL.
Les centrales d'EDL manquent régulièrement de carburant, ce qui provoque des pénuries chroniques d'électricité et oblige les Libanais à recourir à des générateurs privés.
La mécanique infernale de l'arnaque persiste contre vents et marées.
19 h 13, le 23 août 2024