Une vidéo qui envahit les réseaux sociaux m’est parvenue par
WhatsApp d’un confrère sur le groupe de pédiatres. Titrée « Les Libanais », elle commence par le célèbre « Hi, kifkon, ça va » animée par un brillant journaliste commentant l’état actuel au Liban et le curieux comportement des citoyens libanais, considérés à tort inconscients devant la grave situation de leur pays. Rappelons la fameuse citation de Moutannabi qui dit : « La
tahsoubanna raksi baynakoum taraban. Inna al-tayr yarkoussou mazbouhan min al-alami », ce qui signifie en français : Ne croyez pas que ma danse parmi vous soit joyeuse, car l’oiseau danse de douleur.
Comment expliquer ces scènes qui montrent des citoyens dans les restaurants et les cafés ou participant à des festivités, laissant croire à tort que les Libanais sont indifférents devant la crise qui ravage leur pays et qui traverse un sombre tunnel sans fin, du moins dans un proche avenir.
Qu’est-ce qui a amené ce beau pays vers l’inflation totale et la crainte d’un vrai effondrement où tout le monde se pose la question sur la survie du pays des cèdres et du phénix ?
La corruption est-elle la seule cause ? La mentalité du Libanais, la providence et le destin sont-ils pour quelque chose dans l’histoire et l’avenir de ce pays, terre où la foi en Dieu est absolue.
Ne sont-ils pas nombreux au Liban les corrupteurs et ne sont-ils pas encore plus nombreux les profiteurs directement ou indirectement de la corruption. Que chacun de nous se demande s’il a profité au moins une fois de cette situation aberrante et une prometteuse révolution ne peut tenir qu’avec des personnes capables et transparentes, qualités devenues rares de nos jours où la corruption a changé le sens des mots comme justice, vérité et liberté.
Je pense surtout en ces temps où les aides sociales affluent sur les familles démunies, qu’est devenue la classe sociale appelée autrefois « moyenne » qui compte entre autres les fonctionnaires, les soldats et les employés qui travaillent au salaire minimum ?
Comment font ces gens-là à la fin du mois, devant les montants faramineux des factures en provenance d’institutions publiques ou privées pour l’eau, l’électricité, les téléphones, sans oublier le prix de l’alimentation, les frais de déplacement et de transport, les scolarités, la maintenance et surtout assurances de toutes sortes et médicales en particulier ?
Cette situation bien douloureuse me laisse penser à une petite phrase que répétait plusieurs fois par jour feu le beau-père d’un de nos collègues pédiatres, ancien député : « Bada Allah ».
Joseph RACHKIDI
Pédiatre
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