Plus de cent morts samedi matin, selon la Défense civile palestinienne, dans une nouvelle attaque israélienne sur une école à Gaza qui accueillait des déplacés, ainsi que dans une mosquée où aucun fidèle n’y a échappé. Et pourtant, comme si cette violence se banalisait, les réactions internationales ont mis du temps à venir, à l'exception de l'ONU, alors que les Israéliens affirmaient avoir visé des « terroristes ».
La réaction internationale la plus virulente, sans conteste, est venue de la rapporteure spéciale de l'ONU pour les territoires palestiniens, l'Italienne Francesca Albanese, qui a accusé Israël de "génocide". "Israël commet un génocide des Palestiniens, un quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camp de réfugiés à la fois, une zone de sécurité à la fois", après plus de dix mois de guerre dans la bande de Gaza, a déclaré Mme Albanese sur le réseau X.
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell s'est également exprimé sur le sujet, se disant « horrifié » samedi par la frappe israélienne meurtrière sur une école à Gaza. « Horrifié par les images d'une école de Gaza servant d'abri, touchée par une frappe israélienne, qui aurait fait des dizaines de victimes palestiniennes. Au moins 10 écoles ont été ciblées ces dernières semaines. Il n'y a pas de justification à ces massacres, » a écrit Josep Borrell sur X.
Plus tard dans la journée, le Royaume-Uni s'est dit samedi « horrifié » par la frappe israélienne meurtrière sur une école coranique de Gaza, réclamant « un cessez-le-feu immédiat ». « Le Hamas doit cesser de mettre en danger les civils. Israël doit se conformer au droit humanitaire international », a déclaré le chef de la diplomatie David Lammy sur X. « Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat pour protéger les civils, libérer tous les otages et mettre fin aux restrictions sur l'aide », a-t-il ajouté.
La France, elle, a aussi réagi dans l'après-midi. Elle a « condamné avec la plus grande fermeté » la frappe israélienne sur une école de Gaza-ville. « Depuis plusieurs semaines, des bâtiments scolaires sont visés de manière répétée, avec un nombre de victimes civiles intolérable », s'indigne le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, rappelant « que le respect du droit international humanitaire s'impose à Israël ».
Côté arabe, le ministère libanais des Affaires étrangères a condamné « avec la plus grande fermeté » la frappe israélienne sur l'école à Gaza. « Le ministère condamne avec la plus grande fermeté le fait que les forces d'occupation israéliennes ont pris pour cible (cette école), qui accueille des Palestiniens déplacés non armés à l'est de la ville de Gaza, en tirant trois missiles qui ont directement visé le lieu de prière », peut-on lire dans un communiqué officiel.
« Les bombardements systématiques et aveugles de l'armée d'occupation israélienne et l'assassinat d'enfants et de civils sont une indication claire du mépris du gouvernement israélien pour les dispositions du droit international et du droit humanitaire international », poursuit le ministère.
Faisant écho à la position égyptienne exprimée plus tôt dans la journée, le ministère libanais a ajouté qu'il « considère que la poursuite des crimes contre les Palestiniens et le meurtre délibéré de tant de civils non armés, alors que les efforts des médiateurs internationaux s'intensifient pour tenter de parvenir à une formule de cessez-le-feu à Gaza, constituent une preuve évidente de l'intention d'Israël de prolonger et d'étendre la guerre ».
Enquête internationale
L'Égypte avait affirmé samedi que le « meurtre intentionnel » de Palestiniens non armés par Israël montre que ce pays n'a pas la volonté politique de mettre fin à la guerre à Gaza.
Même son de cloche auprès du ministère jordanien des Affaires étrangères, qui a estimé que le moment choisi pour la frappe contre l'école "témoigne des efforts déployés par le gouvernement israélien pour entraver et contrecarrer les efforts" destinés à faire cesser les combats.
La Turquie a elle aussi dénoncé samedi un « nouveau crime contre l'humanité » après la frappe sur une école de Gaza, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « Israël a commis un nouveau crime contre l'humanité en massacrant plus d'une centaine de civils qui avaient trouvé refuge dans une école », écrit le ministère, qui dénonce « une fois de plus » la volonté du Premier ministre Benjamin Netanyahu « de saboter les négociations sur un cessez-le-feu ».
Le Qatar, qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, a demandé une "enquête internationale urgente" après cette frappe sur l’école à Gaza. Son ministère des Affaires étrangères a réclamé, dans un communiqué, "l'envoi d'enquêteurs indépendants de l'ONU pour mener des investigations sur le ciblage continu par les forces d'occupation israéliennes d'écoles et d'abris pour les personnes déplacées".
L'Iran a condamné à son tour un « crime de guerre » commis par l'armée israélienne. Cette attaque a « prouvé une fois de plus que le régime d'apartheid d'Israël ne respecte aucune des règles et régulations du droit international ni les principes moraux et humains », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué.
De son côté, le Hezbollah, par la voix de son ancien ministre Mohammad Fneich, a réaffirmé que "la résistance au Liban ne cessera pas son soutien à Gaza" tant que "la guerre criminelle contre le peuple de Palestine se poursuivra". Pour ce qui est des efforts de paix chapeautés par les États-Unis, et que plusieurs acteurs régionaux accusent Israël de torpiller par des actes tels que la frappe de samedi, M. Fneich n’y voit que du feu. Selon lui, Washington se livre à des manœuvres diplomatiques visant à rendre la 'résistance' responsable de l'échec d'un cessez-le-feu et à exonérer Israël de toute responsabilité.
Publiant un communiqué dans la même veine plus tard en journée, le Hezbollah a estimé que cette frappe « conforte la résistance palestinienne et les fronts de soutien dans leur choix de la lutte armée en vue de faire cesser cette tuerie et empêcher l’ennemi d’atteindre ses objectifs, déclarés ou secrets ». « Le gouvernement de l’ennemi prouve une fois de plus qu’il poursuit sa politique de génocide contre le peuple palestinien, et que toutes les propositions de cessez-le-feu et de délais fixés pour des négociations ne sont que mensonges et duperie », a ajouté le parti dans son communiqué.
Pour sa part, l’uléma Ali Fadlallah, une grande figure religieuse chiite, a donné une importance encore plus grande à ce massacre qu’il a fortement dénoncé. « L’ennemi (israélien) cherche, par cette politique de meurtres et de destruction, à éliminer totalement le peuple palestinien et sa cause juste, ainsi qu’à saboter systématiquement tout effort pour mettre un terme au génocide perpétré contre la bande » de Gaza, a-t-il affirmé dans un communiqué.
« Enflammer la région »
Dimanche, le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, a condamné « le massacre » de l'école Tab'een dans la bande de Gaza ciblée par Israël samedi. « Chaque jour, l'ennemi sioniste commet des actes de terrorisme contre le peuple palestinien par le biais de génocides, de destructions et de déplacements au vu et au su du monde entier », a-t-il déclaré dans un communiqué. Et d'ajouter : « L'entité sioniste ne veut pas arrêter la guerre à Gaza et l'agression contre le Liban, mais enflammer la région avec sa criminalité illimitée et bafouer toutes les résolutions internationales et humanitaires ». Aussi, a-t-il appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l'ONU à « prendre des mesures concrètes pour faire cesser l'agression sioniste et les crimes contre notre peuple résistant à Gaza ».
Dans le même temps, le cheikh Akl druze, Sami Abi el-Mona a dénoncé « le massacre brutal perpétré par l'occupation israélienne dans l'école de Gaza, dans lequel plus d'une centaine de martyrs palestiniens ont été tués, ainsi que la poursuite des crimes contre l'humanité et des violations des lois internationales », a-t-il dénoncé dans une déclaration. Il a exhorté lui aussi la communauté internationale à « entraver l'ennemi israélien » et à œuvrer pour « l'arrêt de l'escalade, des agressions et des assassinats qu'il mène en Palestine et au Liban-Sud ».
Je suis rassuré et soulagé. Le nouveau massacre a enfin été condamné. Ouf. Je m'inquiétais.
17 h 49, le 11 août 2024