Une interview de Baha' Hariri, dont des passages circulent depuis jeudi sur les réseaux sociaux, lui a valu beaucoup de critiques de la part des internautes. Le fils aîné de Rafic Hariri et frère de l'ex-Premier ministre Saad Hariri a éludé la question, posée à deux reprises par le journaliste Tony Khalifé, de savoir s'il considérait Israël comme un ennemi. Pour ce faire, l'homme d'affaires a d'abord fait référence à l'initiative de paix arabe (2002). « Pour nous, il y a des pays dans le monde arabe et nous sommes tenus de suivre leur ligne. Quand le roi Abdallah (d'Arabie saoudite) est venu au Liban, il a lancé l'initiative qui prône la terre en échange de la paix. C'est notre position constante concernant la cause palestinienne », a-t-il dit, visiblement mal à l'aise, en référence au sommet arabe de 2002 à Beyrouth qui a promis à Israël une normalisation des relations avec les pays arabes en échange de la création d'un État palestinien à Gaza et en Cisjordanie. Quand le journaliste a insisté pour obtenir une réponse claire, Baha' Hariri a répondu : « Nous croyons en la loi, et la loi libanaise dit que traiter avec Israël est contraire à la loi. » Sans toutefois utiliser le mot « ennemi ».
Clarifications du porte-parole de Baha' Hariri
Suite à l'interview, le porte-parole de l'homme d'affaires, Jerry Maher, a réfuté les affirmations selon lesquelles Baha' Hariri avait éludé la question. « Au contraire, Baha' Hariri a parlé ouvertement du fait que, selon la loi et la Constitution libanaises, il ne peut y avoir aucune relation entre le Liban et Israël. Sa décision de ne pas répondre directement à la question de savoir si Israël est un ennemi a été clarifiée par sa réponse selon laquelle la Constitution libanaise interdit toute relation avec Israël », a ainsi déclaré M. Maher à L'Orient Today.
Il a également souligné que, conformément à la loi libanaise, Baha' Hariri considère Israël comme un ennemi du Liban, en voulant pour preuve ses publications sur la plateforme X où il décrit l'État hébreu comme une force d'occupation en Palestine et qualifie ses actions à Gaza de génocide.
« Nous condamnons et dénonçons la punition collective et les attaques barbares et inhumaines menées par les forces d'occupation israéliennes contre le peuple de Palestine, en particulier à Gaza. Le dernier de ces crimes israéliens est le bombardement de l'hôpital baptiste al-Ahli, qui a tué des centaines de personnes innocentes, une violation flagrante du droit international. Nous appelons la communauté internationale à lever le siège de Gaza et à arrêter immédiatement le génocide en cours », avait en effet écrit sur X Baha' Hariri en octobre dernier, au premier mois de la guerre en cours.
« Dans tous les cas, Baha' Hariri préfère donner des réponses détaillées sur certains sujets plutôt que de répondre simplement par oui ou par non », a ajouté Jerry Maher.
Après une débâcle lors des législatives de 2022, Baha' Hariri n’a toujours pas renoncé à investir la scène politique libanaise. De retour à Beyrouth début juillet, il a organisé des rencontres intensives avec des figures sunnites de divers horizons. Objectif : tenter de reconquérir la base sunnite, orpheline et dispersée depuis que son frère, Saad Hariri, s'est retiré de l’arène en 2019. Officiellement, Baha’ déclare vouloir poursuivre « le projet du martyr Rafic Hariri », alors que son frère Saad ne semble pas encore prêt à le faire. Lors des législatives de 2022, il n’avait pas réussi à convaincre la rue sunnite dont les voix s’étaient partagées entre différentes personnalités, mais le gros était malgré tout resté fidèle à son frère Saad. Aujourd’hui, selon des sources sunnites, Baha’ Hariri voudrait profiter d’un « momentum » précis, celui de l’inquiétude grandissante de nombreuses parties locales, régionales et internationales face au ralliement des sunnites du Liban autour de la Jamaa islamiya, du Hamas et même du Hezbollah, ces trois formations étant considérées comme « extrémistes » en opposition à la « tendance modérée ». D’ailleurs, dans ses discours, Baha’ Hariri revient toujours sur le thème de la « modération », laquelle est, selon lui, la première caractéristique des sunnites du Liban.
Nous sommes entourés de prédateurs ennemis et Israël n’est pas plus ennemie que la Syrie ou les islamistes palestiniens qui ont détruit le Liban et pousser massivement les libanais à l’exode . Il faudrait organiser un référendum sur la paix et évidemment inclure la diaspora qui est très attachée à son pays.
13 h 34, le 11 août 2024