Ghada Ayoub fait de nouveau parler d’elle. Deux mois après ses propos décriés par certains sur l’indemnisation des familles des combattants du Hezbollah tombés au Liban-Sud face à Israël, la députée Forces libanaises de Jezzine est au cœur d’une nouvelle polémique sur les réseaux sociaux. Et pour cause : ses propos tenus il y a deux semaines sur « une confrontation qui se poursuit depuis 1 400 ans ». Une remarque qui a été perçue comme faisant allusion à l’islam, religion née il y a 1 402 ans.
« Nous sommes dans une confrontation qui dure depuis 1 400 ans (…), a lancé l’élue lors d’un dîner à Jezzine. Nous sommes à bout de souffle et nous prions pour que nous puissions franchir le mauvais pas dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Ils tentent de nous noyer dans le désespoir. Mais quoi qu’ils fassent, nous sommes plus forts qu’eux. » Mais si Mme Ayoub a poursuivi son discours en critiquant le Hezbollah et son implication dans le conflit à Gaza à partir du Liban-Sud « pour servir l’agenda de l’Iran », la première partie de ses propos a surtout provoqué l’ire de membres de la communauté sunnite.
Cette attitude s’explique d’abord par le fait que la députée grecque-catholique siège aujourd’hui au Parlement grâce à l’électorat sunnite, qui représente 44 % des inscrits au Liban-Sud I, circonscription incluant Saïda et Jezzine. Loin d’être un fief FL, le caza de Jezzine a toujours été considéré comme un bastion des aounistes. La victoire de Ghada Ayoub et de son colistier Saïd Asmar a donc été rendue possible grâce à l’apport de voix majoritairement sunnites générées par l’alliance tissée entre Meerab et Youssef Nakib, un ancien du courant du Futur, qui a fourni à la liste quelque 5 000 voix. C’est autour de ce point que se sont articulées les critiques de plusieurs internautes à l’égard de Mme Ayoub.
« Détruire le Liban »
Il reste que c’est surtout la Jamaa islamiya, un parti islamiste populaire à Saïda, qui est montée au créneau contre la députée. Dans un communiqué publié mercredi, le parti frériste a estimé que les propos de Mme Ayoub, « qui interviennent en pleine guerre contre l’ennemi, pourraient mener à une discorde confessionnelle qui serait en harmonie avec le projet israélien visant à détruire le Liban ». Appelant la députée FL à « présenter ses excuses aux musulmans et aux habitants de Saïda », la Jamaa a même incité le président de la Chambre, Nabih Berry, à lever l’immunité parlementaire de Mme Ayoub, en vue de la poursuivre en justice « pour atteinte aux religions ». Une demande que des internautes proches du Hezbollah ont également soulevée sur la plateforme X, appelant les votants de Saïda à ne pas reconduire Mme Ayoub.
Cette colère, la parlementaire a tenté de la calmer dans une mise au point publiée mercredi sur son compte X. Elle y a affirmé que ces propos ont été déformés, précisant que ceux-ci étaient destinés à commémorer le souvenir « des martyrs de l’Église maronite (alors qu’elle est de confession grecque-catholique) », sans plus de précision. « La confrontation se poursuit contre l’injustice et ceux qui hypothèquent le destin des peuples », a ajouté Mme Ayoub, dans une nouvelle pique contre le Hezbollah. Contactée, Ghada Ayoub n’a pas répondu aux appels de L’Orient-Le Jour.
Cherchez la moumanaa ?
Dans ce contexte, notre journal a appris que plusieurs protagonistes sont entrés en contact avec de hautes instances sunnites expliquant que les déclarations de Mme Ayoub concernaient surtout les communautés chrétiennes « qui luttent pour préserver leur présence et leurs droits dans cette région du monde », pour reprendre les termes d’une figure sunnite haut placée qui a requis l’anonymat. Selon celle-ci, « la polémique a été amplifiée au mauvais moment, à l’heure où le pays fait face à un sérieux risque de guerre totale face à Israël ».
Du côté des FL, on assure aussi que les déclarations de Ghada Ayoub ne visaient pas les musulmans, mais ont été sorties de leur contexte par ses adversaires. « Il est évident que l’axe de la moumanaa a monté de toutes pièces la campagne contre Ghada Ayoub, pour cibler les FL et détourner l’attention du conflit en cours avec Israël », dit à L’Orient-Le Jour le porte-parole des FL, Charles Jabbour. Et de rappeler : « Notre formation est en confrontation avec le Hezbollah, et non la communauté chiite, tout comme elle avait combattu l’Organisation de libération de la Palestine durant la guerre civile libanaise, sans pour autant se mettre à dos la communauté sunnite. » La formation de Samir Geagea a également publié jeudi un communiqué prenant fait et cause pour la députée de Jezzine. Estimant que les propos de cette dernière « ont été déformés pour des motifs politiciens », la formation de Samir Geagea souligne que « Ghada Ayoub tient des positions nationales, souverainistes et conformes à la Constitution et au pacte national, pour défendre le Liban et la sécurité de son peuple, notamment les habitants du Liban-Sud ». « La crise existentielle que vit le Liban aujourd’hui est celle de chrétiens et musulmans faisant face à certains de leurs coreligionnaires qui insistent pour mener le pays au bord du gouffre, uniquement pour servir les intérêts stratégiques de l’Iran », poursuivent les FL, affirmant que « la campagne contre Ghada Ayoub ne vise qu’à camoufler cette vérité ».
Les moumana3istes néo-safavides connaissent l'histoire du Liban aussi peu que les sionistes connaissent l'histoire de la Terre Sainte. Les SA... existent depuis une quarantaine d'année (1979: révolution iranienne voire 1982 naissance officieuse du Hezbollah, collaboration avec les SI... dans la guerre contre l'Iraq), les SI... depuis deux quarantaines d'années (1948 tout le monde connaît). Nous la RÉSISTANCE LIBANAISE la SEULE VRAIE nous résistons sur notre terre depuis 1400 ans et nous y resterons.
07 h 23, le 10 août 2024