Quand une maman éplorée qui vient de perdre ses deux enfants s’écrie « fida’ el-sayyed », vous comprenez la dimension idéologique ancrée dans la culture de la communauté chiite du Liban. Mais pas que…
Précisément ce que les Israéliens n’auront jamais. Ce jusqu’au-boutisme, cette conviction de « je n’ai rien à perdre » partagée par ailleurs par les Palestiniens qui ne vivent que souffrances, humiliations et oppression font qu’Israël n’aura jamais un instant de paix, et cela pendant des générations et des générations.
40 000 morts dont 13 000 enfants ? Il en reste 1 950 000, et de cela, chaque enfant épargné est un potentiel « moujahid », chaque adolescent un potentiel « Haniyé ». Ils ont nourri tant de haine que cela ne pourra que se retourner contre eux, indéfiniment.
Mais quand vont-ils comprendre qu’ils se battent – et sur plusieurs fronts ! – contre un ennemi qui ne connaît ni la peur ni la réserve, un ennemi qui est dans son droit, un ennemi immortel telle l’hydre de la légende ?
Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand un peuple engagé dans une guerre sans fond par un tyran sanguinaire pourra-t-il tenir ? Jusqu’à quand zéro économie, zéro tourisme, zéro productivité pourront-ils être leur pain quotidien ? Jusqu’à quand voudront-ils accepter de vivre au rythme des sirènes d’alarme, des courses aux abris et des évacuations massives, aux frontières mais aussi au cœur de leurs grande villes désormais ?
Jusqu’à quand voudront-ils faire l’autruche face à l’amère réalité : leur sécurité est caduque dans cette géographie de proximité où à toutes leurs frontières se dressent des peuples prêts au combat, et de l’intérieur même ? Quand voudront-ils accepter que ni Dôme de fer, ni têtes nucléaires, ni appui de la première puissance ne leur apporte plus désormais tranquillité et sécurité ?
Quand voudront-ils faire face au fait que le temps où leur armée pouvait envahir un pays pour un oui ou pour un non est bel et bien révolu, que même leurs plus grandes villes sont dorénavant une cible de choix de leurs adversaires ?
Que veulent-ils ? Le fameux « que les Philistins périssent avec moi » ? Leur propre annihilation ? Sont-ils prêts à payer le prix exorbitant face à un voisinage hostile, mais aussi un monde qui ne leur accorde plus sa sympathie et son soutien inconditionnel ?
Jusqu’à quand voudront-ils avoir en bouche un goût métallique de sang et de brûlé ?
Quant au monde, lui, jusqu’à quand voudra-t-il fermer les yeux devant cette insoutenable boucherie ?
Combien faudra-t-il de victimes martyrisées pour enfin dire stop ? Pour enfin freiner cette intolérable barbarie ?
Un jour, tôt ou tard, cela devra cesser. À quel prix ? Je ne saurais dire. Mais j’ai l’impression que jamais la paix juste et durable n’a été autant à portée de main. Prenez-moi pour un délirant, mais ce qui doit cesser ne saurait tarder. Parce que la suite est impossible autrement.
La nature – à défaut de croire en Dieu, la raison, la justice ou même l’homme – saura faire les choses.
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Pour ma part je n'arrive pas à dire de gens qui ont perdu leurs familles et leurs biens qu'ils n'avaient rien à perdre même s'ils le disent parce que ce serait supposer qu'ils ne sont pas comme moi ce qui est je crois fondamentalement problématique d'un point de vue moral. C'est vrai des Gazaouis mais aussi de la malheureuse qui a perdu deux enfants dans l'assassinat de Chokr puisque le Hezbollah participe à cette guerre volontairement et sans mandat.
01 h 11, le 08 août 2024