Amoureuse, décontractée, à la plage ou sur une pelouse de football américain, la gymnaste de légende Simone Biles affiche sur les réseaux sociaux un autre visage, celui d’une influenceuse lifestyle « positive » et épanouie aux 9 millions de followers.
Dans ses publications, évacué l’épisode cauchemardesque de Tokyo en 2021 où les « twisties » l’avaient fait vaciller et écartée de la compétition pendant deux ans.
« La gymnastique est quelque chose que je fais, ce n’est pas ce que je suis », affirme-t-elle désormais. Et d’assurer jeudi soir après son or aux JO de Paris son sixième titre olympique au total : « J’essaye toujours de m’amuser. »
C’est justement « l’équilibre qu’elle trouve entre la gymnastique et la vraie vie » qui suscite l’admiration de Stacy Taylor, 51 ans, et sa fille de 15 ans qui suivent toutes les deux l’athlète de 27 ans sur les réseaux sociaux et sont venues l’applaudir jeudi à l’Arena Bercy.
« Elle m’inspire beaucoup de par le temps qu’elle a passé dans le sport, la façon dont elle a dominé pendant si longtemps, et aussi par le fait qu’elle a survécu à des abus sexuels et qu’elle s’en sort », ajoute Stacy Taylor, sans parler de « ses problèmes de santé mentale ». Malgré ça, « elle est toujours aussi étonnante », et ça, « c’est vraiment inspirant ».
Biles entre au Louvre
Dans le podcast américain Call her Daddy en avril, Biles racontait avoir été particulièrement préoccupée par ce que les gens diraient sur Twitter de son retrait abrupt lors des Jeux de Tokyo. « L’Amérique me déteste, le monde entier va me détester, et je vois déjà ce qu’ils sont en train d’écrire sur Twitter, c’était ma première pensée », expliquait-elle dans cet entretien.
Trois ans après le choc de l’épisode japonais, ils sont des millions à la suivre sur les réseaux sociaux, des milliers à aimer son cliché de glace à l’eau sur fond de poster de Paris 2024, ou cette photo d’elle souriante en peignoir blanc au village olympique à Saint-Denis.
Avant la finale jeudi du concours général individuel, elle publie une photo clin d’œil. Une salle monumentale du musée du Louvre, avec, entre trois toiles de maître, une photo d’elle en plein salto dans les airs, encadré d’or, avec ce commentaire: on a « marché à travers l’histoire au Louvre aujourd’hui ».
Sur les réseaux, l’Américaine parle d’elle, de ses virées shopping, de la vie « normale » qu’elle a voulu reprendre après les tumultes de Tokyo et les plaies anciennes qu’ils avaient ravivés.
Le ton y est plus léger que dans certaines interviews passées où elle brisait le tabou de la santé mentale des athlètes ou dénonçait les sévices infligés à plus de deux cents victimes par Larry Nassar, l’ex-médecin de l’équipe américaine condamné à la prison à vie.
Ses chiens Lilo & Rambo
Dans d’autres publications, rémunérées, elle vante tantôt des baumes capillaires, une carte de crédit ou une marque de produits canins, avec en guest-stars ses chiens Lilo et Rambo.
Elle supporte les Astros, l’équipe de baseball de Houston, et affiche son amour pour son mari Jonathan Owens, joueur de football américain (Chicago Bears). Et souvent, écrit des commentaires du style « Je vaux mieux que l’or, je ne suis pas une lâcheuse, je suis une combattante », ce qui déclenche des commentaires dithyrambiques.
« Puisque nous les athlètes nous sommes très suivis sur les réseaux sociaux », les fans « nous écoutent et ils peuvent s’identifier », soulignait dans la presse la championne, « partante » pour les réseaux, « tant que c’est de manière positive ».
La star planétaire n’est toutefois pas à l’abri des critiques. Elle y répond sans mâcher ses mots.
« Ne venez pas me faire chier avec mes cheveux. Ils étaient coiffés, mais il n’y a pas de clim, et il fait 9 000 degrés, sans compter un trajet de 45 minutes », a-t-elle ainsi lancé dans une vidéo prise dans le bus qui l’emmène aux épreuves cette semaine.
Et de conclure : « La prochaine fois que vous voudrez commenter les cheveux d’une personne noire, abstenez-vous. »
Anne-Sophie LABADIE/AFP