La date tant attendue par nombre de fidèles libanais chrétiens, notamment ceux issus du village de Zghorta et du Liban-Nord de manière générale, est arrivée. Vendredi, au siège du patriarcat maronite à Bkerké (Kesrouan), la béatification du patriarche Stéphane Doueihy a été officialisée. Au cours de la messe célébrée par le patriarche maronite Béchara Raï, la béatification du patriarche Doueihy a été proclamée par le cardinal Marcello Semeraro, représentant le pape François, au son des cloches de Bkerké et des acclamations des fidèles et d'un parterre impressionnant de personnalités.
Cette première béatification d'un patriarche maronite avait été approuvée par le pape François le 14 mars dernier, après l’authentification d’un miracle attribué à celui qui n'était alors que « vénérable ». Le Souverain pontife avait convoqué le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, pour lui annoncer sa décision. La date du 2 août avait été retenue pour marquer l’événement.
La cérémonie officielle a donc eu lieu vendredi soir à Bkerké en présence du patriarche maronite Béchara Raï, et de milliers de fidèles qui avaient déjà commencé à se rassembler dans la cour du patriarcat, où des milliers de chaises ont été installées pour accueillir la foule. Cet événement est accueilli avec d’autant plus de ferveur que le pays passe par l’une de ses périodes les plus sombres, avec une succession de crises depuis 2019 culminant aujourd’hui par un conflit à la frontière entre le Hezbollah et Israël. Ce conflit menace de s’étendre après les événements dramatiques et les assassinats de ces derniers jours.
Samedi, une grande messe est prévue à Ehden, village natal du nouveau bienheureux et lieu de villégiature des habitants de Zghorta, un événement qui devrait également attirer les foules.
Un esprit éclairé et ouvert
Le père Boulos Azzi, responsable de l’introduction de la cause des saints dans l'Église maronite, avait remis en 2019 au Vatican le dossier d'un miracle de guérison attribué à l'intercession du patriarche Stéphane Doueihy. Né à Ehden en 1630, Mgr Doueihy a été patriarche de 1670 jusqu'à sa mort en 1704. Considéré comme un « pilier » et une « gloire » de son Église, il a fondé de nombreuses écoles et couvents et était connu comme l’un des historiens religieux les plus prolifiques. Reconnu vénérable en 2008 par le pape Benoît XVI, son corps repose au couvent patriarcal de Qannoubine dans la Vallée sainte, près de l’ermitage de Sainte Marina, l'une des saintes les plus vénérées au Liban.
L’un des legs principaux du patriarche Stéphane Doueihy a été d’organiser l’Église maronite. Avant lui, la communauté maronite et son Église étaient éparpillées et adoptaient plusieurs coutumes et avaient plusieurs références.
Le nouveau bienheureux était par ailleurs un esprit érudit et ouvert, qui croyait dans la mission des maronites dans leur environnement arabe et musulman, notamment une mission de communication cruciale dans la région. Il a lui-même pratiqué cette ouverture envers les autres communautés dans sa vie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire des maronites et le rôle des chrétiens en Orient.
Le bienheureux Doueihy vient s’ajouter à une liste déjà longue de saints, de bienheureux et de vénérables au Liban, notamment : Saint Charbel, Sainte Rafqa et Saint Nehmetallah Hardini.
Les réactions de politiques
Plusieurs hommes politiques ont réagi sur les réseaux sociaux à la béatification du patriarche Doueihy. Le député Michel Moawad, originaire de Zghorta également, a mis en avant son rôle dans la « transformation de la société du Mont-Liban de pauvre et illettrée à prospère et éduquée ». Il a aussi mis l’accent sur « le chantier que le patriarche avait mené au sein même de l’Église maronite », estimant qu'il a été « le père de l’idée du Liban », avec ses constantes de liberté et d’indépendance.
« Un nouveau bienheureux de mon pays », a tweeté pour sa part le député Samy Gemayel, président du parti Kataëb. « La terre de la sainteté offre des saints à la terre entière, par leur intercession nous résisterons », a-t-il ajouté.
Combien d’enfants auraient pu bénéficier de cet argent pour leur scolarité? Père Doueihy doit se retourner dans sa tombe en voyant ce faste inutile alors que des familles chrétiennes peinent à payer le strict nécessaire à leurs enfants à commencer par leur éducation dans les écoles tenues par ces mêmes prêtres qui prétendent manquer de moyen lorsqu’il s’agit de l’utiliser à bon escient.
11 h 01, le 04 août 2024