La journée de samedi sur le front du Liban-Sud, bien que relativement calme, aura malgré tout été meurtrière : deux hommes se trouvant sur la route principale reliant les cazas de Nabatiyé et Marjeyoun, près de Deir Mimas, ont été tués dans une frappe ciblée de drone israélien. 

Selon les informations de notre correspondant dans le Sud Mountasser Abdallah, le drone israélien a frappé vers midi un véhicule qui se trouvait près du lieu-dit « pont de Khardali », au niveau d'une source, et dans lequel se trouvaient les deux victimes : Moussa Sleimane et Nagib Halaoui. 

Le premier était un cadre du mouvement Amal, né en 1964. Selon nos informations, il était membre du conseil municipal de Kfar Kila et précédemment administrateur général du bureau du parti dirigé par le président de la Chambre Nabih Berry dans cette même localité. Il était membre civil d'Amal et non issu des rangs des combattants, alors que le mouvement est impliqué dans les combats transfrontaliers et a perdu une vingtaine de ses hommes dans les bombardements israéliens au cours des neuf derniers mois. 

Lire aussi

Le fournisseur israélien d'électricité va organiser son premier "exercice de guerre"

L'autre victime de la frappe, Nagib Halaoui, n'a été revendiquée par aucune des parties en conflit au Liban-Sud. Selon notre correspondant, il s'agit du fils d'un combattant du Hezbollah tué le 29 octobre 2023, également dans d'une frappe aérienne israélienne, Mohammad Halaoui. Il était lui aussi originaire de Kfar Kila. D'ailleurs, la municipalité de ce village a déploré dans un communiqué le décès des deux hommes, ajoutant qu'ils étaient en route vers le village lorsqu'ils ont été tués. L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), et une source de sécurité citée par l'AFP expliquent pour leur part qu'ils étaient en chemin pour aller chercher de l'eau afin d'abreuver du bétail au moment de la frappe.

Une série de frappes

L'armée israélienne a quant à elle indiqué dans un communiqué que « des soldats ont identifié deux terroristes du Hezbollah s'apprêtant à lancer des projectiles vers le territoire israélien dans la région de Deir Mimas dans le sud du Liban ». « Peu de temps après l'identification, l'armée de l'air a frappé les terroristes », a ajouté le communiqué.

Le Hezbollah a annoncé une frappe de riposte après le tir de drone israélien qui a tué « deux civils » à Khardali. Pour se venger, le parti a lancé « des dizaines de roquettes Katioucha » sur Kiryat Shmona.

Lire aussi

« Une aggravation du conflit n'est dans l'intérêt de personne », affirme le nouveau ministre des AE britannique à Mikati

Depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre, le Hezbollah, allié du Hamas, échange quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l'État hébreu, qui font craindre une guerre à plus grande échelle.

La journée de samedi a d'ailleurs été marquée par une série de frappes israéliennes sur plusieurs villages du Sud. Des avions de chasse ont ainsi visé une zone située entre les localités de Markaba, Rab el-Talatine et Aïta el-Chaab. Cette dernière localité a également été touchée par un tir de drone dans la soirée, tandis que des tirs d'artillerie ont été lancés sur la périphérie de Hanine et Tiri et l'ouest de Houla.

Un drone israélien a tiré trois projectiles sur une voiture située entre Arnoun et Kfar Tebnit, dans le caza de Nabatiyé, rapporte une source sécuritaire. Le véhicule a été détruit dans la frappe et un blessé, extrait de la voiture, été hospitalisé. Ce tir est survenu juste après les funérailles, à Kfar Tebnit, d'un combattant du Hezbollah tué hier dans une frappe sur Taybé.

Une source du Comité sanitaire islamique, une association de secouristes affiliée au Hezbollah, a en outre rapporté qu'une équipe qui se trouvait à Aïta el-Chaab pour éteindre un incendie qui s'était déclaré dans le secteur après des tirs avait été prise pour cible par des obus d'artillerie. Cette frappe n'a pas fait de blessé.

Nouveau type de missile

Le Hezbollah a de son côté revendiqué une succession de frappes sur des positions israéliennes, notamment sur des bâtiments militaires sur les sites de Matat, Ramiya, Beit Hillel, Maayan, Roueissat el-Alam et dans le village de Margaliot. Le parti chiite a également annoncé avoir frappé Metoulla avec un « missile Jihad », un nouveau type de projectile qui n'avait pas encore été utilisé depuis le 8 octobre, selon notre correspondant. Nommé d'après Jihad Moughniyé, fils du commandant Jihad Moughniyé, assassiné en 2015, il s'agit d'un missile sol-sol de calibre lourd. 

Selon notre décompte, les violences à la frontière libano-israélienne ont fait au moins 492 morts au Liban, parmi lesquels 77 civils et 371 membres du Hezbollah. Du côté israélien, au moins 29 personnes, dont 13 civils, ont été tuées, selon les autorités citées par l'AFP.