Moins d'une semaine après le feu vert du Conseil national de l'audiovisuel (CNA), le projet de lancement d'une nouvelle chaîne télévisée au Liban est tombé à l'eau. Le retrait du porteur du projet, l'homme d'affaires émirati Khalaf al-Habtoor, a été officialisé ce mardi dans un communiqué du groupe « al-Habtoor », qui pointe du doigt des « défis sécuritaires auxquels le projet a été confronté ».
« C'est avec un grand regret que nous annulons nos plans pour lancer une nouvelle chaîne de télévision au Liban, qui devait diffuser des programmes culturels, sociaux et sportifs visant à répandre la positivité et l'espoir parmi les peuples », souligne le texte. L'homme d'affaires a dénoncé « des campagnes systématiques de diffamation » et des « menaces » proférées à son encontre et celle de ses futurs associés. Par conséquent, ce dernier a déposé plusieurs plaintes pénales et civiles au Liban et à l'étranger. « Cette décision est le résultat des défis sécuritaires auxquels le projet a été confronté, y compris des menaces physiques, ce qui rend sa poursuite au Liban impossible. »
« Menaces » et « manque de stabilité »
Le fondateur et président du conseil d'administration du groupe a également mentionné « l'absence de la stabilité sécuritaire (au Liban) nécessaire à tout investissement ». Il a également affirmé qu'il planchait déjà sur « une alternative » qui pourrait l'amener à ouvrir cette chaîne dans un autre pays de la région. « Le groupe étudie des options pour lancer la chaîne depuis d'autres pays offrant un environnement plus stable, sûr et favorable à ce type d'initiatives », a-t-il affirmé en remerciant « tous ceux qui ont cherché à soutenir la réalisation du projet, en premier lieu le ministre libanais sortant de l'Information, Ziad Makari. »
Ce dernier avait répondu la semaine dernière aux inquiétudes émises par Khalaf al-Habtoor sur X qui s'interrogeait sur la lenteur de la procédure d'attribution de la licence à sa future chaîne et émettait déjà la possibilité de « se retirer de l'investissement ». « Nous nous engageons à tenir notre promesse de vous accorder les licences requises », avait assuré le ministre sortant de l'Information, se référant à une correspondance du Grand Sérail datée du 15 mai et affirmant son intention d'évoquer la question en Conseil des ministres.
Selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), le président du CNA, Abdel Hadi Mahfouz, venait pourtant d'envoyer un courrier au Conseil des ministres, à la demande de celui-ci, dans lequel il se déclarait « favorable » à l'octroi d'une licence par le gouvernement sortant de Nagib Mikati sur la base de la loi 531/96 sur la diffusion satellitaire.
L'initiative de Khalaf al-Habtoor avait été rendue public en avril dernier. Il promettait notamment que le lancement de cette nouvelle chaîne, qui devait être basée à Beyrouth, avait « le potentiel de créer environ 300 emplois dans un premier temps, avec des perspectives d'emplois supplémentaires au fur et à mesure de l'expansion de l'entreprise » afin de renforcer « l'attrait du pays en tant que plaque tournante pour les cinéastes internationaux au Liban ».
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14 h 08, le 12 juin 2024