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Un fonds américano-émirati abandonne son rachat polémique du Telegraph

Un numéro du Telegraph en vente dans un supermarché de Londres, le 20 janvier 2024. REUTERS/Belinda Jiao/File Photo

Le fonds américano-émirati Redbird IMI a abandonné son projet d'acquérir l'influent quotidien conservateur britannique The Telegraph, battant en retraite après la polémique suscitée par les éventuels dangers posés par l'opération pour la liberté d'expression.

"RedBird IMI a confirmé [mardi] son intention de se retirer de son projet d'acquisition du Telegraph Media Group et de procéder à la vente" d'une option d'achat dont il dispose sur l'entreprise, selon une déclaration du fonds transmise à l'AFP.

Propriété depuis 2004 de la famille Barclay, The Telegraph avait été mis en vente en octobre dernier par la banque britannique Lloyds, pour éponger de lourdes dettes d'environ 1,2 milliard de livres (1,4 milliard d'euros).

Mais une coentreprise entre le fonds américain Redbird et le fonds d'investissement dans les médias d'Abou Dhabi (IMI), baptisée Redbird IMI, a passé fin 2023 un accord avec la famille Barclay pour rembourser sa dette, ce qui est chose faite depuis décembre dernier.

En échange, l'entité, dirigée par Jeff Zucker, l'ex-patron de la chaine américaine CNN, comptait prendre le contrôle de l'entreprise en utilisant une option pour convertir une partie du prêt en actions du groupe de médias, tout en assurant que le fonds émirati serait un "investisseur passif".

Cette offre aurait permis au quotidien de "bénéficier des protections éditoriales les plus solides jamais proposées pour un journal britannique, ainsi que d'investissements indispensables", a fait valoir Redbird IMI mardi. "Malheureusement, il est clair que cette approche n’est plus réalisable."

Le Telegraph et le Spectator pourraient être vendus séparément ou ensemble. Plusieurs acheteurs potentiels ont déjà exprimé de manière informelle leur intérêt, comme Jonathan Harmsworth, propriétaire du tabloïd de droite Daily Mail, ou Paul Marshall, copropriétaire de la chaîne conservatrice britannique GB News, selon The Telegraph.

En attendant, le groupe de presse continuera d'être supervisé par les administrateurs indépendants initialement nommés par Lloyds l'été dernier, tandis que les restrictions légales empêchant la famille Barclay d'exercer le contrôle sur l'entreprise devraient continuer de s'appliquer.

La vente du groupe The Telegraph, qui détient également l'hebdomadaire Spectator, suscite depuis des mois des inquiétudes au sein de la majorité conservatrice au pouvoir, mais aussi des défenseurs de la liberté de la presse.

"Tout au long de ce processus, j'ai fait part de mes inquiétudes quant à l'impact potentiel de cet accord sur la liberté d'expression et la présentation fidèle de l'actualité", a réagi mardi la ministre de la Culture Lucy Frazer, dans une déclaration transmise à l'AFP, disant "autoriser les parties à procéder à une transition ordonnée" à la tête du journal.

En janvier, le gouvernement avait demandé à l'autorité britannique de la concurrence, la CMA, et au régulateur des médias, l'Ofcom, d'évaluer cette opération, avant d'annoncer en mars en enquête approfondie.

Interférences

L'exécutif avait aussi annoncé en mars son intention de légiférer pour empêcher de façon générale la prise de contrôle de journaux britanniques par des États étrangers, un élément clé dans la décision du fonds américano-émirati d'abandonner l'opération.

"La liberté de la presse est la pierre angulaire de notre démocratie et nous ne pouvons pas la tenir pour acquise. C'est pourquoi j'ai utilisé mes pouvoirs en tant que ministre de la Culture pour enquêter sur cet accord", a fait valoir mardi Lucy Frazer.

Mais "même si nous limitons, à juste titre, les possibilités d'interférer avec notre démocratie, comme le font de nombreux autres États, en matière d'investissements étrangers de manière plus générale, nous restons ouverts aux affaires", a-t-elle assuré un peu plus tard devant le Parlement britannique.

Pourtant, Londres a récemment dit vouloir renforcer son arsenal d'outils pour lutter contre les risques économiques liés à la mondialisation, en particulier pour des universités britanniques cible d'"États hostiles" ou pour contrôler les exportations de technologies émergentes ou stratégiques.

L’exécutif a déjà utilisé la loi sur la Sécurité nationale et l'investissement (NSI) pour bloquer plusieurs tentatives d'entités chinoises d'acquérir des fabricants britanniques de semi-conducteurs.

Et en janvier, Londres a estimé que la participation d'Emirates Telecommunications Group (e&) dans le groupe britannique de téléphonie Vodafone, dont il est devenu le premier actionnaire en 2022, présente un "risque pour la sécurité nationale", justifiant une supervision de l'opérateur sur les dossiers "sensibles".


Le fonds américano-émirati Redbird IMI a abandonné son projet d'acquérir l'influent quotidien conservateur britannique The Telegraph, battant en retraite après la polémique suscitée par les éventuels dangers posés par l'opération pour la liberté d'expression.

"RedBird IMI a confirmé [mardi] son intention de se retirer de son projet...