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Idées - Guerre de Gaza

Quelle faute ma fille de 12 mois a-t-elle commise pour mériter cela ?

Quelle faute ma fille de 12 mois a-t-elle commise pour mériter cela ?

La maison des Alyacoubi, avant le bombardement israélien. Photo : Noor Alyacoubi

Sommes-nous seulement considérés comme des êtres humains ? J’en doute. Imaginons que ce à quoi nous, Palestiniens, sommes confrontés aujourd’hui soit arrivé à n’importe quel pays du monde : tous les gouvernements de la planète s’insurgeraient au nom de la défense des droits de l’homme et de la paix. Mais lorsqu’il s’agit de la Palestine, tout le monde devient aveugle car ils craignent pour leurs intérêts et leurs positions, ou ils ont simplement peur d’Israël.

Depuis près de six mois, nous endurons à Gaza toutes sortes de souffrances : bombardements arbitraires, déplacements, famine, malnutrition, perte d’amis et de parents, etc. Apparemment, l’objectif d’Israël dans ce génocide ne se limite pas à se venger du Hamas. Il cherche à nettoyer ethniquement la ville et ses citoyens sous le couvert de l’opération du Hamas du 7 octobre.

Bien qu’elle soit assiégée depuis plus de 15 ans, la bande de Gaza était autrefois implacable, puissante et invincible. Ses habitants sont connus pour leur génie et leur énergie. Au milieu des ténèbres, ils trouvent toujours un moyen d’espérer. Ses rues sont surpeuplées de gens et de voitures, et ses bâtiments sont hauts et adjacents les uns aux autres. Nous, les habitants de Gaza, aimons profondément la ville malgré toutes les circonstances difficiles que nous rencontrons, et nous rêvons toujours de la voir s’embellir et se développer. C’est pourquoi Gaza est aujourd’hui si différente de ce qu’elle était avant octobre 2023. Elle est vide et sombre. Il n’y a ni magasins ni marchés. La majorité de ses tours et de ses bâtiments ont été rasés et réduits en cendre. Elle n’a plus d’établissements d’enseignement ni d’hôpitaux. On peut tout simplement dire qu’elle est impropre à la vie humaine.

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Mon mari et moi avons même dû quitter notre maison suite au bombardement de l’immeuble de quatre étages de nos voisins, situé à seulement cinq mètres de là. Cette maison, dont nous avons décoré chaque pièce avec amour, occupe une place essentielle dans mon cœur. C’était notre zone de confort et l’endroit où nous échappions au désordre de la vie, et où nous jouissions de la paix et du calme après nos épuisantes journées de travail. Mais aujourd’hui, elle a l’air tellement différente, comme si ce n’était pas ma propre maison. Ses murs sont gris, ses fenêtres sont ouvertes sur les voisins et l’architecture est soit endommagée, soit brûlée. Elle ne me procure plus un sentiment de paix et de chaleur ; au contraire, elle me donne une sensation de froid, de peur et d’insécurité.

Convaincus qu’il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, nous avons préféré rester dans la ville de Gaza et ne pas fuir vers le Sud. Pourtant, nous avons payé un lourd tribut et nous continuons à le faire. Nous avons passé des jours et des jours avec un seul repas par jour en raison de la pénurie de nourriture et des restrictions imposées par Israël à l’entrée des aides dans le nord de Gaza, et nous avons également passé des jours sans même une miche de pain. Depuis plus de cinq mois, nous sommes privés de toutes sortes de fruits et légumes, de poulets et de viandes, et même d’œufs. Personnellement, je peux m’en accommoder, mais quelle faute ma fille de 12 mois a-t-elle commise pour mériter cela, comme des milliers d’enfants à Gaza ?

La maison des Alyacoubi, après le bombardement israélien. Photo : Noor Alyacoubi

De leur côté, mes parents, ainsi que mon jeune frère Adbelrahman et mon frère aîné Mohammad et sa famille de 4 personnes ont été obligés de se diriger vers le Sud en novembre dernier. Il n’a pas été facile pour eux de décider de fuir avant de se rendre compte que l’armée israélienne s’approchait du quartier. Ils pensaient que ce ne serait que pour une courte période et qu’ils reviendraient dans leur maison. Ils ne savaient pas que cette guerre génocidaire allait durer plusieurs mois et leur faire perdre leur maison et leur travail.

Comme notre souffrance ne s’arrête pas là, nos cœurs sont extrêmement attristés par la nouvelle que la maison de ma famille élargie et celle de mon père ont été endommagées au cours de la dernière opération génocidaire de deux semaines à l’hôpital al-Chifa. Toutes les années que mon père et mes oncles ont passées à construire leurs maisons et à en faire des abris sûrs pour leurs fils et leurs filles se sont évanouies. Les souvenirs, les photos, les bons moments ont tous disparu.

Mon cœur est profondément triste et en colère. Je suis triste de la perte de mon père en particulier, dont je ne me souviens pas qu’il n’ait jamais pris un jour de congé. Il a consacré toute son énergie et tout son âge pour nous, pour nous offrir un bon logement et pour nous aider à vivre dans une bonne situation financière. Pourtant, il s’est retrouvé dans une tente au sud de la bande de Gaza, laissant tout derrière lui à l’inconnu, comme des milliers de personnes.

Il semble que les habitants de Gaza soient destinés à vivre dans la misère et la déception pour toujours. Personnellement, je suis sur le point de perdre l’espoir que cette guerre ne se termine jamais. Cela fait bientôt six mois ; une demi-année de notre vie a été perdue en vain. C’est pourquoi mon frère Saïd, qui a quitté Gaza il y a sept ans pour travailler comme médecin au Royaume-Uni, a lancé une campagne de financement participatif pour nous permettre de partir, avec le seul système efficace pour évacuer la bande : payer les autorités égyptiennes pour qu’elles nous laissent sortir...

Par Noor ALYACOUBI

Traductrice

Sommes-nous seulement considérés comme des êtres humains ? J’en doute. Imaginons que ce à quoi nous, Palestiniens, sommes confrontés aujourd’hui soit arrivé à n’importe quel pays du monde : tous les gouvernements de la planète s’insurgeraient au nom de la défense des droits de l’homme et de la paix. Mais lorsqu’il s’agit de la Palestine, tout le monde devient aveugle...

commentaires (2)

....et le Liban?! genocidé par Israël, voisin depuis 1948.(Under the Kissinger plan).

Marie Claude

08 h 48, le 08 avril 2024

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Commentaires (2)

  • ....et le Liban?! genocidé par Israël, voisin depuis 1948.(Under the Kissinger plan).

    Marie Claude

    08 h 48, le 08 avril 2024

  • AUX YEUX DES GENOCIDAIRES SIONISTES... C,EST D,ETRE NEE PALESTINIENNE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 49, le 07 avril 2024

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