Attentat-suicide de Jabal Mohsen : peine de mort contre cinq terroristes

La Cour de justice a rendu le 26 mars son verdict dans l’affaire du double attentat-suicide perpétré le 10 janvier 2015 dans un café du quartier alaouite de Jabal Mohsen, à Tripoli, qui avait coûté la vie à neuf personnes et blessé une quarantaine d’autres.

La haute juridiction, présidée par le juge Souheil Abboud, premier président de la Cour de cassation, et composée des juges Afif Hakim, Jamal Hajjar, Jean-Marc Oueiss et Maya Majed, a condamné à mort cinq membres de l'ex-Front al-Nosra (branche d'el-Qaëda en Syrie), qui avait revendiqué le double-attentat suicide, commis pour « se venger les sunnites de Syrie et du Liban », suite aux attentats à la voiture piégée perpétrés en 2013 contre deux mosquées sunnites à Tripoli, al-Taqwa et al-Salam.

Les condamnés à mort sont Kassem Taljé, Jamal Zeiniyé (Abou Malek el Tallé), Chadi Maoulaoui, Khodr el-Omr, et Mohammad Salloum, Le premier est en détention, tandis que les quatre autres sont en cavale. Leur condamnation est basée notamment sur des articles du Code pénal prévoyant la peine de mort pour terrorisme et homicides intentionnels prémédités. Selon l’enquête, une cellule terroriste avait été créée à Tripoli, sous le commandement de Chadi Maoulaoui. Ses membres recevaient leurs ordres d’Abou Malek el-Tallé, dirigeant du groupe al-Nosra en Syrie. Cette organisation avait mené des attaques contre l’armée à Tripoli, et pris part à des affrontements entre Bab el-Tebbané (sunnite) et Jabal Mohsen (alaouite), à Tripoli, en 2011 et 2012.

La cavale de Chadi Maoulaoui avait fait couler beaucoup d'encre à l'époque. Arrêté en mars 2012 après de violents combats opposant partisans et opposants au régime syrien de Bachar el-Assad à Tripoli, il avait ensuite été libéré sous caution. Après l'attentat de Jabal Mohsen, il avait pris la fuite et les théories abondaient sur sa localisation. Maoulaoui s'était notamment rendu dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, où l'armée et les forces de sécurité libanaises ne peuvent pas rentrer, avant que sa trace ne soit perdue. À l'époque, le ministère de l'Intérieur avait affirmé qu'il avait rejoint dans le jurd d'Ersal le front al-Nosra qui y était déployé jusqu'en 2018, tandis que les milieux de l'armée assuraient qu'il était resté dans le camp. 

Sept autres individus affiliés à l’organisation jihadiste ont par ailleurs été condamnés par la Cour de justice à des peines allant de 2 à 10 ans de prison, notamment pour mise à feu de bâtiments. Seuls quatre d’entre eux sont sous les verrous.

Le double attentat à la voiture piégée contre les mosquées de Tripoli, le 23 août 2013, avait fait plus de quarante morts et 500 blessés. Les deux mosquées sunnites d'al-Taqwa et al-Salam avaient été visées à quelques minutes d'intervalle lors de la prière du vendredi. Cet attentat, perpétré deux ans après le début de la guerre civile en Syrie, avait fait craindre un embrasement confessionnel au Liban entre pro et anti-Assad. En novembre 2019, huit personnes impliquées dans le double attentat avaient été condamnées à mort par la Cour de justice, un tribunal d'exception statuant sur des affaires touchant à la sécurité de l'Etat et dont les verdicts sont sans appel.