Même si de nombreuses parties internes lui reprochent d’avoir un « surplus de force », au point d’ignorer leurs demandes et de ne pas tenir compte de leurs souhaits, le Hezbollah se débat en réalité dans des problèmes graves. Au point que, selon des membres de la génération des fondateurs du mouvement, c’est la période la plus délicate en plus de 40 ans d’existence.
En effet, certains cadres du Hezbollah reconnaissent dans des rencontres privées que la formation traverse une période inédite, puisqu’elle est engagée dans une confrontation, même limitée, avec Israël tout en ayant à faire face à de nombreux problèmes internes. C’est vrai que le Hezbollah a une longue histoire de confrontation avec les Israéliens, pratiquement à partir de 1983 et même après la libération de 2000 et la guerre de 2006, sans qu’il n’y ait jamais eu au Liban un appui unanime à sa « résistance », mais ses responsabilités n’étaient pas aussi grandes. Surtout que le pays traverse une grave crise économique, sociale, politique, voire confessionnelle. En 2000, en effet, il avait en sa faveur un président de la République, Émile Lahoud, qui le soutenait, et encore peu de responsabilités sur le plan interne puisqu’il ne participait pas encore aux gouvernements de l’époque, qu’il n’a commencé à intégrer qu’à partir de 2005, après la sortie de la Syrie. En 2006, il a mené une guerre contre Israël alors que le Liban était divisé à ce sujet, même au sein du gouvernement, mais la situation économique du pays n’était pas aussi désastreuse et il bénéficiait alors de l’appui d’une large base chrétienne représentée par le bloc parlementaire de Michel Aoun.
Aujourd’hui, la situation est totalement différente. Le Hezbollah se retrouve coincé entre ses engagements régionaux et le fait qu’il se considère comme un des piliers de « l’axe de la résistance », et le climat interne libanais qui n’est pas vraiment favorable au déclenchement d’une guerre contre les Israéliens.
Le Hezbollah a cru avoir trouvé la formule en ouvrant à partir du 8 octobre « un front de soutien à Gaza », destiné à concrétiser le fameux principe de « l’unité des fronts », et en même temps à maintenir le conflit dans des limites contrôlables. Toutefois, cette formule s’avère coûteuse pour le Hezbollah qui compte un nombre très élevé de « martyrs » dans une bataille limitée géographiquement et au niveau des armes utilisées. Ce qui crée un certain malaise au sein de sa base puisque de nombreux partisans réclament l’élargissement de la guerre, car ils croient qu’en étant plus violente, celle-ci pourrait au moins être plus courte.
Justement, dans son dernier discours prononcé à l’occasion du début du mois de jeûne, Hassan Nasrallah a annoncé que la guerre de Gaza, et par conséquent sur le front libanais, s’annonce longue. Il ne faudrait donc pas s’attendre à une solution rapide et les opérations ainsi que les attaques israéliennes sont appelées à se poursuivre, avec leur lot de tués, de destruction et d’exode forcé de la population. Sur ce dernier point, le Hezbollah estime faire de son mieux pour aider la population des localités frontalières. Dès qu’un immeuble est atteint, des équipes viennent inspecter les lieux et proposent soit de réparer les dégâts, soit de reloger les habitants dans des localités du Sud, pour éviter que la région ne se vide et pour qu’il y ait un minimum de vie économique malgré la guerre. Le Hezbollah se dit contraint d’agir seul, car l’État libanais est totalement absent de la zone de confrontation. Il n’a d’ailleurs pas les moyens d’aider les citoyens, sachant qu’en 2006, plusieurs États arabes avaient participé à la reconstruction après la guerre qui, elle, n’avait duré que 33 jours. Toutefois, si certains lui demandent d’élargir le champ de la bataille, beaucoup d’autres refusent ce scénario et poussent vers le maintien de la confrontation dans ses limites actuelles, malgré son coût élevé. Le Hezbollah est aussi obligé d’écouter ces voix pour ne pas créer une division au sein de sa base. Toujours dans le Sud, il doit aussi faire face à une volonté grandissante au sein des camps palestiniens et des différentes organisations palestiniennes et libanaises de participer au front de soutien à partir du Liban. Le Hezbollah comprend cette attitude et essaye de la gérer au mieux, en laissant de temps en temps les différents groupes lancer des attaques à partir du Liban. Mais sans le déclarer ouvertement, il veut que tout reste sous son contrôle, pour justement éviter d’éventuelles opérations mal calculées. Si ce souci de contrôler les opérations menées à partir du Sud lui permet de se présenter comme le garant de la situation sur le front, cette responsabilité n’est pas facile à assumer.
Face à cette équation complexe, le Hezbollah doit aussi faire face à une sorte de coalition libanaise contre lui. Certes, les sunnites et même les druzes ne sont pas hostiles à l’ouverture du « front de soutien », mais la plupart des parties chrétiennes le sont. Ces parties, qui ne s’entendent pas sur la plupart des dossiers, ont trouvé actuellement un point d’accord dans le refus de l’ouverture du front de soutien pour ne pas entraîner le Liban dans une confrontation plus large. Certes, le Hezbollah peut compter sur le président du Conseil, Nagib Mikati, et sur le président de la Chambre, Nabih Berry, mais il n’arrive plus à faire « des percées positives » au sein des parties chrétiennes, qui bénéficient aussi de la couverture de Bkerké. Sans être isolé sur la scène interne, il est dérangé par la position chrétienne. Rien n’indique qu’elle pourrait changer. Au contraire, elle s’étend au dossier présidentiel, et en dépit de « sa force », le Hezbollah se retrouve les mains liées.
commentaires (11)
Hezbollah et Nasrallah sont personellement responsables de chaque mort au Liban et de toutes les destructions qui ont lieux LE LIBAN EST LE SEUL PAYS ARABE (excepte les rebelles du Yemen) qui soutient militairement le Hammas ( en disant soutenir les Palestiniens) DEMAIN ON ENTENDRA A NOUVEAU LE FAMEUX " SI J'AVAIS SU " Dieu epargne au Liban sa destruction par Israel si Nasrallah continue dans cette idee de frapper Israel pour soutenir Hammas MAUDIT SOIT LE JOUR OU NOUS SOMMES ARRIVE A CE POINT N'EST CE PAS PRESIDENT MICHEL AOUN ET MR GEBRAN BASSIL?
LA VERITE
03 h 37, le 21 mars 2024