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Moyen-Orient - Proche-Orient

A Jérusalem-Est, une prière du vendredi "calme et triste", sous haute surveillance

Selon l'autorité gérant les lieux de cultes musulmans dans la ville sainte, environ 80.000 fidèles ont prié « calmement et pacifiquement » sur l'esplanade contre environ 150.000 lors de la première grande prière du ramadan 2023.

Des fidèles musulmans priant sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, le 15 mars 2024. Photo AFP / AHMAD GHARABLI

Des dizaines de milliers de fidèles musulmans ont afflué dans le calme vendredi vers l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, pour la première grande prière hebdomadaire depuis le début de ramadan, dans un climat alourdi par une forte présence policière et la guerre à Gaza.

« Quelle tristesse ». Le mot revient comme un leitmotiv chez les rares personnes acceptant de parler avant le début de la prière. Personnes âgées appuyées sur leurs cannes, femmes voilées se tenant par la main, couples et enfants apprêtés... Depuis la porte des Lions ou la porte de Damas, un flot ininterrompu de fidèles a pénétré dans la Vieille Ville pour converger vers l'esplanade, où se situe la mosquée al-Aqsa.

Troisième lieu saint de l'islam, l'esplanade des Mosquées est bâtie sur ce que les juifs appellent le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme, et cristallise toutes les tensions.

Des milliers de policiers israéliens ont été déployés aux entrées de la Vieille Ville par crainte de débordements alors que la guerre fait rage à Gaza depuis plus de cinq mois.

Témoignages

À Jérusalem, le ramadan n'apportera pas le calme espéré

« Il y a tellement de policiers », soupire Ezzat Khouis, un ancien guide touristique de 75 ans, venu du mont des Oliviers, en face de l'esplanade située dans la partie orientale annexée et occupée par Israël.

« Où que vous alliez, vous tombez sur eux. Ils nous rendent la vie difficile », dit-il en franchissant la porte des Lions sous les yeux de policiers armés.

« Peur »
Quelques jeunes hommes sont fouillés, d'autres refoulés sans ménagement, sous les regards sombres des commerçants de rue. Les visages sont fermés, mais la situation ne dégénère pas.

Tapis de prière sur l'épaule, Amjad Ghalib, un menuisier de 44 ans habitant lui aussi sur le mont des Oliviers, est soulagé d'être passé. « On ne sait jamais qui ils vont laisser entrer, qui ils vont refuser, c'est complètement aléatoire », déplore-t-il.

« Nous avons peur », confie M. Ghalib. « C'est la première fois que je vois tant de forces de police, et ces yeux, ces regards... Il y a encore deux ans, je pouvais me disputer avec eux. Maintenant, ils ne nous laissent plus la moindre chance de respirer », dit-il.

« Dès le 7 octobre, nous avons su que des jours très durs étaient devant nous », souffle un homme à ses côtés, sans vouloir donner son nom. Ce jour-là, le Hamas a lancé une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, faisant au moins 1.160 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'opération militaire israélienne lancée en représailles a fait jusqu'ici près de 31.500 morts dans la bande de Gaza, d'après le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

Restrictions d'accès

La guerre à Gaza a aussi des répercussions sur les Palestiniens de Cisjordanie occupée, où la situation déjà tendue ne cesse de se dégrader. Pour des « raisons de sécurité », Israël leur a imposé des restrictions. L'accès à la mosquée al-Aqsa a été interdite durant le ramadan aux hommes de moins de 55 ans, aux femmes de moins de 50 ans et aux enfants de plus de 10 ans.

« C'est si triste. Quand je vois les soldats refouler des jeunes gens, ça me fait tellement mal », dit Fida Absiya, installée près de l'entrée où elle récolte des fonds pour les orphelins et les démunis.

Au barrage de Qalandiya, entre Ramallah et Jérusalem, Oumm Al-Abed a été bloquée. « Je n'ai jamais raté la prière du vendredi à al-Aqsa », raconte la quinquagénaire à l'AFPTV. « Aujourd'hui, ils ne m'ont pas laissé rentrer. Je suis triste. Je vais être triste toute la journée ».

Itmath Bassam, une autre femme, pourtant âgée de 53 ans, n'a pas non plus été autorisée à passer. « Ils m'ont réclamé un permis et une carte d'identité magnétique. Pourquoi font-ils ça ? Al-Aqsa n'est pas à eux, ils doivent nous laisser passer ! »

« Je ne comprends pas pourquoi ils font ça », martèle Ezzat Khouis, le guide retraité. « Ce n'est pas bon pour nous, ce n'est pas bon pour la paix », lâche-t-il.

Les autorités israéliennes ont répété ces derniers jours leur volonté de « respecter la liberté de culte » mais ont mis en avant des nécessités sécuritaires.

« La grande majorité des fidèles vient pour prier. Mais ce n'est pas un secret que les organisations terroristes extrémistes (palestiniennes) comme le Hamas et le Jihad islamique tentent d'enflammer la région », a déclaré cette semaine Tal Heinrich, porte-parole du bureau du Premier ministre.


Des dizaines de milliers de fidèles musulmans ont afflué dans le calme vendredi vers l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, pour la première grande prière hebdomadaire depuis le début de ramadan, dans un climat alourdi par une forte présence policière et la guerre à Gaza.« Quelle tristesse ». Le mot revient comme un leitmotiv chez les rares personnes...

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Et que feront ils pour la semaine sainte chrétienne ?

Eleni Caridopoulou

17 h 42, le 15 mars 2024

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Commentaires (1)

  • Et que feront ils pour la semaine sainte chrétienne ?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 42, le 15 mars 2024

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