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Politique - Conflit

La région de Baalbeck ciblée par plusieurs frappes israéliennes en moins de 24h

Le Hezbollah a annoncé en milieu de matinée avoir tiré à 7h du matin plus de 100 missiles Katioucha sur le nord d'Israël en réponse au raid dans la Békaa de la nuit dernière. 

La région de Baalbeck ciblée par plusieurs frappes israéliennes en moins de 24h

Le bâtiment détruit à Ansar, le 12 mars 2024. Photo Matthieu Karam/L'Orient-Le Jour

Alors que les échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël étaient majoritairement contenus au Liban-Sud depuis le début des hostilités entre les deux parties le 8 octobre dernier, au lendemain du déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, la région de la Békaa, qui n’avait jusqu’à présent été ciblée qu’une fois fin février dernier provoquant alors un tollé dans la région et au-delà en raison du risque de grande escalade à sa suite, a été visée par quatre frappes aériennes au cours des dernières 24 heures et, peut-être, d'une cinquième manquée

L’aviation israélienne a ainsi doublement frappé la région de Baalbeck lundi soir, faisant un mort et plusieurs blessés civils, avant de remettre le couvert mardi en tout début d’après-midi. Entre ces deux temps, le parti chiite a annoncé en cours de matinée mardi avoir tiré à l’aube plus de 100 missiles Katioucha sur le « quartier général israélien du commandement de la défense aérienne et antimissile dans la caserne de Kila, la base de missiles et d'artillerie de Yoav et les lanceurs d'artillerie situés à proximité » en réponse au raid nocturne de la veille.

Coïncidence troublante : lundi en milieu d’après-midi, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, avait justement évoqué Baalbeck dans un message sur le réseau social X apostrophant l’acteur libanais Ali Etihad, originaire de la région, qui s’était adressé au gouvernement israélien sur les réseaux sociaux avertissant que « frapper Baalbeck » reviendrait à passer à une étape supérieure dans la guerre. « Baalbeck n'est pas plus importante que Kiryat Shmona, Metulla et toutes les zones frontalières du nord (d’Israël). L'agresseur iranien, représenté par le Hezbollah et stationné à Baalbeck, est le seul responsable », a notamment écrit le porte-parole israélien. 

Frappes 1 et 2

Mois de 12h heures plus tard, un premier raid aérien israélien a visé un entrepôt de bois entre les villages de Chmestar et Taraya (Baalbek-Hermel) et un second a visé un bâtiment de deux étages à Ansar, à l'est de Baalbeck. Cette deuxième attaque a fait au moins six blessés et un mort, Moustafa Gharib, joueur de football du club local « Shabab Baalbeck ». Il se trouvait sur le toit de la maison qui appartient à la famille Alam avec deux personnes lorsque la frappe a eu lieu.

Sur place, nos journalistes Matthieu Karam et Emmanuel Haddad ont attesté des dégâts causés par ce raid nocturne. Le toit du bâtiment s'est effondré la nuit dernière, tandis que Moustafa Gharib s’y trouvait avec Mahmoud Alam, le fils du directeur de l’hôpital Dar el-Salam, également directeur du club Shabab Baalbeck. Sous les décombres gisent désormais parpaings éclatés, galons d'huile d'olive, lits d'hôpital et carcasses de voitures. Des membres du Hezbollah ont sécurisé le lieu de la frappe d'un ruban jaune.

Le bâtiment détruit à Ansar, le 12 mars 2024. Photo Matthieu Karam/L'Orient-Le Jour

« Ce bâtiment accueillait une usine d'huile d'olive, des bureaux du ministère de l'Industrie et un entrepôt de l'hôpital Dar el-Amal », précise une source du Hezbollah qui accompagne nos journalistes sur place. De l'huile dégouline des fenêtres éclatées au rez-de-chaussée. Au deuxième étage, les canapés éventrés. Sur le toit, Mahmoud Alam avait installé une table et des chaises : les joueurs de l’équipe de football s’y retrouvaient souvent pour passer des soirées ensemble. A cent mètres, la maison de Mahmoud a été soufflée. La frappe a fait un mort et sept blessés, ayant tous été transportés à l’hôpital Dar el-Salam.

Au deuxième étage de l'hôpital, Abdel el-Majid, un Syrien originaire de Homs, repose sur un lit, le bras bandé. La veille, il était chez lui quand l'usine d'huile d'olive a été frappée à cinquante mètres de chez lui. « J'ai entendu un bruit terrible, et soudain j'ai vu mon bras en sang. Je suis sorti de chez moi et là j'ai vu une scène d'horreur. La frappe était tellement puissante que des morceaux de la maison de Mahmoud, de l'autre côté de la route, avaient atterri chez moi », raconte-t-il. Parmi les blessés, tous ont été soignés et sont rentrés chez eux. Seul Abdel el-Majid est encore hospitalisé avec son frère. « Il a perdu un œil, mais ne le sait pas encore », dit à son propos une employée de l'hôpital.

Selon le porte-parole de l'armée israélienne, la frappe a visé un centre utilisé par le Hezbollah pour mener des frappes aériennes. « Tu vois des armes ici ? », répond un membre du Hezbollah devant les lits d'hôpital calcinés. « Nous ne sommes pas positionnés à proximité de lieux civils », assure-t-il. Dans les débris, les membres du Hezbollah pointent vers des documents tamponnés par le ministère de l'Industrie. « Nous ne pouvons pas remplacer l'État en construisant des abris pour les civils, mais nous demandons aux gens dans les zones à risque de laisser les fenêtres ouvertes et de s'en éloigner », précise la source du Hezbollah.

Des documents tamponnés par le ministère de l'Industrie, parmi les décombres du bâtiment visé à Ansar. Photo Matthieu Karam/L'Orient-Le Jour

Le parti chiite a cependant refusé de nous montrer le lieu de la seconde frappe à Taraya, évoquant de manière vague « la présence de débris de missile sur place ». Le Hezbollah a lui réagi avec un certain décalage. En milieu de matinée, il a annoncé avoir tiré à 7h du matin plus de 100 missiles Katioucha sur le « quartier général israélien du commandement de la défense aérienne et antimissile dans la caserne de Kila, la base de missiles et d'artillerie de Yoav et les lanceurs d'artillerie situés à proximité ». Dans son communiqué, il a précisé que cette attaque avait été lancée en réponse à l'attaque israélienne qui a visé Baalbeck dans la nuit de lundi à mardi. Il s'agit de sa première réaction officielle depuis cette attaque. L’armée israélienne a communiqué sur ses propres frappes via le compte X d’Avichay Adraee.

Frappes 3 et 4

Mardi midi, la région de Baalbeck a ainsi de nouveau été prise pour cible. Des avions de combat israéliens ont mené un nouveau raid sur la Békaa, a indiqué une source proche du Hezbollah à notre correspondante dans la région Sarah Abdallah. L'aviation israélienne a plus précisément visé la route de Sfari qui mène à la ville de Baalbeck, où les ambulances affluent, selon nos journalistes sur place. Sur place, l'armée a alors coupé la route et des membres de la Défense civile et des pompiers s'affairaient à éteindre le feu. Des colonnes fumantes s'élevaient des débris de la bâtisse et la route était recouverte de débris, tandis qu'une odeur de souffre s'élevait. La zone a été sécurisée par les forces spéciales de l'armée, pendant que des tractopelles s’attellaient à déblayer les débris du bâtiment tandis qu'une vingtaine de secouristes s'étaient réunis sur le toit fumant, avec des civières, semblant tenter de sortir des corps des décombres. Mais les responsables du Hezbollah refusent de commenter sur la présence de victimes. Peu après, une source sécuritaire informe notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah, qu’une personne a été tuée et six autres ont été blessées dans la frappe.

L'armée sécurise les lieux sur la route de Safri dans la région de Baalbeck. Photo Matthieu Karam/L'Orient-Le Jour

Dans le ciel, des avions de guerre font des cercles au-dessus des sommets enneigés de l'Anti-Liban. Un peu plus tard, une nouvelle frappe aérienne israélienne a ciblé un bâtiment de trois étages dans la périphérie du village de Nabi Chit (caza de Baalbeck) dans la Békaa, selon une source proche du Hezbollah à notre correspondante dans la région. Un voisin montre au loin un bâtiment dont le deuxième étage a été détruit par la frappe. Il affirme qu'une personne a été blessée et précise qu'il s'agit d'une maison où vivent des civils de Nabi Chit.  

Un missile israélien s’écrase au Kesrouan

Enfin, un missile israélien a fini sa course mardi dans le village de Hrajel, dans le Kesrouan, sans exploser et sans faire de victimes, a rapporté à L’Orient-Le Jour le président du conseil municipal de ce village chrétien, Tony Zoughaib. Le missile qui était « relié à un drone » selon l’élu, est « visiblement tombé par erreur dans le village, alors qu’il se dirigeait vers la Békaa pour un raid ».

« Le missile est tombé dans un terrain non construit entouré d’habitations, à une cinquantaine de mètres de l’autoroute, à l’entrée du village, dans le quartier dit Saoumaha », précise encore M. Zoughaib, ajoutant qu’aucun dégât n’a été constaté. L’incident a semé l’émoi au sein de la population de cette localité située à quelques kilomètres des pistes de Faraya et Faqra, dans les hauteurs du Kesrouan.

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Israël revendique avoir frappé "environ 4.500 cibles du Hezbollah" au Liban et en Syrie depuis le 7 octobre : Jour 158 de la guerre de Gaza

Depuis le 7 octobre, cette région située à 1 300 mètres d’altitude dans le Mont-Liban, sur la route de la célèbre station de ski de Mzaar Kfardebian et du centre de villégiature de Faraya, est quotidiennement survolée par les avions israéliens de reconnaissance et d’observation. « Nous entendons régulièrement le bruit des avions israéliens. Mais cette fois, nous avons entendu un fort sifflement avant la chute du missile. Et je ne vous le cache pas, la population a eu peur », avoue l’élu.

L’armée et les services concernés se sont rapidement rendus sur les lieux. « L’armée a bouclé le périmètre et éloigné les habitants », souligne Tony Zoughaib, précisant qu'il attend d'en savoir plus sur l'engin. En parallèle, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé « environ 4 500 cibles du Hezbollah » au Liban et en Syrie, depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas il y a un peu plus de cinq mois. L'armée a ajouté dans un communiqué rapporté par l’AFP qu'elle avait tué depuis « plus de 300 » membres du Hezbollah. Selon une décompte de L’OLJ, au moins 242 combattants du parti chiite ont été tués depuis le 8 octobre 2023.

Alors que les échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël étaient majoritairement contenus au Liban-Sud depuis le début des hostilités entre les deux parties le 8 octobre dernier, au lendemain du déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, la région de la Békaa, qui n’avait jusqu’à présent été ciblée qu’une fois fin février dernier provoquant alors un tollé dans la...

commentaires (8)

Est ce que le HB a demandé l’autorisation de cet état qu’il dit respecter lorsqu’il a construit ses tunnels pour abriter ses armes et ses vendus qui combattent avec lui pour défendre les intérêts d’autres pays? Il a bon dos cet état en vrac qui est à ses ordres et qu’il daigne lui accorder quelques droits lorsque cela l’arrange. Il Prend les habitants à témoins comme s’ils avaient la liberté de s’exprimer en sa présence. Il nous prend pour qui?

Sissi zayyat

14 h 03, le 13 mars 2024

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Commentaires (8)

  • Est ce que le HB a demandé l’autorisation de cet état qu’il dit respecter lorsqu’il a construit ses tunnels pour abriter ses armes et ses vendus qui combattent avec lui pour défendre les intérêts d’autres pays? Il a bon dos cet état en vrac qui est à ses ordres et qu’il daigne lui accorder quelques droits lorsque cela l’arrange. Il Prend les habitants à témoins comme s’ils avaient la liberté de s’exprimer en sa présence. Il nous prend pour qui?

    Sissi zayyat

    14 h 03, le 13 mars 2024

  • HB ne peut pas construire des abris pour les civiles puisque cela est du ressort de l’état libanais, en revanche il veut déclarer une guerre depuis nos frontières et exposer ainsi les civils aux pires châtiments en réponse à ses agressions? Il ne se rappelle au bon souvenir de l’état que lorsqu’il doit lui venir en aide ou s’essuyer dessus une fois que le pays est détruit.

    Sissi zayyat

    13 h 57, le 13 mars 2024

  • L'armée libanaise sams armes offensives à cause des restrictions américaines ne pourra pas faire face à la Tsahal , et Natanyahou pourrait envahir tout le Liban sans coup férir si le Hezb n'était pas prêt à offrir des martyrs . Ceux qui pensent que Natanyahou n'a pas envie de nous expulser se fourrent le doigt dans l1oeil . C'est seul le Hezb qui l'empêche d'envahir le pays des Cèdres , terre biblique du messianisme israeliens et du Grand Israel

    Chucri Abboud

    13 h 06, le 13 mars 2024

  • Nous sommes désespérés de voir ce parti vendu claironner et vociférer depuis son trou en agressant et provocant depuis notre pays pour défendre d’autres pays auquel il n’a jamais eu honte de prêter allégeance en sacrifiant nos citoyens et bientôt nos terres sans être inquiété, bien au contraire. Il y en a qui l’applaudissent comme s’il s’agissait d’un héros alors qu’il s’agit d’un traître et un lâche qui se cache derrière des civiles.

    Sissi zayyat

    11 h 52, le 13 mars 2024

  • J'enrage chaque fois que des libanais défendent le poibnt de vue d'Israel comme si cet Etat criminelétait leur allié contre le Liban ! La trahison serait-elle autre chose ?

    Chucri Abboud

    03 h 32, le 13 mars 2024

  • - « Nous ne sommes pas positionnés à proximité de lieux civils ». Bien sûr, le Hezbollah ne fait jamais une chose pareille. C’est seulement par erreur, qu’en 1996, il s’était installé près d’un camp de réfugiés pour lancer une salve vers Israël. Par erreur, également, 10 ans plus tard, encore à Cana, il avait placé une rampe de missiles au pied d’un immeuble abritant des enfants handicapés. Que voulez-vous? Errare humanum est! - "Le parti chiite a cependant refusé de nous montrer le lieu de la seconde frappe à Taraya". C’est évidemment par mesure de sécurité. Voyons, qu’allez-vous imaginer?

    Yves Prevost

    18 h 48, le 12 mars 2024

  • En l'an 135 aprés Jésus-Christ , l'Empereur Romain Hadrien avait fait chasser les hébreux de Jérusalem et de la Palestine ! Ils en veulent à tout ce qui est vestige romain , et rêvent de les détruire depuis qu'ils les romains les ont forcés à l'exil . Notre Liban faisant partie selon les hébreux , du Grand Israel , il est impératif pour eux de l'occuper en entier jusqu'aux Cèdres , et de détruire les ruines romaines disséminées partout dans notre pays .

    Chucri Abboud

    18 h 29, le 12 mars 2024

  • Faites attention Israël est le Daesh vous vous rappelez les crimes qu’ils ont fait en détruisant 2 beaux boudhas et Israël est capables de détruire les beaux vestiges romains ces colonnes les plus hautes de l’empire romain, attention le Hezbollah ça suffit maintenant

    Eleni Caridopoulou

    17 h 14, le 12 mars 2024

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