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Moyen-Orient - Israël

Le "sacrifice" de la communauté éthiopienne dans la guerre à Gaza

Un militant des droits de la communauté éthiopienne à Ashkelon espère que le sacrifice des juifs éthiopiens durant la guerre viendra à bout des discriminations dont ils sont encore victimes dans la société israélienne.

Des juifs éthiopiens arrivant en Israël sur un avion affrété à cette occasion, le 1er juin 2022. Photo AFP /GIL COHEN-MAGEN

Arrivée en 2012 en Israël en provenance d'Ethiopie, Yegebal Ayalew y a vu son fils grandir et s'épanouir jusqu'à ce que ce jeune soldat soit fauché dans l'attaque sans précédent du 7 octobre commise par le Hamas sur le sol israélien.

Vêtue de noir, Yegebal raconte à l'AFP comment Maru Alem, 21 ans, était fier de défendre ce pays dans lequel il était arrivé à l'âge de neuf ans. Elle, au contraire, était terrorisée. « Il me disait toujours +Maman, quel est le problème ? Je vais travailler pour mon pays. Si nous ne protégeons pas Israël, Israël ne sera pas protégé+ », dit-elle, un mouchoir à la main pour pouvoir essuyer ses larmes.

La communauté juive éthiopienne compte environ 170.000 membres en Israël, selon des statistiques officielles. Sur ce total, près de 68.000 sont nés dans le pays. Descendant de communautés restées coupées des autres juifs pendant des siècles et reconnues tardivement par les autorités religieuses d'Israël, 80.000 Ethiopiens, se désignant comme « Beta Israel », sont arrivés dans le pays en 1984 et 1991, via deux ponts aériens.

Yegebal et son fils font partie de milliers d'autres, descendants de juifs convertis au christianisme souvent sous la contrainte et connus sous le nom de « Falash Mura ». Se considérant comme juifs, ils n'ont pour leur part pas été reconnus par les autorités religieuses et ne peuvent émigrer en Israël que dans le cadre d'un regroupement familial car ils ne peuvent bénéficier de la loi du retour qui donne à tout juif la citoyenneté israélienne.

« Il a donné sa vie »
Privée de son fils, Yegebal a désormais pour unique souhait que ses proches, attendant toujours en Ethiopie le feu vert des autorités israélienne pour pouvoir s'installer dans le pays, puissent la rejoindre. « J'en appelle aux autorités israéliennes pour qu'elles les amènent ici avec l'aide de Dieu », implore Yegebal. « Ce serait bien que les autorités puissent m'aider (...) Mon fils a donné sa vie pour ce pays », ajoute-t-elle.

Gil Elias, militant des droits de la communauté à Ashkelon, dans le sud d'Israël, espère que le sacrifice des juifs éthiopiens durant la guerre viendra à bout des discriminations dont ils sont encore victimes dans la société israélienne et qui avaient nourri une contestation violente en 2019.

« Nous pouvons voir le sacrifice dans les chiffres », dit-il en indiquant que 26 des plus de 500 membres des forces israéliennes tués dans l'attaque du 7 octobre et dans la guerre déclenchée ce jour-là, ont des origines éthiopiennes. « Les Ethiopiens sont 1,7% de la population israélienne et près de 5% des soldats tués », dit-il. Ce chiffre ne peut être confirmé par l'armée qui ne publie pas de statistiques sur l'origine ethnique des soldats. Mais « depuis le 7 octobre, nous sommes davantage unis. Nous arrivons à faire attention les uns aux autres et ne plus mener nos vieilles guerres », estime Gil Elias.

L'attaque du 7 octobre menée par les commandos du Hamas a fait 1.160 morts en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. L'opération de représailles d'Israël, qui a juré d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, a fait 30.960 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée, un « facteur d'intégration »
Selon Liat Yakhnich, chercheuse spécialisée sur l'immigration de l'université Beit Berl College, l'intégration de la communauté, qui a dû franchir un énorme fossé culturel à son arrivée en Israël, s'est améliorée ces dernières années dans le pays. « Ils sont juifs et sont Israéliens (...), ils peuvent être blessés par cette société mais ils sentent qu'ils en sont membres », juge-t-elle. Elle note toutefois d'énormes différences au sein de la communauté entre parents et enfants, ces derniers ayant eu plus de facilité à apprendre l'hébreu et à s'intégrer. « Je rencontre beaucoup de jeunes qui grandissent dans des familles où ils perçoivent leurs parents comme faibles. Je pense qu'ils reconnaissent la capacité de leurs parents à avoir survécu au processus d'immigration. Mais dans le même temps, (ces jeunes) ont dû faire face à la vie en Israël tout seuls », sans beaucoup de soutien de la part de leurs parents peu intégrés, souligne la chercheuse. Dans ce contexte, l'armée est pour eux « un facteur social très puissant d'intégration », juge-t-elle.

Une intégration clairement ressentie par Savht Farda, père d'un soldat blessé le 7 octobre. Dans un marché fréquenté par la communauté, il montre fièrement une photo de son fils à l'hôpital recevoir la visite de Benny Gantz, ancien ministre de la Défense et membre du cabinet de guerre. « Nous aimons Israël, notre pays. Plutôt mourir que de le voir mourir », dit-il.

Arrivée en 2012 en Israël en provenance d'Ethiopie, Yegebal Ayalew y a vu son fils grandir et s'épanouir jusqu'à ce que ce jeune soldat soit fauché dans l'attaque sans précédent du 7 octobre commise par le Hamas sur le sol israélien.Vêtue de noir, Yegebal raconte à l'AFP comment Maru Alem, 21 ans, était fier de défendre ce pays dans lequel il était arrivé à...

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