Le président de la Cour internationale de justice, le juge libanais Nawaf Salam. Photo CIJ via X @CIJ_ICJ
Les campagnes de propagande en ligne de l’axe de la résistance à Israël ont trouvé une nouvelle cible ces derniers jours : le nouveau président de la Cour internationale de justice, le Libanais Nawaf Salam.
Après la décision, mi-février, de la Cour siégeant à La Haye de rejeter une requête additionnelle de l’Afrique du Sud contre Israël, des dizaines d’utilisateurs du réseau social X ont critiqué M. Salam, nommé président de la Cour dix jours plus tôt, l’accusant tour à tour d’être à la solde des Américains et d’Israël. Certains n’ont pas hésité à mettre en avant, dans leurs publications, le fait que le nom du président de la CIJ avait été mentionné à plusieurs reprises comme potentiel Premier ministre libanais par les parties opposées au Hezbollah.
Dans sa décision rendue le 16 février, la CIJ, plus haute instance judiciaire des Nations unies, avait rejeté la requête additionnelle de l’Afrique du Sud contre Israël, déposée trois jours plus tôt, qui demandait à la Cour d’examiner en urgence l’annonce par Israël d’une prochaine offensive militaire sur Rafah afin de s’opposer si nécessaire à « une nouvelle violation des droits ». L’Afrique du Sud avait déjà saisi la Cour en accusant Israël de « génocide » à Gaza. Les juges, qui ne se sont pas avancés à ce stade sur la question de savoir si Israël commet effectivement ou non un génocide, lui ont toutefois enjoint de prévenir de tels actes. Et ce sont les mesures conservatoires prises le 26 janvier qui ont été rappelées par la Cour dans son rejet de la seconde demande de Pretoria.
« Cette situation alarmante (concernant une éventuelle offensive sur Rafah) exige la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024, qui sont applicables à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris Rafah, et ne nécessitent pas l’indication de mesures additionnelles », avait ainsi estimé la CIJ.
Une décision jugée insuffisante pour les pro-moumanaa, qui s’en sont pris avec virulence à M. Salam.
Fatima Ftouni, journaliste sur la chaîne pro-Hezbollah al-Mayadeen, a déploré que « la CIJ, présidée par Nawaf Salam, a(it) refusé la demande sud-africaine. Nous n’avons pas confiance en elle. Honte au Liban ».
Plusieurs internautes prorésistance, dont certains ayant un pseudonyme sur X laissant penser qu’il s’agit de bots informatiques (des agents logiciels automatisés, qui agissent comme des utilisateurs sur les réseaux sociaux), ont partagé le même message, critiquant le fait que la CIJ a « refusé la demande de l’Afrique du Sud de prendre des mesures contre l’entité sioniste ». « Voici Nawaf Salam, que les forces du 14 Mars au Liban ont réclamé “comme Premier ministre”. Ne voit-il pas comment la population de Gaza se fait tuer ? » a notamment partagé cet utilisateur, dont le profil indique qu’il est « un admirateur de Hassan Nasrallah ».
Cet utilisateur de X se décrivant comme un « professeur d’histoire et de politique » a quant à lui estimé que « chaque fois qu’il y a une volonté de porter atteinte au peuple arabe, un Arabe est nommé sur le devant de la scène », notamment « Nawaf Salam qui a été élu président de la Cour pénale (sic) pour faire échouer la décision de condamner Israël ». Une opinion relayée notamment par un autre internaute, qui estime que « la condition la plus importante pour nommer le président de la CIJ : avoir une laisse américaine autour du cou ».
D’autres ont encore accusé le juge d’être un « nouveau sponsor de la normalisation » avec Israël ou estimé « qu’on ne le laisserait pas accéder à ce poste s’il n’était pas sioniste ou franc-maçon », comme l’a écrit un utilisateur se décrivant comme un partisan du Hachd el-Chaabi, coalition paramilitaire de milices irakiennes pro-Téhéran.
Messages de soutien
Cette campagne a toutefois été doublée d’un flot de messages de soutien à Nawaf Salam, de la part d’internautes et personnalités qui ont justifié ou expliqué la décision de la CIJ.
Sami Kleib, ancien journaliste d’al-Mayadeen, a ainsi relevé que les critiques contre Nawaf Salam sont infondées, « alors que même le président de l’Afrique du Sud, le pays qui a déposé la plainte contre l’occupation, soutient la décision de la Cour », avant de reprendre le texte publié par l’institution.
Notre chroniqueur politique Mounir Rabih a lui aussi pris la défense de M. Salam, dénonçant des « informations montées de toutes pièces concernant la CIJ et le fait qu’il a rejeté la demande de l’Afrique du Sud sur des mesures spéciales concernant Rafah, qui sont fausses et triviales ». « La nouvelle décision confirme la précédente, qui oblige Israël à ne commettre aucun acte prévu dans la Convention contre le génocide (...) il est injuste d’inventer de telles histoires, aux dépens du sang palestinien, pour des caprices politiques ou de petites ambitions », a-t-il ajouté sur X.
Un autre internaute a de son côté dénoncé une campagne contre Nawaf Salam menée par des gens « qui n’ont pas lu la décision » de la Cour et alors que son président « ne détient pas seul le pouvoir de décision ».
Le juge, peu loquace sur les réseaux, n’a pas commenté cette campagne. Son dernier message sur X a été publié peu après son élection à la tête de la CIJ et souligne « la grande responsabilité » qui lui est confiée pour « garantir la justice internationale et faire respecter le droit international », avec une pensée pour Beyrouth.
Ceux qui le critiquent d’abord c’est parce qu’il est sunnite et partant de là ils déroulent leurs contradiction à savoir ignorer que de tels pouvoirs décisionnels ne sont pas entre les mains d’un seul homme comme le pouvoir d’un ayatollah par exemple ! Quand il a été proposé comme premier ministre il a fallu ranimer beaucoup d’évanouissements au Liban alors écoute darbouka plus tu fais du bruit plus tu es creuse!
15 h 26, le 25 février 2024