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Dans le brouillard de la guerre

Ne t'en fais pas papa

Chère abonnée, cher abonné,

Mon père est un homme inquiet. C’est sa nature. Il devait venir au Liban cette semaine mais a préféré repousser son voyage en attendant que la « situation se clarifie ». « Tu risques d’attendre longtemps », lui ai-je répondu.

Tous les soirs, quand je sors du journal, il m’appelle pour faire « un point » sur cette fameuse « situation ». « Est-ce qu’il y a du nouveau ? » « Est-ce que tu penses qu’on va pouvoir y échapper ? »

Plus les jours passent et plus je répète les mêmes arguments. Je ne sais plus trop quoi dire, mais la conversation n’est pas plus courte pour autant. Nous, Libanais, sommes capables de discuter pendant des heures de la dernière visite d’Amos Hochstein, l’émissaire américain, en Israël, ou de l’entrevue entre Hossein Amir Abdollahian, le ministre iranien des Affaires étrangères, et Hassan Nasrallah. Comme si nous y étions !

Mon père a des raisons d’être inquiet. Israël a frappé Jadra puis Nabatiyé la semaine dernière tuant sept membres d’une même famille. Ses avions ont visé Ghazié lundi, blessant 13 personnes, dont quatre enfants.

L’État hébreu a décidé qu’il n’y avait plus de limites à son périmètre d’action qui dépasse désormais largement les règles d'engagement. Est-ce pour éliminer des cibles spéciales ou pour provoquer le Hezbollah dans une escalade de plus grande ampleur ? Probablement un peu des deux, même si le premier objectif apparaît plus limpide pour le moment.

Hassan Nasrallah a haussé le ton. « Nous allons répondre en poursuivant nos opérations, et en optant pour l'escalade », a-t-il menacé. Mais sur le terrain, le Hezbollah semble relativement prudent. La frappe contre la base militaire de Safed, la plus impressionnante de ces dernières semaines, n’a pas été revendiquée. L’Iran veut calmer le jeu et a fait passer le message à ses alliés.

La menace vient encore de l’autre côté de la frontière. Israël va-t-il prendre le risque d’une guerre contre un groupe beaucoup plus puissant que le Hamas, dont les missiles feront d’importants dégâts dans ses villes ?

Pour l’instant, je pense encore que non. Que la décision n’est pas prise. Que la diplomatie est une option plus réaliste. C’est ce que je dis à mon père en tous cas.

Israël élargit ses opérations, prépare ses hommes à la frontière, multiplie les déclarations va–t-en guerre. 76% des Israéliens se disent favorables à une « opération de grande envergure au Liban » rapporte le Maariv. Mais moi, je continue de lui dire tous les soirs, comme pour me rassurer : « Ne t’en fais pas papa. »

Anthony Samrani

Corédacteur en chef de L’Orient-Le Jour 

Chère abonnée, cher abonné,Mon père est un homme inquiet. C’est sa nature. Il devait venir au Liban cette semaine mais a préféré repousser son voyage en attendant que la « situation se clarifie ». « Tu risques d’attendre longtemps », lui ai-je répondu. Tous les soirs, quand je sors du journal, il m’appelle pour faire « un point » sur cette fameuse « situation »....

commentaires (1)

@Monsieur Samrani. Ne l'oubliez pas, Le Liban a attaqué Israël en premier . Tout est documenté.

Dorfler lazare

16 h 59, le 22 février 2024

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Commentaires (1)

  • @Monsieur Samrani. Ne l'oubliez pas, Le Liban a attaqué Israël en premier . Tout est documenté.

    Dorfler lazare

    16 h 59, le 22 février 2024

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