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Moyen-Orient - FOCUS

Civils encerclés, ville assiégée : la bataille stratégique de Khan Younès

Les images et les témoignages rendent compte du déluge de violence qui s’abat actuellement sur cette localité du sud de la bande de Gaza.

Civils encerclés, ville assiégée : la bataille stratégique de Khan Younès

Vue générale d'un camp de tentes de Palestiniens déplacés. La fumée s'élève au loin pendant une opération terrestre israélienne à Khan Younès, vue depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Ibraheem Abu Mustafa/Reuters

Des tirs de partout, une ville assiégée, des populations encerclées, sans possibilité de partir. Les images et les témoignages qui nous parviennent de Khan Younès rendent compte du déluge de violence qui s’abat actuellement sur cette localité du sud de la bande de Gaza. L’armée israélienne a affirmé mardi qu’elle avait encerclé cette zone densément peuplée, où de nombreux Gazaouis ont trouvé refuge après l’incursion terrestre dans le nord de l’enclave. Israël mène une offensive depuis plusieurs semaines autour de Khan Younès, mais la violence est montée d’un cran ces derniers jours, se traduisant par des combats intenses, des bombardements incessants, des infrastructures civiles ciblées et des populations qui n’ont plus d’endroit sûr où se rendre.

Une situation « indescriptible », a estimé mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évoquant l’état des hôpitaux de la ville. Malgré l’annonce récente d’une nouvelle phase du conflit de plus faible intensité, Israël a maintenu au moins trois brigades, dont la 98e division de parachutistes, à la tête de l’opération, et des forces spéciales supplémentaires à l’intérieur de l’enclave. Le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, a déclaré mardi vouloir notamment « concentrer les activités » sur Khan Younès.

« Un bastion important » du Hamas

Pour l’État hébreu, cette opération de grande envergure marque un objectif stratégique dans la guerre contre le Hamas, qui a causé 25 700 tués palestiniens, selon les chiffres du mouvement islamiste. D’autant que Washington accentue la pression sur son allié pour que les combats baissent d’intensité et qu’un accord sur les otages soit trouvé. L’armée considère cette ville comme « un bastion important » du groupe, où opère sa brigade Khan Younès, considérée comme l’une des deux brigades les plus puissantes et les plus importantes du Hamas. Une vingtaine d’otages enlevés le 7 octobre auraient été retenus dans les souterrains de la ville avant d’être pour certains relâchés, pour d’autres dispersés dans différentes zones de Gaza, assurent les Israéliens.

Israël suspecte également la zone de servir de refuge aux architectes de l’opération Déluge d’al-Aqsa, notamment Mohammad Deïf, commandant des Brigades al-Qassam, et Yahya Sinwar, actuel chef de l’organisation islamiste à Gaza, qui se trouverait à Khan Younès, selon l’armée israélienne, après avoir fui le nord de Gaza en se cachant dans un convoi humanitaire en direction du sud, au début de la guerre.

Israël a promis d’« anéantir » le Hamas, inscrivant ses dirigeants sur une liste de cibles à éliminer. « Des roquettes prêtes à être lancées, des installations militaires, des tunnels et de nombreuses armes ont été découverts au cours de l’opération », a annoncé l’armée dans un communiqué mardi, après avoir déclaré avoir tué environ 40 membres du Hamas au cours des dernières 24 heures. Des informations qui n’ont pas été confirmées par une autre source.

Les infrastructures civiles ne sont pas épargnées. L’armée israélienne assure viser ces établissements en raison de leur utilisation par le Hamas à des fins militaires, un argument qui sert régulièrement à Israël pour justifier ses attaques contre ces bâtiments généralement protégés par le droit international. Selon elle, les combattants palestiniens auraient utilisé des écoles et des hôpitaux de la ville pour attaquer les soldats israéliens et tirer des roquettes vers le territoire israélien. Selon le Croissant-Rouge palestinien, un afflux de chars se trouvaient mercredi soir à moins de 500 mètres de l’hôpital al-Amal, empêchant les ambulances de secourir les blessés dans la ville. L’organisation indique également que toute personne se déplaçant dans la zone était la cible de tirs d’artillerie et d’attaques de drones.

Zone humanitaire bombardée

Le bureau des médias du Hamas a, quant à lui, précisé mercredi que l’hôpital Nasser, un des deux derniers du sud de Gaza encore capables de soigner des patients gravement blessés, était encerclé par des dizaines de chars « de tous les côtés ». Un « couloir » aurait été créé, censé permettre l’évacuation des civils, alors que des milliers de déplacés se trouvent dans l’enceinte de l’hôpital, dont 850 patients. Mardi, l’organisation Médecins sans frontières, dont une partie des effectifs se trouve à Khan Younès, a relayé l’annonce israélienne indiquant que plusieurs zones résidentielles de la ville, dont celle où se trouve l’hôpital Nasser, avaient jusqu’à 17h30 pour évacuer les lieux avant le début des opérations dans les alentours.

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Se targuant de minimiser les pertes civiles, l’armée israélienne a indiqué que les zones occupées par des non-combattants avaient été identifiées au préalable afin d’« atténuer les dommages causés aux personnes non impliquées » et avoir lancé des alertes à certains résidents pour les sommer de quitter leurs maisons. Quelque « 88 000 habitants et environ 425 000 personnes déplacées » auraient ainsi été appelés mardi par Israël à évacuer la zone selon l’ONU, bien que les combats rendent les déplacements extrêmement dangereux.

Certains se sont déplacés vers le village de Mawasi, situé en bord de mer, désigné lundi comme une zone « plus sûre » par les forces israéliennes, qui ont conseillé à plusieurs reprises depuis le début de la guerre aux civils de se rendre dans cette « zone humanitaire » étroite de quelque 8,5 kilomètres carrés. Un refuge qui n’échappe pas aux bombardements : au moins sept personnes ont été tuées mardi lors d’une frappe visant des tentes de fortune, selon le directeur de l’hôpital al-Najjar de Rafah, où ont été transportés les morts et les blessés. La ville frontalière avec l’Égypte, vers laquelle ont fui, parfois à pied, une autre partie des déplacés, apparaît comme la prochaine cible de l’armée israélienne, qui cherche à regagner le contrôle sur le seul point de passage entre Gaza et l’extérieur qui n’est pas sous sa surveillance complète.

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