« Cet uniforme te va bien, tout comme ton oncle Bachir. N’oublie pas qu’il y a un millier de Habib Chartouni… À bientôt. » Dans ce tweet posté il y a quelques jours sur la plateforme X, un internaute sympathisant du Hezbollah s’en prend au chef des Kataëb, Samy Gemayel, une image retouchée le montrant vêtu du costume de l’armée israélienne à l’appui. Le tweet rappelle les accusations de collaboration avec l’État hébreu adressées à Bachir Gemayel, ancien président de la République élu, assassiné en 1982. Un crime pour lequel Habib Chartouni, membre du Parti syrien national social, a été condamné, en 2017, par contumace, à la peine de mort. Voilà un échantillon de la campagne de diffamation dont fait l’objet depuis quelques jours Samy Gemayel (hostile au Hezbollah) sur les réseaux sociaux, de la part de l’armée électronique du parti.
Si ce n’est pas la première fois que le député se trouve dans le collimateur des partisans du Hezbollah, le ton est cette fois-ci monté d’un cran : outre les critiques politiques, surtout dans le contexte tendu de la guerre à Gaza et au Liban-Sud, le député du Metn fait l’objet de menaces de mort au point d’en légitimer le meurtre. D’où les réactions virulentes que cet épisode a déclenchées dans les milieux de l’opposition à l'égard du Hezbollah à qui elle impute la responsabilité de nombreux assassinats politiques.
La polémique a pris de l’ampleur à la suite d’une interview accordée par le chef des Kataëb, il y a quelques semaines, à la chaîne française BFMTV. M. Gemayel s’est exprimé dans le cadre d’un débat tenu avec la participation de Tamar Sebok, correspondante du quotidien israélien Yediot Aharonot à Paris. Patrick Richa, chef du département médias au sein des Kataëb, explique qu’en réponse à une question posée préalablement par M. Gemayel aux responsables de la chaîne sur l’identité des autres invités de l’émission, la journaliste a été simplement présentée comme « une analyste politique à BFMTV ». Les pro-Hezbollah ne sont pas convaincus et accusent le leader chrétien d’être à la tête des protagonistes favorables à une normalisation des relations avec Tel-Aviv.
Un second chapitre de la campagne a éclaté à la suite d’un entretien de Samy Gemayel à la chaîne locale al-Jadeed en début de semaine. L’occasion pour lui de rejeter ce qu’il a appelé « le langage rancunier inculqué par le Hezbollah à sa base populaire ». M. Gemayel n’a pas manqué de critiquer violemment le parti chiite, qui « lance des accusations de traîtrise et qui veut consacrer son hégémonie sur le pays (…) ». Il s’est naturellement attiré les foudres des internautes pro-résistance qui se sont déchaînés contre lui.
Cette nouvelle polémique entre les Kataëb et le Hezbollah intervient en pleine confrontation militaire entre le parti chiite et l’État hébreu au Liban-Sud. Les Kataëb, eux, comme d’autres composantes de l’opposition, mettent en garde contre le risque d’entraîner le Liban dans une guerre inopportune. « Le Hezbollah veut montrer sa capacité à exercer son hégémonie sur la scène politique, tout en étant pris par une guerre », analyse Ali el-Amine, journaliste réputé hostile au parti chiite. Du côté du Hezbollah, Mohammad Khansa, responsable chargé des relations avec les instances et partis chrétiens, se contente d’affirmer que sa formation « n’a rien à voir avec la polémique ».
Les Kataëb franchissent un cap
Mais les Kataëb sont convaincus que c'est bien le Hezb qui se tient derrière la campagne. Le parti de M Gemayel a publié jeudi un communiqué particulièrement virulent à l’encontre de la formation de Hassan Nasrallah. « Ce n’est pas la première fois que le Hezbollah lâche ses chiens contre M. Gemayel, peut-on lire. Cette politique peut aller crescendo jusqu’à l’élimination physique, ce que le Hezbollah a déjà fait avec nombre de figures. » Répondant aux accusations de collaboration avec Israël, la formation chrétienne a souligné que « le traître est celui qui a opté pour les marchandages et les concessions (…) et qui prête ouvertement allégeance à un autre pays qui agresse ses voisins », dans une pique évidente à l’Iran, parrain du Hezbollah. « Un traître, c’est aussi celui qui a assassiné un Premier ministre et plusieurs figures opposantes », poursuit le texte dans une référence à Rafic Hariri qui a péri dans un attentat à la voiture piégée le 14 février 2005. Un meurtre imputé par la justice à des membres du parti chiite.
D’autres composantes de l’opposition se sont mobilisées aussi. « C’est une campagne visant à menacer et effrayer les anti-Hezbollah. Mais nous n’allons pas baisser les bras », déclare à L’OLJ Michel Moawad, dont le bloc a publié jeudi un communiqué en soutien à Samy Gemayel, à l’instar de plusieurs ténors de l’opposition. Mais pourquoi le chef des Forces libanaises (plus grand parti de ce camp), Samir Geagea, est-il resté silencieux ? « Il est toujours dans le viseur du Hezbollah. Nous sommes habitués. Mais nous n’allons pas nous laisser faire », répond le porte-parole du parti, Charles Jabbour.
L'internaute qui a fait allusion au millier de Chartouni a oublié que chaque Chrétien souverainiste est un Cheikh Bachir Gemayel en instance. Quand au Hezbollah, il faut lui rappeler que le Patriotisme est l'amour de son peuple et de son bien être, dans son intégralité, alors que le théocratisme est synonyme la haine de l'autre. L'arrogance de ces messieurs finira par les détruire. La patience est une vertus et nous en avons des tonnes a pourvoir. Rira bien qui rira le dernier!
10 h 27, le 22 janvier 2024