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Moyen-Orient

L’angoisse monte pour deux jeunes Saoudiens dans le couloir de la mort

Depuis le début de l’année 2023, le nombre d’exécutions dans le royaume s’élève à 123, dont 33 pour des crimes liés au « terrorisme ».

L’angoisse monte pour deux jeunes Saoudiens dans le couloir de la mort

Le drapeau de l’Arabie saoudite. Photo AFP

Sa famille le décrit comme un être sensible, amoureux des oiseaux. Mais Abdallah al-Derazi a été condamné à mort pour terrorisme par les tribunaux en Arabie saoudite et il doit être exécuté prochainement. Le jeune homme de 28 ans est l’un des neufs Saoudiens condamnés à mort pour des faits commis alors qu’ils étaient mineurs, selon des organisations de défense des droits humains qui dénoncent le recours frénétique du royaume du Golfe à la peine capitale.

Amnesty International a rapporté le mois dernier que la peine de Abdallah al-Derazi ainsi que celle d’un autre jeune homme, Jalal Labbad, avaient été « secrètement confirmées » par la Cour suprême, ce qui signifie qu’ils pourraient être exécutés d’un jour à l’autre. Dans la maison de Abdallah al-Derazi à Qatif, dans l’est du royaume, où il s’occupait de dizaines de canaris et de tourtereaux, sa famille vit dans l’angoisse, les autorités n’ayant pas l’habitude d’informer les proches des exécutions à l’avance. « Nous pouvons recevoir la nouvelle à n’importe quel moment », dit un proche ayant requis l’anonymat par crainte de représailles. Sollicitées, les autorités saoudiennes n’ont pas répondu dans l’immédiat.

Peine injuste

L’Arabie saoudite figure dans le peloton de tête des pays appliquant la peine de mort, avec la Chine et l’Iran. En 2022, 147 personnes y ont été exécutées, selon un décompte de l’AFP fondé sur des données officielles, dont 81 en une seule journée pour des crimes liés au « terrorisme ». Les autorités, qui précisent rarement le mode d’exécution, ont généralement recours à la décapitation. Depuis le début de l’année 2023, le nombre d’exécutions s’élève à 123, dont 33 pour des crimes liés au « terrorisme ». Les défenseurs des droits humains accusent la monarchie pétrolière d’utiliser une loi sur le terrorisme adoptée en 2017 pour réprimer les voix critiques.

Selon l’Organisation euro-saoudienne pour les droits de l’homme (Esohr), basée à Berlin, six des neuf Saoudiens qui attendent dans le couloir de la mort ont été condamnés pour avoir participé à des manifestations. Abdallah al-Derazi et Jalal Labbad, tous deux issus de la minorité chiite, ont été arrêtés lors d’un mouvement de protestation organisé il y a plus d’une dizaine d’années dans l’est du pays à majorité sunnite, alors qu’ils avaient entre 16 et 17 ans. Amnesty souligne qu’ils ont fait des aveux lors d’interrogatoires « entachés de torture ». Selon l’acte d’accusation consulté, les charges contre Abdallah al-Derazi incluent la « participation à des manifestations », « la formation d’une cellule terroriste » et une attaque contre du « personnel de sécurité ». « Abdallah n’a rien à voir avec ces accusations », assure un membre de sa famille. Jalal Labbad, lui, s’est vu reprocher d’avoir fourni de « l’aide » à une personne recherchée dans sa ville natale d’Awamiyah. Il lui avait donné des pansements et du désinfectant, affirme l’un de ses proches ayant également requis l’anonymat. « Apporter de l’aide mérite-t-il une condamnation à mort ? demande-t-il. Cette peine est très injuste et exagérée. »

Un message clair

Plus de 1 000 condamnés à mort ont été exécutés depuis l’arrivée au pouvoir en 2015 du roi Salmane et de son fils Mohammad, dirigeant de facto du royaume, dont onze étaient mineurs au moment de leur inculpation, selon un bilan de l’organisation britannique Reprieve et de l’Esohr publié en début d’année. L’Arabie saoudite, qui cherche à changer son image de royaume ultraconservateur, a annoncé en 2020 un décret abolissant la peine de mort pour les enfants, mais le texte n’a jamais été publié et sa mise en application n’est pas claire. « Le nombre de mineurs condamnés à mort pourrait être beaucoup plus élevé car les familles ont peur de communiquer », souligne Duaa Dhainy, chercheuse à l’Esohr. Le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions arbitraires, Morris Tidball-Binz, a appelé le mois dernier Riyad à publier le décret et à « l’appliquer à tous les accusés de moins de 18 ans, quel que soit leur crime ». Mais pour Taha al-Hajji, directeur juridique de l’Esohr, les autorités veulent étouffer toute forme de contestation. Cela « envoie un message clair à tout le monde » : que personne ne peut échapper aux punitions, dit-il.

Source : AFP

Sa famille le décrit comme un être sensible, amoureux des oiseaux. Mais Abdallah al-Derazi a été condamné à mort pour terrorisme par les tribunaux en Arabie saoudite et il doit être exécuté prochainement. Le jeune homme de 28 ans est l’un des neufs Saoudiens condamnés à mort pour des faits commis alors qu’ils étaient mineurs, selon des organisations de défense des...

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