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Dernières Infos - Conflit

Rien ne justifie la souffrance des civils à Gaza, dit Macron aux côtés du président palestinien

Le président palestinien Mahmoud Abbas, serrant la main de son homologue français Emmanuel Macron, le 24 octobre 2023 à Ramallah. Photo CHRISTOPHE ENA/AFP

Le président français, Emmanuel Macron, a jugé mardi que « rien ne saurait justifier » les « souffrances » des civils à Gaza, aux côtés du président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie occupée, après une visite de solidarité en Israël où il a insisté sur la libération des otages et la reprise d'un dialogue de paix.

« Une vie palestinienne vaut une vie française qui vaut une vie israélienne », a déclaré M. Macron aux côtés du président de l'Autorité palestinienne, qui lui a demandé d'œuvrer à une cessation de l' « agression » d'Israël à Gaza.

M. Macron est le premier dirigeant occidental à se rendre au siège de l'Autorité palestinienne depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien du Hamas. Il est attendu mardi soir à Amman en Jordanie.

L'Autorité palestinienne n'exerce plus aucun pouvoir dans la bande de Gaza depuis que le Hamas l'en a chassée en 2007.

Comme en Israël un peu plus tôt, le président français a proposé au président palestinien que la coalition internationale créée en 2014 sous la houlette des Etats-Unis pour combattre le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak, à laquelle participe la France, « puisse aussi lutter contre le Hamas ».

A Jérusalem au côté du président israélien, Isaac Herzog, M. Macron a affirmé que « le premier objectif que nous devrions avoir aujourd'hui est la libération de tous les otages, sans aucune distinction ».

Réseau de tunnels

Après la libération de deux otages américaines trois jours plus tôt, le Hamas a relâché lundi soir deux Israéliennes. L'une d'elle, Yocheved Lifschitz, âgée de 85 ans, a raconté mardi devant la presse à Tel-Aviv avoir « traversé l'enfer » lors de son enlèvement par des hommes à moto dans le kibboutz Nir Oz.

Elle a ajouté qu'elle avait été « battue » puis emmenée dans « un réseau de tunnels souterrains », mais qu'elle avait ensuite été « bien traitée » pendant sa captivité de plus de deux semaines dans la bande de Gaza.

Environ 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont été recensés par Israël, emmenés par le Hamas dans la bande de Gaza après l'attaque commise le 7 octobre en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot.

Des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël depuis Gaza, semant la terreur lors de cette attaque, d'une violence et d'une ampleur sans précédent depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Israël, qui pilonne sans relâche la bande de Gaza en riposte à cette attaque, a intensifié ces derniers jours ses bombardements en prélude à une probable offensive terrestre.

« Nous sommes avant la prochaine étape, elle est en route (...) nous avons une seule mission, écraser le Hamas », a réaffirmé mardi le Premier ministre israélien devant ses troupes.

Après seize jours de mise en place et d'effervescence, celles-ci rongent leur frein. A la lisière de la bande de Gaza, un terrain sableux au milieu des champs s'est transformé en parking pour environ 500 véhicules blindés et tanks Merkava de l'armée de terre israélienne, stationnés en une quinzaine de colonnes d'une dizaine de véhicules chacun, a observé mardi l'AFP.

« Cessez-le-feu humanitaire »

Dans la bande de Gaza, assiégée et privée de tout, la situation humanitaire ne cesse de se dégrader. L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a averti mardi qu'elle serait contrainte de cesser ses opérations dans la bande de Gaza mercredi soir faute de carburant.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et condamné les « violations claires du droit humanitaire » dans la bande de Gaza, s'attirant les critiques du ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen. « Monsieur le secrétaire général, dans quel monde vivez-vous », a lancé ce dernier lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée au conflit.

Le président russe Vladimir Poutine s'est inquiété de son côté mardi lors d'une conversation téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan d'une « détérioration catastrophique » de la situation humanitaire.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, les bombardements ont fait 140 morts dans la nuit de lundi à mardi dans le territoire palestinien, le bilan le plus lourd depuis le début de la guerre.

Face à un risque d'embrasement du conflit, le président français a appelé l'Iran, puissant soutien du Hamas, et ses alliés régionaux, le Hezbollah au Liban et les houthis au Yémen, à « ne pas prendre le risque d'ouvrir de nouveaux fronts », plaidant pour « une relance décisive du processus politique avec les Palestiniens ».

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a adressé mardi une mise en garde à l'Iran, déclarant que les Etats-Unis agiraient de manière « décisive » à toute attaque.

Les Etats-Unis ont accusé l'Iran, allié du Hamas et du Hezbollah, de « faciliter activement » les attaques sur des bases où stationnent des soldats américains au Moyen-Orient, et ont renforcé leur dispositif militaire dans la région.

« Démantèlement complet »

Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils massacrés le jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes.

Mardi, le Hamas a affirmé que 5.791 Palestiniens, en majorité des civils dont 2.360 enfants, avaient été tués par les bombardements de représailles israéliens depuis le début du conflit, qui ont détruit des quartiers entiers et entraîné un déplacement massif de population.

Israël a imposé un blocus terrestre, maritime et aérien à la bande de Gaza depuis que le Hamas, classé organisation « terroriste » par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, y a pris le pouvoir en 2007.

Des sirènes d'alerte aux roquettes ont de nouveau retenti mardi dans le sud d'Israël, frontalier de la bande de Gaza, et dans le centre du pays.

Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à fuir vers le sud. Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud, proche de la frontière égyptienne, où les déplacés sont massés par centaines de milliers dans des conditions humanitaires catastrophiques.

« Nous demandons au monde entier qu'il intervienne et arrête la guerre. La plupart de ceux qui meurent sont des enfants », a déclaré Ibrahim Abou Jazar, qui s'est réfugié dans une école de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Au total, au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l'ONU.

L'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. Et pour le président américain Joe Biden, elle n'arrive pas assez vite. Au total, une cinquantaine de camions sont entrés depuis samedi, alors qu'il en faudrait selon l'ONU au moins 100 par jour.

La tension est forte aussi dans le nord d'Israël, à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs se sont multipliés entre l'armée israélienne et le Hezbollah, très implanté dans le sud du Liban.

Le président français, Emmanuel Macron, a jugé mardi que « rien ne saurait justifier » les « souffrances » des civils à Gaza, aux côtés du président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie occupée, après une visite de solidarité en Israël où il a insisté sur la libération des otages et la reprise d'un dialogue de paix.« Une vie palestinienne vaut une vie...