Point de vue d’un chrétien d’Orient sur le conflit palestino-israélien actuel.
Dans la Bible, le peuple élu (les Hébreux) a souvent été dans la tourmente quand il a enfreint la loi de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. » Dans ce commandement, le premier, le plus important, on retient une seule exigence : aimer conjointement Dieu et son prochain. L’amour pour Dieu et l’amour pour son prochain sont donc indissociables. De ce fait, être le peuple élu ne peut conférer aucune supériorité. Si tel était le cas, d’ailleurs, il nous faudrait considérer Dieu comme partial et injuste. Que signifie alors cette appellation de « peuple élu » ? Cela renvoie au choix de Dieu de s’incarner en homme dans la lignée d’Abraham, d’Isaac et de David, et de naître dans une simple étable à Bethléem. Le Bon Dieu dans Sa gloire et Sa puissance se fait le plus humble des hommes pour servir et sauver tous les peuples.
Depuis plus de 70 ans, la plupart des responsables israéliens n’ont pas respecté ce commandement. Ils ont commis nombre d’exactions dirigées contre les Palestiniens et les pays voisins : Liban, Syrie, Jordanie, refusant tout compromis ou toute cohabitation égalitaire avec autrui. Ils ont agi, jusqu’à ce jour, en colonisateurs dominateurs, et non en partenaires à parts égales avec leurs compatriotes. Peu mis en avant, les chrétiens d’Orient ont particulièrement souffert de cette domination. En 1948, 25 % de la population palestinienne était chrétienne. Aujourd’hui, ce pourcentage s’élève à 2 %. Pays voisin, le Liban a eu sa dose de malheurs en abritant tous les déplacés des guerres. Il a également connu l’occupation israélienne de 1985 à 2000 et, plus récemment, a subi la double explosion du port de Beyrouth, laquelle est, d’une façon ou d’une autre, la conséquence des tensions israélo-palestiniennes. Cette double explosion a fait plus de 200 morts, dont une majorité de chrétiens, et plusieurs milliers de déplacés et blessés. Par ailleurs, selon les statistiques israéliennes, sur les neuf premiers mois de l’année 2023, 250 Palestiniens ont été liquidés froidement en Israël, dont 40 mineurs. Dans les prisons israéliennes, il y a plus de 10 000 prisonniers palestiniens dont la majorité revendique un droit élémentaire de citoyen ordinaire, lequel ne leur est pas accordé. Dans la rue, les autorités laissent les juifs ultra-orthodoxes cracher sur les symboles chrétiens. Et j’en passe…
Si les premiers révolutionnaires palestiniens étaient des chrétiens (Georges Habache, Hawatmeh…), les musulmans se sont joints à eux pour démarrer leur opposition à l’occupation de leur patrie usurpée. Or l’islam promet aux combattants, et surtout aux martyrs, un paradis plein de loisirs et de satisfactions (72 houries) qu’ils ne trouvent pas sur Terre. De plus, d’après le Coran, les musulmans sont « la meilleure communauté de la race humaine » (ceci nous renvoie à l’interprétation du « peuple élu » évoqué plus haut). Ces deux principes appliqués et intégrés par la faction des musulmans intégristes et radicaux font que leur lutte va s’intensifier, rejetant les non-musulmans comme mécréants, voire inférieurs. Tuer et sacrifier des non-musulmans, juifs ou chrétiens, devient un service rendu à Dieu. Le dernier exemple médiatisé, c’est l’égorgement d’une douzaine d’Égyptiens chrétiens en Libye sacrifiés à cause de leur foi et leur appartenance religieuse. Les attentats contre les juifs et les synagogues se comptent également par centaines à travers le monde. Ces radicaux rejettent même les musulmans modérés en les considérant renégats. Ceux-ci deviennent à leur tour victimes d’exactions. Puisque être martyr est pour les combattants musulmans intégristes un honneur, une récompense, voire le vecteur principal de leur engagement, il faut dès lors s’attendre à plus d’exactions et de barbarie de leur part… N’oublions pas qu’intégrisme et inculture vont souvent de pair.
Ces exactions nous ramènent aux paroles suivantes attribuées à différents auteurs : « Il ne faut pas que les victimes d’hier deviennent les bourreaux de demain. » Or, depuis la fondation d’Israël jusqu’aux dernières actualités, nous observons cette crainte se vérifier. Victimes et bourreaux se retrouvent sur cette Terre sacrée, s’échangeant ces deux rôles en fonction des occasions qui se présentent, plus funestes les unes que les autres. Pourquoi ?
Ces agissements de part et d’autre (dirigeants israéliens et musulmans intégristes) ont été et sont conduits par l’absence d’amour et de considération pour la création humaine, et, de ce fait, pour le Créateur lui-même. Cet amour, qu’exige le premier des commandements, annihile l’idée de vengeance et invite l’homme à ne plus compter les points, à dépasser la loi du talion, l’« œil pour œil, dent pour dent. ». Prions pour que le commandement d’aimer Dieu et son prochain soit enfin appliqué par tous, malgré les difficultés, afin de tendre vers la paix et le bonheur sur Terre. N’oublions jamais que la colère, la peur, la vengeance, la violence dénigrent l’amour et ne proviennent pas de Dieu dont certains se réclament.
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La Chretiente (Christendom) s'est retracte du Christianisme, pendant que le Judaisme s'est epanoui en Sionisme et l'Islam en Islamisme. Les Chretiens sont les dindons de la farce.
00 h 38, le 24 octobre 2023