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Dernières Infos - Conflit

A Gaza, des milliers de Palestiniens fuient après l'appel d'Israël à évacuer

Vue sur une rue dans le camp de Jabalia pour les réfugiés palestiniens à Gaza, le 11 octobre 2023. Photo AFP

Plusieurs milliers de Palestiniens ont fui vendredi à travers les rues dévastées de la ville de Gaza, espérant trouver refuge dans le sud du territoire après un appel aux civils lancé par Israël, qui se prépare à une offensive terrestre en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas. L'armée israélienne a annoncé avoir mené des incursions au sol "dans les dernières 24 heures" à Gaza, au septième jour de la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque d'une ampleur sans précédent du mouvement islamiste palestinien, qui a déjà fait des milliers de morts. Le Hamas détient 150 otages qu'il menace d'exécuter.

Au moins 1.300 Israéliens, pour la plupart des civils, ont été tués depuis l'attaque, qui a traumatisé Israël où elle est comparée aux attentats du 11 septembre 2001. Près de 1.800 Palestiniens, dont 583 enfants, parmi lesquels de nombreux civils, selon les autorités locales, sont morts dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre, en état de siège, pilonné sans répit par les frappes israéliennes lancées en riposte. Le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui a pris le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza, a annoncé vendredi que 13 otages, "dont des étrangers", avaient été tués dans des frappes israéliennes.

Le groupe islamiste, qu'Israël a juré "d'anéantir", avait déjà annoncé que quatre otages avaient été tués dans les bombardements. Cette situation rend encore plus compliquée toute offensive terrestre, une perspective terrifiante de combats au coeur d'une ville à l'extrême densité de population, au sous-sol parsemé de souterrains.

Un "bouclier"

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, en visite vendredi à Jérusalem, a affirmé que le Hamas utilisait la population comme un "bouclier". Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, depuis la bande de Gaza. Dans les rues, dans les maisons, faisant même irruption dans un festival de musique, ils ont tué plus d'un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes lors de cette attaque d'une ampleur et d'une violence inédite depuis la création d'Israël en 1948.

Le Hamas a enlevé plusieurs dizaines d'otages israéliens, étrangers et binationaux, de tous âges. Les autorités israéliennes recensent 150 otages, alors que des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps en cours d'identification.  Parmi ces otages figurent des jeunes capturés pendant un festival de musique où des combattants palestiniens ont fait irruption, tuant 270 personnes d'après les autorités. Après l'attaque, l'armée israélienne a affirmé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants palestiniens.

Israël a riposté en déclarant une guerre pour détruire le Hamas, pilonnant la bande de Gaza et déployant des dizaines de milliers de soldats autour du territoire, dans le sud du pays, et à sa frontière nord avec le Liban, où les échanges de tirs sont fréquents entre l'armée et le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas. Vendredi, plusieurs journalistes, dont deux de l'AFP, ont été blessés lors d'un bombardement dans ce secteur, cible d'obus israéliens selon des sources de sécurité libanaises.

Le Hezbollah est "entièrement préparé" à intervenir contre Israël en temps voulu, a assuré vendredi le numéro deux de cette formation, cheikh Naïm Qassem, devant une manifestation de ses partisans à Beyrouth.

Fuir, par tous les moyens 

Vendredi matin, des centaines de roquettes ont de nouveau été tirées de Gaza vers le territoire israélien, selon une journaliste de l'AFP. L'armée israélienne a appelé tous les civils de la ville de Gaza à "évacuer leurs domiciles vers le sud, pour leur propre sécurité".  Par milliers, portant leurs baluchons, ils ont fui par tous les moyens, à pied, entassés sur des remorques, sur des charrettes, à moto, en voiture, à travers les rues jonchées de gravats, bordées d'immeubles en ruines. Des flots de civils ont quitté le nord de ce territoire de 362 kilomètres carrés pour essayer de trouver refuge dans le sud de la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007 et dont l'Egypte contrôle la seule ouverture sur le monde, le point de passage de Rafah.

Dans la ville, des tracts en arabe, largués par des drones israéliens, appellent les habitants à quitter "immédiatement leurs maisons". Le Hamas a rejeté l'appel à évacuer.  Ce territoire exigu où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens est désormais privé d'approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël. La tension est vive aussi en Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où au moins neuf Palestiniens ont été tués dans des affrontements avec les forces israéliennes pendant des rassemblements en solidarité avec la bande de Gaza, selon le ministère palestinien de la Santé.

"Conséquences humanitaires"

Dans la bande de Gaza, le fracas des explosions, des drones et autres déflagrations est incessant. L'armée israélienne a indiqué avoir visé dans la nuit 750 "cibles militaires" alors que des "frappes massives" ont touché le grand camp de réfugiés d'Al-Shati à Gaza, selon des journalistes de l'AFP.  "Jusqu'à quand va-t-on vivre sous les bombes avec la mort partout?", dit à l'AFP Oum Hossam, 29 ans, qui cherche un refuge avec ses quatre enfants après la destruction de sa maison.  D'autres habitants refusent de partir, faute de moyens ou pour ne pas céder: "L'ennemi veut nous terroriser et nous forcer à l'exil, mais on résistera", affirme Abou Azzam.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui se trouvait vendredi au Qatar après une visite de soutien jeudi en Israël, a appelé les pays de la région à prendre "toutes les précautions possibles" pour éviter des morts civils à Gaza. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en visite à Tel-Aviv vendredi, a estimé que les combattants du Hamas avaient porté le "mal à un autre niveau" que les jihadistes du groupe Etat islamique. "L'Europe est aux côtés d'Israël", a aussi affirmé vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula van der Leyen. L'appel à évacuer, qui concerne environ 1,1 million d'habitants du nord de la bande de Gaza, près de la moitié de sa population, suscite des inquiétudes. Une telle évacuation aurait des "conséquences humanitaires dévastatrices", a averti le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric.

Le roi Abdallah II de Jordanie a aussi mis en garde contre "toute tentative de déplacer les Palestiniens", soulignant que le conflit "ne devait pas se propager aux pays voisins". Plus de 423.000 Palestiniens ont déjà dû quitter leur domicile dans la bande de Gaza pour fuir les bombardements, selon l'ONU, qui a lancé un appel d'urgence aux dons.  Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a assimilé un tel "déplacement" à une "deuxième Nakba" ("Catastrophe", en arabe), le nom donné à la fuite de quelque 760.000 Palestiniens à la création de l'Etat d'Israël.  Des milliers de personnes ont manifesté vendredi en Irak, en Iran, en Jordanie et à Bahreïn en soutien aux Palestiniens.  Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir vendredi pour aborder la situation à Gaza.

Plusieurs milliers de Palestiniens ont fui vendredi à travers les rues dévastées de la ville de Gaza, espérant trouver refuge dans le sud du territoire après un appel aux civils lancé par Israël, qui se prépare à une offensive terrestre en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas. L'armée israélienne a annoncé avoir mené des incursions au sol "dans les dernières 24...