De Beyrouth à Téhéran, en passant par Sanaa et Bagdad, des milliers de manifestants se sont rassemblés vendredi au Moyen-Orient pour exprimer leur solidarité envers le peuple palestinien, en ce septième jour d'un conflit sanglant opposant Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas, qui bénéficie du soutien de l'Iran et du Hezbollah.
Dans la banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, devant la mosquée Moujtaba, plusieurs milliers de partisans du parti chiite ont crié leur solidarité avec la Palestine. Brandissant des drapeaux palestiniens, du parti de Hassan Nasrallah et du Liban, ils ont scandé leur allégeance au secrétaire général du Hezbollah qui menace d'ouvrir un nouveau front contre Israël pour soutenir le Hamas.
Place de Jérusalem à Nabatiyé, au Liban-Sud, les manifestants, certains avec le keffieh autour du cou, ont afflué par centaines, en famille. Une réplique de la mosquée al-Aqsa décore la place. Un portrait de l’ancien responsable militaire du Hezbollah Imad Moghniyé, assassiné en 2008 en Syrie, se dresse aussi sur les lieux. « Mort à Israël », scandait un homme au micro, selon nos journalistes sur place Caroline Hayek et Lyana Alameddine.
Pendant ce temps, au Liban-Sud, sur la colline de Aamra qui donne sur la localité israélienne de Metoula en Haute-Galilée, l'armée libanaise vérifie l'identité des passants. Elle a interdit l'accès des « étrangers », par peur d'éventuels débordements.
A Bagdad, sur la place Tahrir, cœur de la capitale, des milliers de manifestants ont répondu à l'appel du leader chiite Moqtada Sadr « en soutien à Gaza » et contre Israël. Leurs chants à pleins poumons proclamaient : « Non à l'occupation ! Non à l'Amérique ! ».
A Téhéran, les manifestants brandissaient des drapeaux iraniens, palestiniens et ceux du Hezbollah, allié de la République islamique, tout comme le Hamas. Ils tenaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « A bas l'Amérique », « A bas Israël ».
En Jordanie, pays voisin d'Israël avec qui il a signé un accord de paix en 1994, plus de 10.000 personnes se sont rassemblées dans le centre de Amman, près de la Grande Mosquée Hussein, à l'appel des Frères musulmans et de plusieurs groupes de gauche et de jeunes.
Mêmes scènes à Sanaa au Yémen, où une foule noire s'est rassemblée en soutien aux Palestiniens. Les manifestants ont brûlé des drapeaux israélien et américain. Des miliciens houthis, soutenus par l'Iran qui contrôlent la capitale, ont crié « Mort à l'Amérique, mort à Israël ».
En Syrie, pays en guerre depuis 2011, où des frappes israéliennes ont mis hors service jeudi les aéroports de Damas et d'Alep, une manifestation a eu lieu sur la place Arnous de la capitale.
En Turquie également, ils étaient des milliers à se rassembler sur la place Beyazit à Istanbul, pour soutenir les Palestiniens.
« L'opération Déluge d'al-Aqsa est le début de la fin de l'occupation », pouvait-on lire sur une pancarte brandie à Bahreïn, petit royaume du Golfe, où des centaines de fidèles ont scandé « Mort à Israël ! » et « Mort à l'Amérique ! » avant la prière du vendredi dans la mosquée Diraz. Une manifestation a ensuite rassemblé plusieurs centaines de personnes.
Le 7 octobre, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, tuant des civils dans la rue, chez eux ou en pleine rave-party, semant la terreur sous un déluge de roquettes. Au cours de cette offensive baptisée « Déluge d'al-Aqsa », ils ont enlevé plusieurs dizaines d'otages israéliens, étrangers et binationaux, que le Hamas menace d'exécuter.
Israël a riposté en annonçant une guerre « pour détruire les capacités d'action du Hamas », mouvement classé « terroriste » par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Depuis, l'armée israélienne pilonne sans relâche la bande de Gaza, où vivent plus de deux millions de civils. Ces frappes ont fait plus de 1.800 morts. Côté israélien, on recense au moins 1.200 tués.