Capture d'écran du dossier de presse d'Orient XXI pour le dixième anniversaire du média. Orient XXI
Informer pour lutter contre les simplifications, les clichés, les fantasmes et les peurs accolées au monde arabo-musulman. C’est l’objectif du site d’information en ligne gratuit Orient XXI depuis une décennie. Le projet collectif naît en 2013, dans le sillage des printemps arabes, face à ce qu’une petite équipe de passionnés voit comme un vide d’informations, rempli par des allégations et des réductions poussant à l’affrontement et au conflit. Des journalistes, des chercheurs, d’anciens diplomates, des enseignants, pour la plupart bénévoles, se lancent dans l’aventure. Dix ans plus tard, c’est toujours Alain Gresh, ex-directeur adjoint du Monde diplomatique, qui dirige le média, appuyé par une équipe sous la houlette de la rédactrice en chef Sarra Grira, journaliste et docteure en littérature. Tous souhaitent sortir d’une information souvent cantonnée « aux prismes de la religion, du terrorisme ou de la “menace migratoire” », regrettent-ils dans le dossier de presse paru à l’occasion de la commémoration des dix ans du site, s’opposant aux « clichés et simplifications qui poussent à l’affrontement, à la guerre des civilisations, à la croisade contre l’islam ».
Une indépendance qui se mérite
En dix ans, le média a vu sa visibilité accroître et ses contributeurs se multiplier, semblant effectivement assouvir une soif d’informations fiables sur des sujets allant du Maghreb à l’Afghanistan, du sociétal à la géopolitique. Des sujets culturels aux sujets historiques ou religieux, au-delà du « prisme des guerres et des groupes terroristes », Orient XXI se présente avant tout comme un collectif de spécialistes ayant « l’Orient au cœur ». Ayant égrené 1 200 auteurs, encadrés par une vingtaine de membres du comité de rédaction, plus de 5 000 articles ont été publiés sur la dernière décennie. La ligne éditoriale restant fixe : informer sans angle mort sur les enjeux de la région, d’hier à aujourd’hui, et jusqu’à demain.
Parmi les thèmes de prédilection abordés, la question israélo-palestinienne, qui tient particulièrement à cœur à Alain Gresh et qui reste d’actualité face à l’« escalade meurtrière menée par Israël dans l’indifférence générale », dénonce Orient XXI. Sont aussi traitées des problématiques comme la migration face aux politiques occidentales ou encore les atteintes aux libertés individuelles. Face à l’obscurantisme qui menace, et pour parler avec authenticité de ce coin du monde, le pure player laisse la main à de nombreux auteurs et autrices locaux. Une manière de « faire entendre un point de vue décentré et différent de ce qu’on peut lire dans la presse française, voire européenne ».
En faisant dès le départ le choix de la gratuité, Orient XXI vise large, avec notamment en tête les pays couverts où l’accès aux devises est difficile, voire impossible. Et le modèle économique reste pensé pour maintenir son indépendance. S’il parvient à se financer à 60 % grâce aux dons des lecteurs et fait jouer le bénévolat, des aides à la presse permettent en outre au média de n’avoir recours à aucun actionnaire et aucune publicité pour nourrir son site en six langues. Lors des deux campagnes de collecte de dons lancées chaque année, Orient XXI aime à rappeler l’importance d’une couverture médiatique rigoureuse et apaisée sur une région dont l’actualité est centrale sur l’échiquier mondial.