Amnesty International a appelé mercredi les autorités libanaises à « enquêter de toute urgence » sur une agression survenue samedi après-midi lors d'une manifestation au centre-ville de Beyrouth contre la récente répression des libertés personnelles et politiques au Liban.
« Les autorités libanaises doivent enquêter de toute urgence sur l'agression violente préméditée lors d'une marche des libertés le 30 septembre, organisée par plus de 24 organisations de la société civile pour protester contre la récente répression des libertés personnelles et politiques au Liban », a déclaré Amnesty International dans un communiqué. « L'enquête doit également inclure l'incapacité totale des forces de sécurité à protéger les manifestants contre l'attaque », a-t-il ajouté.
Amnesty a déclaré que des preuves vidéo et des témoignages de trois témoins oculaires indiquent que des membres des Forces de sécurité intérieure (FSI) présents sur les lieux n'ont pas réussi à intervenir pour empêcher des dizaines d'agresseurs à moto de jeter des pierres sur les manifestants, de proférer des insultes homophobes à leur encontre et de les agresser physiquement lors d'affrontements qui ont duré près d'une heure.
Au moins deux manifestants ont été hospitalisés pour des blessures au visage et aux yeux subies lors de l'agression, a déclaré Amnesty.
« Il doit y avoir une enquête urgente sur l'attaque contre les manifestants qui exerçaient simplement leur droit à la liberté d'expression et au rassemblement pacifique, y compris sur l'incapacité des forces de sécurité à les protéger. La réponse totalement inadéquate des forces de sécurité est d'autant plus choquante compte tenu de l'agression violente menée contre des manifestants pacifiques », a déclaré Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Aucun des agresseurs n'a été arrêté, malgré que certains d'entre eux se soient vantés ouvertement sur les réseaux sociaux de leurs actes, menaçant même de nouvelles attaques si de futurs rassemblements étaient organisés en soutien aux droits et aux libertés pour tous, a ajouté Amnesty.
Des dizaines d'assaillants attendaient les manifestants à leur arrivée au point de rendez-vous du centre-ville de Beyrouth pour commencer la marche. Les affrontements entre les manifestants et les agresseurs ont duré une heure, souligne également le communiqué, ajoutant que les FSI ont tenté sans succès de créer un cordon sanitaire entre eux, mais n'ont rien fait de plus pour arrêter l'attaque.
Plusieurs manifestants agressés ont déclaré à Amnesty International qu'ils envisageaient de déposer plainte mais réfléchissaient encore aux risques auxquels ils pourraient être confrontés. Un avocat qui les soutient a déclaré à l'organisation que les gens avaient « légitimement peur ».
Les attaques contre des groupes marginalisés, comme la communauté LGBTQ+, sont de plus en plus fréquentes depuis ces derniers mois.
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