La police serbe a arrêté mardi un homme d'affaires et responsable politique des Serbes du Kosovo, Milan Radoicic, accusé par le Kosovo d'avoir été le chef du commando qui a tué fin septembre un policier kosovar, provoquant l'une des plus graves escalades dans les relations entre Belgrade et Pristina depuis des années.
Milan Radoicic, 45 ans, a été placé en détention provisoire pour 48 heures et remis au parquet de Belgrade, a indiqué le ministère de l'Intérieur serbe dans un communiqué.
La police a mené des perquisitions dans son appartement et dans d'autres biens lui appartenant, selon la même source, qui ne précise pas la localité où a été arrêté le suspect, ni celle des perquisitions. Le président serbe Aleksandar Vucic avait déclaré la semaine dernière qu'il se trouvait en "Serbie centrale". Il avait été interrogé samedi une première fois par la police serbe.
Radoicic était longtemps considéré comme le responsable politique serbe le plus influent dans le nord du Kosovo, et proche du pouvoir de Belgrade. Il est visé depuis 2021 par les sanctions américaines, car soupçonné des faits de crime organisé et de corruption.
Le nord du Kosovo, une zone à majorité serbe régulièrement secouée par des tensions, a été le théâtre le 24 septembre d'affrontements musclés entre les forces spéciales de la police kosovare et un commando paramilitaire lourdement armé.
Dans un premier temps, un policier kosovar a été tué et un autre blessé sur une barricade dressée à l'entrée du village de Banjska, à 15 km de la frontière serbe.
La police kosovare a alors lancé une opération d'envergure contre ce groupe, qui s'était retranché dans un monastère de l'Eglise orthodoxe serbe. Trois de ses membres, tous des Serbes du Kosovo, ont été tués, trois autres arrêtés. Les autres ont fui, dont Milan Radoicic.
Dès le lendemain de ces affrontements, le ministre de l'Intérieur du Kosovo, Xhelal Sveçla, a accusé Radoicic d'avoir été chef du commando paramilitaire. Le ministre kosovar a diffusé une vidéo filmée avec un drone de la police kosovare lors des violences, dans laquelle Milan Radoicic figurait, selon lui, parmi un groupe de paramilitaires, sur le domaine du monastère.
Quelques jours plus tard, le suspect a affirmé avoir mis en place ce groupe, à l'insu de Belgrade.
Rêve de liberté
"J'ai moi-même réalisé toutes les préparations logistiques" et "je n'en ai informé personne dans les institutions du pouvoir de la République de Serbie (...) et je n'ai non plus obtenu aucune aide de leur part", avait-il affirmé dans une lettre lue par son avocat à Belgrade. L'objectif de son acte a été, avait-il expliqué, "de créer les conditions pour réaliser le rêve de liberté de (son) peuple dans le nord du Kosovo".
La Serbie refuse de reconnaître l'indépendance que son ancienne province méridionale, à majorité albanaise, a proclamée en 2008. Un tiers des quelque 120.000 Serbes du Kosovo (1,8 million d'habitants) vivent dans le nord du Kosovo, région frontalière de la Serbie où Pristina souhaite asseoir sa souveraineté. Soutenus par Belgrade, ils refusent toute allégeance au gouvernement du Kosovo.
Tout comme les trois autres membres du commando arrêtés, Radojicic est soupçonné de "terrorisme" par le Parquet du Kosovo. Des responsables politiques kosovars ont publiquement demandé à la Serbie de l'extrader, tout comme plusieurs dizaines d'autres suspects qui auraient fui en Serbie.
Cette requête ne peut toutefois pas être formellement adressée à la Serbie, qui ne reconnaît pas les institutions kosovares et considère toujours le Kosovo comme partie intégrante de son territoire.
Milan Radoicic a longtemps été le vice-président de la Liste serbe (Srpska lista), principale formation politique des Serbes du Kosovo. Il a démissionné de ses fonctions après ces derniers incidents.
Dans un article que lui a consacré la semaine dernière le quotidien serbe Danas, il est décrit comme "un homme d'affaires controversé sous protection de Vucic".
La police kosovare a mené la semaine dernière des perquisitions dans ses propriétés dans le nord du Kosovo, notamment dans une luxueuse villa au bord du lac de Gazivode (nord-ouest). Le ministre kosovar de l'Intérieur a déclaré que cet édifice serait saisi, car construit sur un terrain d'Etat, et qu'il serait transformé en commissariat de police.
La police serbe a arrêté mardi un homme d'affaires et responsable politique des Serbes du Kosovo, Milan Radoicic, accusé par le Kosovo d'avoir été le chef du commando qui a tué fin septembre un policier kosovar, provoquant l'une des plus graves escalades dans les relations entre Belgrade et Pristina depuis des années.
Milan Radoicic, 45 ans, a...