Critiques littéraires

Nadia Wassef, libraire-courage

Nadia Wassef, libraire-courage

© Andrew Mason

Fondatrice et ancienne directrice de la chaîne de librairies égyptiennes Diwan, Nadia Wassef qui a maintenant changé de vie, raconte son aventure, non sans nostalgie, et nous fait visiter sa librairie qui reste sa grande histoire d’amour.

Pendant plusieurs années, le magazine Forbes a classé Nadia Wassef, Égyptienne née au Caire en 1974, parmi les 200 femmes les plus puissantes du Moyen-Orient. Tête bien faite et tête bien pleine, la jeune femme, nantie de ses trois masters (anthropologie sociale de la School of Oriental and African Studies, creative writing à Birbeck, Université de Londres, et littérature comparée anglo-saxonne à l’Université américaine du Caire), de surcroît francophone, aurait pu mener une brillante carrière universitaire, par exemple aux États-Unis. Mais, en 2002, avec sa sœur Hind et leur amie Nihal, elle a préféré se lancer dans une aventure farfelue, courageuse : créer une première librairie dans l’île de Zamalek, le quartier chic où elle avait passé son enfance, à l’enseigne de Diwan. Neuf autres suivront, à travers tout le pays, en dépit des difficultés que l’on peut imaginer : intimidations politiques, tracasseries administratives, problèmes économiques, machisme généralisé… Les trois femmes sont tout à la fois des lectrices passionnées qui défendent les livres qu’elles aiment, contemporains mais aussi classiques, des designeuses qui conçoivent et aménagent leurs lieux de culture, de rencontres et de fraternité autour de la littérature, et des business women avec une entreprise à faire tourner. Inutile de préciser que tout ça nécessite une attention, un dévouement de tous les instants.

Pour Nadia Wassef, l’apostolat a duré plus de dix ans. Et puis, en 2013, après la destitution du président Morsi et l’arrivée au pouvoir du maréchal al-Sissi, elle jette l’éponge, change de vie, quitte Diwan et part vivre à Londres, avec ses deux filles Zein et Leyla. On imagine sans peine quel déchirement ce fut.

Plus tard, elle a raconté son histoire, de façon très vivante et originale, chaque chapitre correspondant à un rayon de sa librairie, dans Chronicles of a Cairo Bookseller, paru en 2021 chez Farrar, Straus and Giroux, devenu un best-seller international, traduit dans une quinzaine de langues. En France, La Libraire du Caire est paru chez Stock, en avril dernier, traduit de l’anglais par Sylvie Schneiter. Elle y écrit : « Diwan était ma lettre d’amour à l’Égypte, et ce livre est ma lettre d’amour à Diwan ».

Jean-Claude Perrier

La Libraire du Caire de Nadia Wassef, Stock, 2023, 320 p.

Nadia Wassef au festival :

La grande soirée Tarab, concert dessiné et lectures autour de Charles Berberian et Gred, jeudi 5 octobre à 19h, Musée Sursock.

Les métiers du livre : parcours de professionnels dans le cadre de la journée professionnelle (inscription préalable), vendredi 6 octobre à 16h, ESA, Auditorium Fattal.

Être libraire aujourd’hui au Moyen-Orient dans le cadre de la journée professionnelle (inscription préalable), vendredi 6 octobre à 17h15, ESA, Salle 1.

Fondatrice et ancienne directrice de la chaîne de librairies égyptiennes Diwan, Nadia Wassef qui a maintenant changé de vie, raconte son aventure, non sans nostalgie, et nous fait visiter sa librairie qui reste sa grande histoire d’amour.Pendant plusieurs années, le magazine Forbes a classé Nadia Wassef, Égyptienne née au Caire en 1974, parmi les 200 femmes les plus puissantes...

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