Un drapeau français. Photo d'archives AFP
Désendetter la France tout en luttant contre l'inflation et en investissant dans la transition énergétique : le gouvernement a présenté mercredi un projet de budget pour 2024 qui répond, selon lui, à ces « trois défis », avant des débats parlementaires qui s'annoncent mouvementés.
Le gouvernement français souhaite resserrer un peu les cordons de la bourse d'un pays largement endetté, tout en s'érigeant en défenseur du pouvoir d'achat alors que l'inflation, qui commence à refluer, reste un sujet de préoccupation majeur pour les Français.
« Nous devons (...) piloter nos finances publiques en relevant ces trois défis », a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avant la présentation du budget en Conseil des ministres. Quelque 16 milliards d'économies sont prévues l'an prochain ainsi qu'une nouvelle taxe sur les autoroutes, mais dans un contexte de relèvement drastique des taux d'intérêt, « si (...) nous appuyons sur l'accélérateur budgétaire, nous irons dans le décor », a-t-il prévenu.
Les débats s'annoncent électriques au parlement. Privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale, l'une des deux chambres du parlement, et probablement de soutiens dans l'opposition, le gouvernement pourrait se résoudre, comme l'an dernier, à engager sa responsabilité comme prévu par l'article 49-3 de la Constitution, permettant une adoption sans vote, si aucune motion de censure n'est déposée dans la foulée.
Moins de dépenses
Le gouvernement veut donner des gages de sérieux budgétaire, confronté à une dette qui a dépassé les 3.000 milliards d'euros et à un déficit largement hors des clous européens qui range la France parmi les mauvais élèves de la zone euro.
C'est pour lui une question de « crédibilité » avant le verdict ces prochaines semaines d'agences de notation sur la santé financière de la France. L'essentiel des économies proviendront de la suppression progressive des mesures exceptionnelles permettant d'alléger la facture d'électricité des ménages et des entreprises (environ 14,5 milliards d'euros). Au total, les dépenses de l'Etat passeront de 496 à 491 milliards d'euros, hors charge de la dette.
L'objectif est de ramener le déficit de 4,9% du PIB cette année à 4,4% en 2024 - un chiffre taclé comme « optimiste » par le Haut conseil des finances publiques, puis à 2,7% en 2027, sous la limite européenne de 3%. L'endettement reculerait moins résolument, stable à 109,7% du PIB en 2024 pour atteindre 108,1% en fin de quinquennat, loin au-dessus du maximum européen (60%).
Pouvoir d'achat
Confronté à une nouvelle envolée des prix à la pompe, il ressortira toutefois le chéquier et offrira une indemnité de 100 euros aux ménages les plus modestes allant travailler en voiture, pour un coût de 430 millions d'euros. L'indexation sur l'inflation du barème de l'impôt sur le revenu (4,8%), des retraites (revalorisées de 5,2% au 1er janvier) et des prestations sociales (4,6% au 1er avril) pèsera 25 milliards d'euros.
Dans un projet de loi également présenté mercredi, le calendrier de négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs est avancé avec l'espoir d'accélérer la baisse des prix dans les supermarchés.
S'ajoutent d'autres contraintes freinant la baisse des dépenses, au premier rang desquelles une charge de la dette qui augmentera à plus de 52 milliards d'euros l'an prochain et risque de devenir à l'avenir le premier poste budgétaire, devant l'Education nationale.
La stratégie de « réarmement des services publics » limite également les marges de manoeuvre, avec près de 5 milliards de crédits supplémentaires pour l'armée, la police et la justice, et 3,9 milliards pour l'Enseignement scolaire ; ainsi que près de 8.300 agents de l'Etat supplémentaires. La transition écologique bénéficiera de 7 milliards d'euros supplémentaires en 2024.
Du côté des recettes, une taxe sur les autoroutes et les aéroports rapportera 600 millions par an tandis que la lutte contre les fraudes fiscales et sociales sera renforcée. Au-delà, l'exécutif maintient sa ligne rouge : pas d'augmentation d'impôts ; il s'agit même, pour lui, de les baisser ces prochaines années.
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