Vacance présidentielle : Washington « soutient tout dialogue libano-libanais »

Les États-Unis « soutiennent tout dialogue libano-libanais » pouvant mener à l'élection d'un nouveau président au Liban, a déclaré la sous-secrétaire d'État américaine aux Affaires politiques, Victoria Nuland, au Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, lors d'une réunion à New York lundi, selon le bureau de presse de M. Mikati. 

Ce dernier se trouve actuellement à New York afin d'y représenter le Liban lors des réunions de la 78e session annuelle de l'Assemblée générale des Nations unies.

Lors de sa réunion avec le Premier ministre sortant, Mme Nuland a appelé les officiels libanais « à accélérer l'élection d'un nouveau président », soulignant que Washington soutient tout dialogue interne à cet égard.

Une déclaration qui intervient alors que, fin août, le chef du Parlement libanais, Nabih Berry, s’était engagé à tenir des séances électorales ouvertes à la Chambre, à condition qu’elles soient précédées d’un dialogue élargi réunissant les chefs des groupes parlementaires dans l’hémicycle pendant sept jours, afin de parvenir à un consensus sur un candidat.

M. Berry avait lancé son initiative quelques semaines après que Washington avait évoqué de possibles sanctions à l'encontre de tout responsable bloquant l'élection présidentielle au Liban, chef du Législatif inclus.

Également impliqué dans une médiation pour mettre un terme à près d'un an de vacance, l’émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, s’active de son côté au nom du groupe des cinq (France, États-Unis, Arabie saoudite, Qatar, Égypte) pour des « discussions » des forces politiques, qui devraient mener vers un troisième candidat, autre que Sleiman Frangié, soutenu par le Hezbollah et le mouvement Amal, et son adversaire appuyé par l’opposition et le Courant patriotique libre, Jihad Azour. Le quintet devrait se réunir en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

Les réformes et les réfugiés

Participaient également à la discussion entre M. Mikati et Mme Nuland à New York, le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, ainsi que le sous-secrétaire d'État américain, Ethan Goldrich.

Lors de cet entretien, Mme Nuland a encore rappelé que « Washington considère comme essentiel d'achever les réformes économiques et financières nécessaires ». Ces réformes sont attendues depuis des années pour débloquer des aides internationales, et notamment du Fonds monétaire international (FMI). A ce propos, Nagib Mikati a souligné à la sous-secrétaire d'État que « le gouvernement avait accompli les réformes requises par le FMI, et que le dossier se trouvait désormais entre les mains du Parlement pour décider de la marche à suivre ». Pour rappel, le FMI a de nouveau épinglé le Liban vendredi pour l’incapacité de ses dirigeants à mettre en œuvre les réformes nécessaires au déblocage des aides internationales, saluant néanmoins les changements opérés par le gouverneur par intérim de la Banque du Liban, Wassim Manssouri.

Les participants à la réunion ont en outre évoqué la question des réfugiés syriens présents au Liban. A ce sujet, Nagib Mikati a une nouvelle fois appelé la communauté internationale à soutenir le Liban pour "résoudre la crise des réfugiés, qui représente une menace pour le Liban et sa cohésion sociale".

De son côté, la responsable américaine a appelé Beyrouth à intensifier sa coopération sur cette question avec les organisations internationales, en particulier le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Le Liban a le plus haut ratio de réfugiés par habitant au monde selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR), avec près de deux millions de Syriens sur son sol d'après les estimations des responsables libanais. Près de 830.000 d'entre eux sont enregistrés auprès de l'ONU. Le 11 septembre, pour faire face à ce que les autorités ont appelé de nouvelles vagues d'arrivées illégales de migrants sur le territoire libanais, le Conseil des ministres a adopté une batterie de mesures et prévu d'envoyer une délégation à Damas pour aborder le dossier.

D'après un tweet du Grand Sérail, la délégation libanaise actuellement présente à New York comprend également la chargée d'affaires par intérim de la Mission permanente du Liban auprès des Nations unies, Jeanne Mrad. Selon le programme prévu, le Premier ministre sortant prononcera le discours du Liban cette nuit devant l'Assemblée et tiendra une série de réunions avec les chefs des délégations participantes. Il devrait également se réunir avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.