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Politique - Liban

Combats à Aïn el-Héloué : Malgré un retour au calme, les déplacés ont toujours peur de rentrer

Un nouveau cessez-le-feu a été décidé jeudi, à l'issue d'une journée de concertations par le président du Parlement, Nabih Berry, mais les habitants du camp craignent pour leur sécurité.

Combats à Aïn el-Héloué : Malgré un retour au calme, les déplacés ont toujours peur de rentrer

Des déplacés du camp palestinien de Aïn el-Héloué qui ont trouvé refuge dans la mosquée Al Mousalli attendent toujours de pouvoir regagner leurs habitations, le 15 septembre 2023 à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

Après une semaine de combats, au moins 18 morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés, le calme semblait être revenu vendredi matin dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué, près de Saïda au Liban-Sud, suite à un accord conclu jeudi soir pour faire respecter un nouveau cessez-le-feu par les parties impliquées dans les affrontements.

Cet apparent retour au calme ne paraît pas cependant avoir convaincu les Palestiniens qui ont dû fuir leurs habitations et dont certains ont trouvé refuge chez des proches ou encore dans des mosquées de la région.

« Qui peut nous garantir que ça ne va pas dégénérer de nouveau ? »

Dans la mosquée Al Mousalli, à quelques pas du camp, quelque deux cents déplacés continuent de dormir sur place, en attendant de s'assurer que le cessez-le-feu sera bien respecté cette fois-ci.

« Qui peut nous garantir que ça ne va pas dégénérer de nouveau ? Je vais attendre une annonce plus officielle qui garantisse le retour au calme avant de rentrer. Je ne veux pas risquer de perdre un membre de ma famille pour rien », confie Asraa, une mère de famille qui a fui le quartier de Hattine avec sa famille.

Un nouveau cessez-le-feu a été décidé jeudi, à l'issue d'une journée de concertations entreprises par le président du Parlement, Nabih Berry. Cet appel au calme a été relativement respecté pour l'heure, sauf pour quelques salves de tirs et deux roquettes lancées dans la nuit de jeudi à vendredi.

Les affrontements qui ont commencé jeudi dernier entre le mouvement Fateh, proche du président palestinien Mahmoud Abbas, et des groupes islamistes, notamment Jund el-Cham et al-Chabab al-Moslem (La jeunesse musulmane), ont ébranlé Aïn el-Héloué et les quartiers voisins. Ils s'inscrivent dans le cadre des luttes intestines entre ces factions qui essaient de s'imposer dans le camp, le tout dans un contexte régional de détente saoudo-iranienne et de tentatives américaines de rapprocher l'Arabie saoudite d'Israël.

Rajaa, une habitante de Aïn el-Héloué réfugiée dans la mosquée Al Mousalli, tient son bébé de 5 mois dans les bras, le 15 septembre 2023 à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

Malgré le danger et le calme précaire, une mère de famille à Aïn el-Héloué, Chaymaa Ali, s'est aventurée, durant la nuit de jeudi à vendredi, vers son domicile du quartier el-Tiri, où les combats ont été particulièrement violents. « J'ai été surprise de voir des combattants partout. Chez moi, la porte était défoncée, les vitres brisées. Il y avait beaucoup de trous dans les murs. C'est une scène de guerre par excellence. J'ai pris quelques affaires et je suis repartie très vite. Ça m'a déprimée », raconte-t-elle. « Je me demande quelle sera la réaction de mes enfants quand ils verront cela », soupire Chaymaa.

Ghada Abbas, 33 ans, confie pour sa part avoir fui dès le premier jour, pieds nus, sans aucune valise et sans ses médicaments. 

Rajaa, 20 ans, mère d'un bébé de 5 mois, ne sait même pas où aller, sa maison ayant été détruite lors des affrontements. « On m'a dit qu'il ne restait plus rien de ma maison à Hay el-Tiri. Je n'ai plus de toit », dit-elle.

« Les affrontements doivent cesser »

Vendredi matin, une délégation du mouvement islamiste Hamas s'est entretenue avec le député de Saïda Oussama Saad, et a mis l'accent sur la nécessité de stopper les combats, une fois pour toutes. « Le cessez-le-feu doit être respecté, les affrontements armés doivent cesser, les déplacés doivent pouvoir rentrer au camp et les écoles doivent rouvrir », a déclaré Moussa Abou Marzouk, responsable du Hamas dépêché à Beyrouth pour tenter de calmer la situation.

« Nous allons continuer avec les frères du Hamas et des autres factions palestiniennes à travailler à faire respecter le cessez-le-feu dans le camp », a indiqué Oussama Saad. « Nous devons aider nos frères libanais et palestiniens à rentrer chez eux et à réparer les dégâts. Il faudra aussi sortir les combattants des écoles pour que les élèves puissent effectuer leur rentrée scolaire. Nous devons également remettre les coupables aux autorités libanaises », a-t-il ajouté.

Une réunion a été tenue vendredi en début d'après-midi chez M. Saad. Elle regroupait les parlementaires Abdel Rahman Bizri, Ali Osseiran, Michel Moussa et Charbel Massaad, l'ancienne députée Bahia Hariri, le président de la municipalité de Saïda Hazem Badih, ainsi que plusieurs figures religieuses et politiques de la région, qui ont insisté sur la nécessité d'un retour au calme et rejeté « le recours aux armes pour régler les problèmes du camp ». 

Une source palestinienne contactée par L'OLJ a indiqué que l'accord conclu entre les factions palestininennes impliquées dans les affrontements exige, entre autres, de retirer les combattants postés dans les écoles de l'Unrwa, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, dans le camp, et de remettre les assassins de Abou Achraf Al-Armouchi, un responsable du Fateh tué fin juillet, ainsi que la remise de Abdel Rahman Farhoud, accusé d'avoir assassiné un responsable islamiste.

Dans une interview publiée vendredi par le quotidien libanais arabophone Al Joumhouriya, Azzam Al Ahmad, représentant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dépêché au Liban pour tenter de calmer la situation, a également appelé à remettre les coupables aux autorités. « Les meurtriers et les takfiris (appellation donnée aux islamistes, ndlr) doivent être livrés », a-t-il déclaré.

« Ce qui est important, c'est de continuer à respecter le cessez-le-feu. Je peux garantir que le Fateh et l'OLP le font (...) Nous ne voulons pas causer de tort aux habitants du camp ou des environs », a-t-il dit.

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Des centaines de personnes hospitalisées 

Les affrontements de Aïn el-Héloué ont fait au moins 18 morts et des centaines de blessés, après une semaine de combats musclés. Contacté par notre correspondant au Liban-Sud, le directeur de l'hôpital al-Hamchari, situé à 500 mètres du camp, a révélé que son établissement « a pris en charge 30 dépouilles de victimes tuées lors des affrontements survenus dans le camp entre le 30 juillet et le 14 septembre ». L'hôpital a également traité 205 blessés.

Plus d'une centaine de personnes restent, en outre, hospitalisées dans les différents établissements de la ville.

Moustapha Abou Atiyé, directeur de l'Hôpital Al Nida' Al Insani, situé dans le camp, a révélé à L'OLJ que son établissement avait traité 168 blessés durant les affrontements survenus entre août et septembre dans le camp, dont 127 depuis jeudi dernier.

L'hôpital Al Raï n'était pas disponible pour fournir des chiffres, mais selon des informations publiées il y a quelques jours, cet établissement a traité une cinquantaine de blessés dont deux militaires et un combattant connu sous le nom de « Dabaya », qui fait partie des personnes suspectées d'avoir assassiné Abou Achraf Armouchi, .

L'Hôpital Labib, lui, a traité 5 blessés, tandis que l'Hôpital Hammoud a accueilli 10 blessés dont 3 militaires.

Mercredi soir, le bâtiment où vit le député et secrétaire général de l'Organisation populaire nassérienne Oussama Saad a été touché par une balle perdue, qui a endommagé une fenêtre, selon son bureau de presse. L'étage où la balle a atterri est habité par le fils du parlementaire, Maarouf Saad, qui n'a pas été blessé.

Des affrontements entre le Fateh et les groupes islamistes avaient éclaté dans le camp à la fin du mois de juillet après l'assassinat d'Abou Achraf Al-Armouchi. Après une semaine de combats, un cessez-le-feu avait tenu jusqu'à jeudi dernier, malgré des tensions dues à la présence de combattants de factions rivales dans les écoles du camp.

Après une semaine de combats, au moins 18 morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés, le calme semblait être revenu vendredi matin dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué, près de Saïda au Liban-Sud, suite à un accord conclu jeudi soir pour faire respecter un nouveau cessez-le-feu par les parties impliquées dans les affrontements.Cet apparent retour au calme ne...

commentaires (3)

Ou en serait la famille Saad sans le soutien des ‘frères’ palestiniens? Une relation en effet co-sanguine dont on voit les résultats…

Mago1

01 h 44, le 16 septembre 2023

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Commentaires (3)

  • Ou en serait la famille Saad sans le soutien des ‘frères’ palestiniens? Une relation en effet co-sanguine dont on voit les résultats…

    Mago1

    01 h 44, le 16 septembre 2023

  • Quel bonheur de les voir s’entretuer.

    Achkar Carlos

    16 h 14, le 15 septembre 2023

  • Heho… les libanais ne sont pas vos frères comme vous dites… heureusement que nous n’avons pas les mêmes parents ni la même éducation. Nos frères sont de loin plus respectueux envers le liban que vous. A ce leader palestinien qui nous traite de « frère » croyant bien faire…désolé les gars… c’est plus une insulte pour le liban d’avoir des frères qui tuent directement ou indirectement des libanais à cause de leurs combats inter palestiniens, combats de barbares …ce n’est pas un compliment d’être vos frères!!!…OLJ SVP ne censurez pas comme vous le faites souvent lorsqu’il s’agit de palestiniens. Merci et bonne journée.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 21, le 15 septembre 2023

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