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Nos Lecteurs ont la Parole

Le principe de responsabilité

Quand, chaque dimanche, dans leur homélie, les hauts dignitaires religieux nous rebattent les oreilles de l’irresponsabilité et de la corruption de la classe dirigeante et que lundi, dès potron-minet, les portes de leurs sièges s’ouvrent impunément à elle, est, sans conteste, une entorse à ce qui doit représenter un sacro-saint principe politique, celui de la responsabilité (accountability), réclamé à cor et à cri par ces mêmes dignitaires et sans lequel l’anarchie prévaut.

Quand des partis, des établissements, des centres culturels, des groupes d’action ou de simples citoyens se revendiquant de valeurs libérales fustigent les dérapages obscurantistes d’un ministre et qu’immédiatement après l’invitent à des événements ou assistent à des activités culturelles patronnées par ce ministre est un manquement flagrant au principe de responsabilité.

Quand les forces souverainistes vilipendent la frilosité d’un ministre qui abîme l’image du pays et asservit sa politique étrangère puis pactisent avec lui et échangent les amabilités est un camouflet au principe de responsabilité.

Quand un courageux jeune député, chef de parti en l’occurrence, rompt avec la tradition de l’écrasement devant l’incorrigible insolence et les incessantes frasques du président du Parlement et que ses collègues se défilent, ou pire, le blâment pour son audace, est une atteinte incompréhensible au principe de responsabilité censé prévaloir dans ce présumé temple de la démocratie libanaise.

Quand depuis des lustres la place de l’Étoile et le Parlement sont devenus la propriété exclusive d’un chef de milice, protégé par une impressionnante cohorte prétorienne (Haras el-Majlis) nourrie aux frais d’un État en faillite et que les partis de l’opposition ne cherchent pas à mettre un terme à ce scandale, relève du mépris du principe de responsabilité.

Quand la justice qui n’en est plus une montre ses muscles aux plus faibles et tremble devant les puissants et les mafieux et que toutes les composantes politiques se contentent de vociférations stériles, c’est le principe de responsabilité qui est largement bafoué.

Quand les parents des victimes de la catastrophe du port ne trouvent à leurs côtés qu’une poignée d’irréductibles braves citoyens et que les partis de l’opposition ne s’appliquent pas à mobiliser partisans et sympathisants, c’est une fois de plus le principe de responsabilité qui est foulé aux pieds.

Quand nos frontières ne servent plus qu’aux trafics illicites de migrants, d’armes et de stupéfiants et que nos souverainistes osent à peine pointer du doigt les institutions en charge de notre sécurité et de notre intégrité territoriale est une faillite totale du principe de responsabilité.

Quand le comportement des instances juridiques les plus élevées participent sans vergogne de l’écroulement de l’édifice judiciaire et du blocage dans les tribunaux et que des représentants de l’opposition politique accourent pour les rencontrer est le summum du renoncement au principe de responsabilité.

Quand des députés sanctionnés, accusés ou condamnés réintègrent sans autre forme de procès les rangs de l’Assemblée et des commissions parlementaires et que leurs confrères ne trouvent rien à redire est une insulte au principe de responsabilité.

Mais qu’attendent donc nos contestataires et nos souverainistes pour bouleverser ce funeste modus operandi et inventer une nouvelle règle du jeu qui nous sortira du chaos ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.


Quand, chaque dimanche, dans leur homélie, les hauts dignitaires religieux nous rebattent les oreilles de l’irresponsabilité et de la corruption de la classe dirigeante et que lundi, dès potron-minet, les portes de leurs sièges s’ouvrent impunément à elle, est, sans conteste, une entorse à ce qui doit représenter un sacro-saint principe politique, celui de la responsabilité...

commentaires (2)

Tu enfonces encore plus le poignard à chaque nouveau paragraphe et ça fait très mal. Bravo pour cet excellent résumé de notre situation

El Khoury,ziad

13 h 44, le 12 septembre 2023

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Commentaires (2)

  • Tu enfonces encore plus le poignard à chaque nouveau paragraphe et ça fait très mal. Bravo pour cet excellent résumé de notre situation

    El Khoury,ziad

    13 h 44, le 12 septembre 2023

  • Bravo M. Bardawil. Vous avez dit ce que les politiques auraient dû dire. J'espère que beaucoup de lecteurs auront le courage de commenter. C'est tout le Liban qui est en jeu. Milles BRAVO. Elsie El Khoury

    Elsie El Khoury

    12 h 33, le 12 septembre 2023

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