Deux maquilleurs interpellés pour des publications « indécentes »

Deux maquilleurs professionnels, dont un mineur, ont été interpellés au Kurdistan d'Irak pour « publications indécentes » sur les réseaux sociaux, ont indiqué jeudi des sources judiciaires à l'AFP, après des apparitions en tenues féminines qui avaient choqué certaines personnes.

Les deux jeunes hommes ont été interpellés mercredi soir, a indiqué à l'AFP une source au parquet d'Erbil, la capitale du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak. Ils sont chacun suivis par plusieurs dizaines de milliers d'abonnés sur Instagram, où ils publient des images de clientes maquillées par leurs soins.

Les deux hommes « qui s'habillent en femmes » ont été arrêtés pour « publications indécentes », a précisé à l'AFP cette source judiciaire, sous couvert d'anonymat.

Un « rapport médical a établi qu'il s'agissait d'hommes », selon cette source, précisant que le mineur a été placé dans un centre de détention juvénile et le deuxième homme en prison.

Le Kurdistan d'Irak veut présenter une image de modernité et de tolérance, mais la société y est très conservatrice et patriarcale, comme le reste de l'Irak où les libertés des minorités sexuelles, voire celles des femmes, font débat.

« La détention de Las et de Roy a été ordonnée par le procureur général au Kurdistan d'Irak », a laconiquement indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Justice, Nariman Taleb.

Rinas Fadhil Ali, connu sur Instagram comme @roy_makeup, a posté des photos de lui maquillé et vêtu de tenues féminines. De son côté, @las_hawta dit sur Instagram avoir 17 ans.

Le mois dernier, ils étaient invités à une célébration organisée par un média local à Erbil. Des vidéos les montrant à cette soirée vêtus de tenues féminines ont circulé sur les réseaux sociaux.

Avocat célèbre impliqué dans des affaires médiatisées, Aso Hashem a assuré à l'AFP que le parquet d'Erbil s'était mobilisé après qu'il a lui-même annoncé en ligne qu'il allait porter plainte.

« C'est devenu un phénomène dans la société, la transformation de certains hommes en femmes », a dit l'avocat. « Cela va à l'encontre des coutumes et traditions, de la loi islamique et du droit irakien », a-t-il ajouté, accusant ces personnalités « de propager l'indécence à travers leurs vidéos ».

En août, le Parlement irakien avait commencé à examiner un projet de loi qui pourrait prévoir jusqu'à la peine de mort pour les relations homosexuelles. En début d'année, les autorités ont lancé une campagne contre les « contenus décadents » en ligne, arrêtant plusieurs YouTubeurs et TikTokeurs.