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Politique - Décryptage

Un président en septembre ? Pas si sûr...


Avec la visite probable de l’émissaire français Jean-Yves Le Drian au Liban au cours des prochaines semaines, les milieux politiques s’accordent à dire que le mois de septembre devrait être décisif pour le dossier présidentiel. Pour certains, le statu quo ne peut plus se prolonger, ni sur le plan économique et financier ni même sur le plan sécuritaire avec la multiplication d’incidents de plus en plus graves. Ce qui signifie que le temps serait venu de trouver une solution à la vacance présidentielle qui reste la clé de la reprise de toutes les institutions publiques du pays.


De plus, selon les partisans de cette lecture, au moment où la situation internationale et régionale reste confuse, avec en perspective un possible changement dans les rapports de force internationaux, les différents protagonistes qui ont un rôle au Liban préféreraient aboutir à un compromis même partiel pour éviter le pire dans ce pays au lieu d’ajouter un nouveau volcan à tous ceux qui sont actuellement en éruption.


C’est dans ce sens que la mission de Le Drian, en dépit des critiques dont elle fait l’objet de la part notamment des forces de l’opposition, pourrait servir de plateforme pour lancer un accord sur la présidentielle et mettre ainsi un terme à toutes les possibilités de dérapage de la situation sécuritaire au Liban.


Cette approche n’est cependant pas partagée par toutes les parties politiques au Liban. Selon des milieux proches du Hezbollah, ce sont les groupes proches de l’ambassade américaine qui véhiculent ce climat, en disant que l’ambassadrice Dorothy Shea ne souhaite pas rejoindre son nouveau poste en octobre aux Nations unies avant d’avoir assisté à l’élection d’un nouveau président au Liban et d’avoir mis ce pays sur les rails de la solution. Selon les mêmes milieux, la nouvelle ambassadrice est certes déjà là, mais jusqu’à la fin de septembre, c’est encore Shea qui occupe le devant de la scène diplomatique au Liban, dont elle connaît d’ailleurs tous les rouages. Dans ce contexte, la diplomate pousserait vers une élection présidentielle le plus rapidement possible pour permettre au Liban de ne pas rater le rendez-vous du forage dans le bloc 9 et peut-être dans d’autres, si tout se passe bien. Toutefois, pour les proches du Hezbollah, cette atmosphère positive ne repose pas sur des éléments concrets. D’une part, les Américains ne sont pas les seuls à avoir de l’influence au Liban, et d’autre part, les conditions d’une entente entre les grands acteurs, au sujet des dossiers régionaux dont le Liban, ne sont pas encore réunies. Il ne suffit donc pas que les Américains mettent la pression en faveur de l’élection d’un président pour que celle-ci ait lieu. Il y aurait aussi d’autres enjeux dont il faudrait tenir compte. Pour les milieux du parti chiite, le Liban serait pris entre deux feux : les États-Unis et leurs alliés qui souhaitent régler au plus vite la question présidentielle pour pacifier le processus d’extraction de gaz et de pétrole au large des côtes israéliennes et celui de son transport vers l’Europe ; et les Iraniens qui voudraient une part dans ce deal en gestation. Il faudrait aussi ajouter à ces deux camps les Russes, qui voudraient aussi inclure la Syrie dans un accord éventuel.


Face à ce tableau complexe, il est donc difficile de croire que la mission de Jean-Yves Le Drian pourrait aboutir à une solution rapide, d’autant que les positions internes restent très éloignées et que le dialogue est pratiquement rompu entre les différentes composantes du pays.


La seule possibilité de détente, estiment les proches du Hezbollah, viendrait de la reprise du dialogue entre le parti chiite et le CPL. Les sources proches de la formation affirment que ce nouveau (ancien) dialogue est appelé à aboutir, car le contexte général ne semble pas se diriger vers la rupture. C’est pourquoi le Hezbollah, qui a reçu les suggestions écrites de Gebran Bassil, compte y répondre positivement en lui faisant une offre qu’il ne pourra pas refuser. Ce qui permettra ensuite au pays tout entier d’aller vers l’élection présidentielle, sachant que le leader druze Walid Joumblatt ne cesse de répéter devant ses interlocuteurs qu’il faut aller vers une entente avec le Hezbollah.


Sur le contenu de cette offre en gestation, les milieux proches du parti chiite refusent de donner des précisions, assurant toutefois qu’elle permettra au chef du CPL de conforter sa position politique au moment où de nombreuses parties cherchent à le discréditer et à le pousser à rompre définitivement les liens avec le Hezbollah. Ce dernier, ajoutent les mêmes sources, est convaincu de l’importance d’avoir un allié chrétien sur la scène libanaise, ainsi que des alliés dans toutes les communautés. Il fera donc tout son possible pour réaliser cet objectif. Mais il faut d’abord laisser les esprits se calmer après les derniers développements qui ont entraîné une colère chez les bases populaires du CPL et du Hezbollah en particulier et, ensuite, attendre le bon timing pour lancer une telle initiative. Le Hezbollah, selon ses proches, serait convaincu que si l’initiative est lancée trop tôt, elle fera l’objet de tirs de tous les côtés, et si elle arrive trop tard, elle n’aura plus d’intérêt. Il faudrait donc être vigilant pour saisir « le momentum » qui dépend de facteurs régionaux et internationaux et qui, peut-être, n’aura pas mûri en septembre.

Avec la visite probable de l’émissaire français Jean-Yves Le Drian au Liban au cours des prochaines semaines, les milieux politiques s’accordent à dire que le mois de septembre devrait être décisif pour le dossier présidentiel. Pour certains, le statu quo ne peut plus se prolonger, ni sur le plan économique et financier ni même sur le plan sécuritaire avec la multiplication...
commentaires (3)

Tout accord avec le Hezbollah est caduc d'office s'il ne comprend pas la remise immédiate et sans conditions des armes du parti Iranien a l’armée. N'importe qui qui permet de telles ententes temporaires et brinquebalantes regretteront plus tard de les avoirs avalisées. A ce jour, aucun des points des fameux accords de Mar Michael n'ont ete respecte par le Hezboolah

Pierre Christo Hadjigeorgiou

11 h 18, le 28 août 2023

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Commentaires (3)

  • Tout accord avec le Hezbollah est caduc d'office s'il ne comprend pas la remise immédiate et sans conditions des armes du parti Iranien a l’armée. N'importe qui qui permet de telles ententes temporaires et brinquebalantes regretteront plus tard de les avoirs avalisées. A ce jour, aucun des points des fameux accords de Mar Michael n'ont ete respecte par le Hezboolah

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    11 h 18, le 28 août 2023

  • Excellent article, comme toujours, une analyse pertinente et "up-to-date ", merci.

    Raed Habib

    07 h 14, le 28 août 2023

  • Et la retraite, vous y pensez sérieusement ?

    IBN KHALDOUN

    17 h 10, le 26 août 2023

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