Les photos suivant son arrestation sont glaçantes. Le visage d’Arwa Cheikh Ali, 22 ans, est marqué de blessures, sa joue notamment, de marques et de lignes triangulaires, rappelant la partie basse d’une étoile de David.
Habitant dans le camps de réfugiés de Chouafat, à Jérusalem-Est, le jeune Palestinien avait été arrêté mercredi dernier par la police israélienne suite à des soupçons d’implication dans une affaire de trafic de drogue à l’intérieur du camp. Une arrestation qui se serait soldée par de graves violences policières, selon ses avocats et des défenseurs des droits de l’homme, cités par le New York Times.
Des soupçons d’autant plus lourds que parmi les 16 policiers israéliens qui auraient été présents lors de sa garde à vue, aucun n’avait sa caméra corporelle allumée. Pourtant, selon l’Association for Civil Rights in Israel citée par le média américain, un règlement daté de 2018 stipule que les agents doivent allumer ces caméras lors de chaque interaction.
Des accusations « trompeuses et déformées », selon la police
Le lendemain de son arrestation, le jeune homme a été entendu par un juge d’un tribunal de Jérusalem afin d’examiner la requête de la police de prolonger sa détention de cinq jours supplémentaires. Arwa Cheikh Ali aurait alors déclaré que les policiers l’avaient violemment frappé, y compris lorsqu’il était menotté et avait les yeux bandés, selon plusieurs médias israéliens.
La police a démenti ces accusations, affirmant qu’elles étaient « trompeuses et déformées », rapporte le New York Times. S’ils éludent les questions concernant l’absence de vidéos tirées de caméras corporelles, les policiers avancent un récit clair. Selon eux, Arwa Cheikh Ali résistait aux agents de police lors de son arrestation et les a attaqués. Les policiers jugent ainsi avoir fait usage d’une force « raisonnable » pendant l’arrestation du suspect. Les traces sur la joue du jeune homme auraient « vraisemblablement » été faites par « une pièce vestimentaire portée par l’un des officiers ». Plus particulièrement, des chaussures à lacets sont avancées comme étant la cause des blessures, bien que les circonstances ayant fait entrer en contact la botte en question et la joue du suspect ne soient pas expliquées. À ce moment, Arwa Cheik Ali avait en outre les yeux bandés.
Ils n’ont honte de rien.
— Taoufiq TAHANI (@TaoufiqTahani) August 19, 2023
La police israélienne nie avoir imprimé une étoile de David sur le visage d’un Palestinien lors de son arrestation et affirme que la trace a été causée par les lacets d’une chaussure portée par l’un des agents ayant procédé à l’arrestation. pic.twitter.com/1OB3oAazic
Mentionnant néanmoins les preuves de blessures, le juge du tribunal de Jérusalem a libéré sous caution le jeune Palestinien et l’a assigné à résidence. Une décision exceptionnelle pour un Palestinien suspecté de trafic de drogue, relèvent des médias locaux. Ses avocats ont demandé l’ouverture d’une enquête, que le juge a exigée auprès de la police des polices.
« Soulever la question des violences policières »
Vadim Shub, directeur de la défense publique de Jérusalem, qui représente M. Cheikh Ali, a déclaré dimanche dans une interview citée par le New York Times : « La marque sur son visage est la partie émergée de l’iceberg », ajoutant : « Nous voulons soulever la question des violences policières. »
L’affaire remue en effet les réseaux sociaux. « La brutalité de la police israélienne contre les Palestiniens continue de blesser gravement et même de tuer des Palestiniens contraints de vivre sous l’extrême violence quotidienne de l’apartheid israélien », a posté sur X (anciennement Twitter) l’Institute for Middle East Understanding, faisant par ailleurs référence aux violences policières aux États-Unis, qui avaient provoqué des émeutes après la mort de George Floyd en 2020.
Israeli police brutality against Palestinians continues to severely harm and even kill Palestinians forced to live under the extreme everyday violence of Israeli apartheid.
— IMEU (@theIMEU) August 18, 2023
Read more about Israeli police brutality here:https://t.co/bEycPlhtmY
En 2021, sur les 4 401 plaintes envoyées à l’unité d’enquête interne de la police israélienne, seules 1,2 % d’entre elles ont abouti à une inculpation, selon un rapport du contrôleur de l’État israélien publié en mai et cité par le New York Times. Une impunité qui inquiète les défenseurs des droits de l’homme. Dernier exemple en date, début juillet, un policier israélien accusé d’avoir tiré sur un Palestinien atteint d’autisme avait été acquitté au motif de « légitime défense », ayant plaidé qu’il pensait que ce dernier était un terroriste armé.
Le quotidien de gauche Haaretz compare même l’affaire d’Arwa Cheikh Ali à celle d’une jeune Palestinienne qui avait été visée par des tirs de la police israélienne le 18 mai 2021 pendant les événements de Cheikh Jarrah, qui avaient conduit à une guerre de 11 jours entre le Hamas et les forces de l’ordre israéliennes. Cet incident avait été filmé, pourtant, il avait fallu deux ans pour décider de l’inculpation du policier responsable de ces tirs. Le média israélien pose la question : « Faut-il s’étonner que les policiers ne réfléchissent pas à deux fois avant de travailler sans caméra corporelle et d’agresser un détenu ? »
commentaires (1)
Ce sont des méthodes nazis…..
HIJAZI ABDULRAHIM
16 h 44, le 23 août 2023