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Culture - Cimaises

Quel est le point commun entre Farroukh, Gemayel, Cyr, Abboud, Guiragossian et Assadour ?

Sous les voûtes séculaires du sérail des émirs du Metn, actuel siège de la Maison du Futur, se déploient « 100 ans de peinture à Bickfaya ». Une exposition qui réunit un florilège d’œuvres picturales d’hier et d’aujourd’hui et dévoile des liens parfois insoupçonnés entre ce village et certains grands noms de la peinture libanaise.

Quel est le point commun entre Farroukh, Gemayel, Cyr, Abboud, Guiragossian et Assadour ?

Sous les voûtes séculaires du sérail de Bickfaya se déploient des œuvres picturales d’artistes d’hier et d’aujourd’hui. Photo DR

On savait Chafic Abboud (1926-2004) originaire de Mhaydssé, le quartier à dominante orthodoxe de Bickfaya, réputé pour ses nombreux écrivains, poètes et artistes de différentes disciplines. Et César Gemayel (1898-1958) natif de Aïn el-Touffaha, aux alentours de Bickfaya. On connaissait moins les liens forts du Beyrouthin Moustapha Farroukh (1901-1957), du Français Georges Cyr (1880-1964) ou encore de Paul Guiragossian (1926-1993), originaire de Palestine, avec ce village des hauteurs du Metn.

Ce sont ce genre de découvertes, outre celles de quelques très belles toiles tirées pour l’occasion de collections privées, que réserve « 100 ans de peinture à Bickfaya », l’exposition qui déroule, sous les voûtes en pierre de taille de l’ancien sérail du XIXe siècle, devenu aujourd’hui le siège de la Maison du Futur (MdF), quelque 80 œuvres d’artistes historiques et contemporains libanais ayant en commun leur lien de naissance ou de résidence avec ce grand village du Metn. Une thématique que d’aucuns trouveront quelque peu chauvine, mais qui se justifie par l’ambition de la municipalité de Bickfaya-Mhaydssé, organisatrice de cet événement, « de mettre en lumière la richesse passée et actuelle de Bickfaya en talents culturels et artistiques », ainsi que l’a signalé, dans son petit mot de bienvenue lors du vernissage, l’ancien président et fondateur de la Maison du Futur* Amine Gemayel.

Des œuvres de Cyr, Gemayel et Farroukh exposées au sérail de Bickfaya. Photo DR

Natifs et estivants

« Farroukh a passé plusieurs étés à Bickfaya, dont il a immortalisé certains personnages, coins et paysages alentour, comme en témoignent les huiles ainsi que l’aquarelle représentant la plus ancienne maison de Bickfaya ici accrochées », indique l’artiste et membre de la municipalité Joseph Faloughi qui a monté l’accrochage. « Georges Cyr y a lui aussi résidé en villégiature au cours des années 1930 », poursuit-il. « Tandis que Paul Guiragossian, venu de Palestine, a été naturalisé libanais et inscrit au registre de sa femme Juliette Hidian, originaire de Bickfaya. » Une révélation que confirmera Manuella Guiragossian, la plus jeune des enfants de Paul, présente au vernissage.

Organisée également dans une veine « de décentralisation des manifestations artistiques », indique pour sa part Nicole Gemayel, la présidente de la municipalité, « 100 ans de peinture à Bikfaya » présente donc, jusqu’au 27 août, une belle sélection de peintures de maîtres de l’art libanais et un florilège de toiles de talents plus récents. De leur réunion dans un même accrochage émergent parfois un dialogue de formes et de couleurs et d’autres fois d’amusantes « parentés » entre une œuvre et une autre.

Une exposition qui offre une initiation à la peinture libanaise sous l’angle bickfayote. Photo DR

 Un musée en vue ?

Ainsi, parmi les petites histoires que réserve cette exposition, celle du grand dramaturge et poète francophone Georges Schéhadé, lui aussi un éminent estivant de ce village, dont un portrait de jeunesse réalisé à l’huile à Bickfaya par Georges Cyr fait face à une aquarelle à l’ancienne représentant la maison-atelier de Cyr signée Poney Schéhadé, le fils du poète devenu, pour sa part, peintre et Bickfayote d’adoption. Ou encore celle du joli coup de pinceau de Geneviève Gemayel (l’épouse de Pierre Gemayel et mère des anciens présidents Bachir et Amine Gemayel), qui avait été l’une des élèves de César Gemayel et dont le talent pour les compositions florales notamment se dévoile pour la première fois en public. De petites anecdotes parmi d’autres qui apportent un éclairage parfois inédit sur l’histoire et la date de réalisation des œuvres qu’il aurait été intéressant de mentionner sur les cartels…

Clou de l’exposition « 100 ans de peinture à Bickfaya », de grands nus féminins signés César Gemayel. Photo DR

Si les grands portraits et nus féminins de César Gemayel, qui fut l’un des pionniers du modernisme libanais, forment, avec les peintures de Chafic Abboud, pionnier de l’abstraction libanaise, et celles du grand Guiragossian, le clou de cette exposition d’un point de vue artistique, l’on y redécouvre aussi les pattes d’artistes contemporains à la renommée établie. À l’instar d’Assadour Bezdikian et de Nada Akl (enfants du pays désormais installés en France), de Youssef Aoun, de l’artiste et galeriste Odile Mazloum ou encore du jeune Ralph Khoury, alias Ginger Potter, précurseur quant à lui des artistes NFT au Liban, pour n’en citer que quelques-uns…

Une exposition qui vaut certainement le déplacement. Même si elle aurait gagné à être resserrée aux seules toiles de grandes signatures historiques et contemporaines présentes en nombre largement suffisant… Surtout si, comme il se murmure, ses organisateurs ambitionnent d’en retirer un noyau d’œuvres pour un musée d’art à venir. À Bickfaya, évidemment.


*La Maison du Futur est un centre de conférences, de recherche, d’activités et d’interventions culturelles fondé et dirigé par l’ancien président Amine Gemayel en 1975.

« 100 ans de peinture à Bickfaya », jusqu’au 27 août, au sérail. Horaires d’ouverture : de 11h à 13h et de 15h à 19h.




On savait Chafic Abboud (1926-2004) originaire de Mhaydssé, le quartier à dominante orthodoxe de Bickfaya, réputé pour ses nombreux écrivains, poètes et artistes de différentes disciplines. Et César Gemayel (1898-1958) natif de Aïn el-Touffaha, aux alentours de Bickfaya. On connaissait moins les liens forts du Beyrouthin Moustapha Farroukh (1901-1957), du Français Georges Cyr...

commentaires (2)

Un autre point commun entre tous ces artistes: l'ALBA, Académie Libanaise des Beaux-Arts, où l'Ecole de peinture des années 40 était dirigée par César Gemayel et où ces autres grands artistes ont été étudiants ou enseignants ou les deux...

Christine Zachariou

09 h 16, le 22 août 2023

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Commentaires (2)

  • Un autre point commun entre tous ces artistes: l'ALBA, Académie Libanaise des Beaux-Arts, où l'Ecole de peinture des années 40 était dirigée par César Gemayel et où ces autres grands artistes ont été étudiants ou enseignants ou les deux...

    Christine Zachariou

    09 h 16, le 22 août 2023

  • Il est oú dans tout ça notre valeureux ministre de la culture? Ou est il trop occupé á decider qui a le droit de frequenter qui et á chanter drs louanges á la gloire de la moukawama?

    Moi

    08 h 41, le 22 août 2023

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