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Lifestyle - Liban Pop

Pierre Khadra : se mouvoir et s’émouvoir en musique

Après des succès dans le domaine de la danse, le chorégraphe libanais s’affirme aujourd’hui en tant que réalisateur. Dans son monde, la caméra n’est qu’une nouvelle danseuse.


Pierre Khadra : se mouvoir et s’émouvoir en musique

Avec Dream Dubai et Pierre Khadra, des shows et des paillettes d'un niveau international. Photo Roman Dronov

Quand Pierre Khadra fait son show, le ticket est toujours gagnant. À 32 ans, le jeune artiste libanais est aux commandes artistiques de Dream Dubai, un lieu huppé de la night life offrant une expérience diner-spectacle « unique » et un show immersif qui se veut digne des plus grands cabarets du monde. Chorégraphe mais également réalisateur avec plusieurs vidéo-clips à son actif, sa relation avec la caméra, la danse et la musique est mue par une même et unique passion, celle de transmettre des émotions. Et en parlant de ticket gagnant, l’histoire de Pierre avec la danse commence quand il remporte un billet lui permettant de bénéficier de cours de danse pendant un mois dans un studio à Beyrouth. C’est là, sur ces planches, qu’à l’âge de 11 ans, il se découvre. L’aventure n’est pas toute tracée, mais elle commence avec ce déclic.

Pierre Khadra, danseur, chorégraphe et réalisateur. Photo Roman Dronov

« C’était du street dance, et j’étais surpris de la façon dont mon corps arrivait à se mouvoir avec la musique, se souvient Pierre Khadra. Car j’étais réceptif au cours. Si le talent est essentiel, je n’étais pas conscient du mien. Ce n’était qu’une activité qui s’est transformée en hobby, pour devenir une carrière. » Outre le hip-hop, le jeune danseur s’investit et apprend de nouvelles techniques, et découvre tous les genres, du ballet au contemporain. Il rejoint un an plus tard l’école Caracalla, puis enseigne à des débutants et se produit dans des publicités ou des clips. C’est alors qu’il se retrouve sur les planches du Festival de Baalbeck dans le cadre d’une comédie musicale avec Melhem Barakat et Ghassan Rahbani, Too Much Love Kills, dans laquelle il présente un solo, puis dans le Boléro de Ravel avec la troupe de ballet de Maurice Béjart, de passage au Liban. « Je n’avais même pas 18 ans, confie-t-il. Je me souviens que mes parents avaient signé les papiers à ma place. Puis j’ai auditionné pour le spectacle Don Quichotte des Rahbani dans le cadre du Festival de Byblos. Outre la magie des lieux, c’était pour moi une chance de rencontrer Oussama Rahbani et Hiba Tawaji avec qui j’ai continué à danser pendant plus de 4 ans. » En 2014, le public découvre Pierre Khadra lors du concours télévisé So You Think You Can Dance, produit par la chaîne MTV. S’il finit troisième de cette compétition, elle lui permet surtout de se mesurer aux meilleurs danseurs du monde arabe et de collaborer avec des chorégraphes internationaux. Pierre Khadra décide alors d’arrêter la danse et de se consacrer à la chorégraphie. Une règle qu’il ne brisera que pour se produire avec Andrea Boccelli au Festival international des cèdres en 2019.

Derrière la caméra

Dans le domaine de la danse, mêler les genres et les techniques va permettre à Pierre Khadra de se créer un style assez polyvalent. Il côtoie de nombreuses stars, d’Élissa à Waël Kfoury et Myriam Farès, et se charge des chorégraphies de leurs clips. En 2018, il retrouve la MTV avec le show Celebrity Duets dont il chorégraphie les tableaux pour deux saisons consécutives. « Pour un enfant de la télé comme moi, qui fait partie de la génération Star Academy, affirme-t-il, c’était une chance inouïe de pouvoir intervenir dans un show en primetime. J’ai organisé des auditions en Roumanie et ramené des danseurs internationaux au Liban le temps de l’émission. En parallèle, mon nom commençait à circuler dans l’industrie de la nightlife, quand j’ai pris en charge la direction artistique du divertissement au Skybar et au One. J’ai créé des shows inspirés de l’art du burlesque, et fondé ma propre agence, « À la Pierre ». Puis, tout s’est arrêté avec la pandémie. Comme un signe pour que je prenne une pause. J’ai trouvé le temps de rêver à quelque chose de nouveau. »


En repensant à son parcours, Pierre affirme que ses tournants professionnels sont venus lorsqu’il a réalisé qu’un vide était à combler dans l’industrie. « Quand j’ai décidé de ne plus danser, c’est parce que je ne prenais plus de plaisir à le faire sur les chorégraphies des autres et je savais que j’avais quelque chose de différent à proposer, assure-t-il. Quand j’ai remarqué que les réalisateurs des clips avec lesquels je travaillais n’arrivaient pas à mettre en avant mes chorégraphies de la meilleur manière possible, l’idée de réaliser mes propres clips a commencé à germer. En fait, cela faisait 10 ans que j’étais présent sur les sets de tournage, et le monde de l’audiovisuel n’avais jamais été loin, étant diplômé de l’ALBA en architecture d’intérieur avec une formation en histoire du cinéma et en photographie. Je me sentais donc capable de relever ce défi. » Serait-ce la loi de l’attraction ? Pierre y croit car l’opportunité se présente illico et l’actrice Dalida Khalil, la gagnante de Celebrity Duets, lui propose de réaliser son prochain clip, Chic Awi, qui accumule alors des millions de vues sur la toile. Pierre Khadra y présente Dalida sous un nouveau jour, et la danse trouve sa place. « La vision était claire et le processus de création assez fluide, se souvient-il, mais il a fallu gérer avec le management qui n’était pas confortable avec l’idée de collaborer avec un débutant. Je ne sais pas pourquoi mais j’étais très confiant. »

Le clip est récompensé et obtient le Best Picture et Best Music Video aux Los Angeles Film Awards en 2021, et Pierre Khadra reçoit un Murex d’or pour le meilleur clip en 2022. Il enchaine avec des clips pour Dalida Khalil, Khalil Abou Obeid, Siilawy et Anthony Touma dans le fameux Show Me How You Dabke, quitte à s’éloigner des tableaux dansants, sans jamais compromettre la qualité de l’image ni l’émotion. « J’aime explorer de nouveaux horizons en cinématographie pour illustrer des sentiments, explique-t-il. Comprendre la musicalité est un avantage. Et l’art de la chorégraphie, lui, n’est jamais loin. Avant, je dirigeais des danseurs et je leur créais des chorégraphies. Aujourd’hui, je le fais avec la caméra. »



Rêver à Dubaï

Depuis plus de deux ans, Pierre Khadra est installé à Dubaï. Son nouveau « manège », c’est le Dream, un lieu et un concept alliant la gastronomie et le spectacle, le temps d’un show immersif inspiré des différentes étapes du rêve. « J’ai toujours dit que j’ouvrirai mon cabaret un jour. Le Dream m’a permis de faire tout ce dont j’avais envie, sans avoir à me soucier de l’aspect administratif ou financier. En tant que directeur artistique, j’ai carte blanche pour monter mon propre show, qui mêle toutes les ambiances, du lounge au burlesque et jusqu’à la full party. Et de préciser : C’est un show caméléon que je change tous les 5 mois, des thèmes aux visuels 3D, aux costumes, etc. À chaque saison, nous faisons également venir des professionnels de Las Vegas ou du Cirque du soleil pour présenter quelques numéros. Je dois reconnaître que c’est un show d’une grande qualité. » Alors qu’il se prépare à retrouver le petit écran en octobre pour le Show X-Factor Arabia sur Dubai TV, Pierre Khadra garde le Liban dans sa ligne de mire. Un spectacle façon « Dream Dubai » qu’il rêverait de faire partager avec ses compatriotes. « Vu la situation économique, ce serait très difficile aujourd’hui, dit-il, mais nous ne manquons ni de talents ni de savoir-faire. »

Quand Pierre Khadra fait son show, le ticket est toujours gagnant. À 32 ans, le jeune artiste libanais est aux commandes artistiques de Dream Dubai, un lieu huppé de la night life offrant une expérience diner-spectacle « unique » et un show immersif qui se veut digne des plus grands cabarets du monde. Chorégraphe mais également réalisateur avec plusieurs vidéo-clips à son...

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