Le cessez-le-feu respecté à Aïn el-Héloué après une nuit de violences

Un calme précaire continuait de régner jeudi dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué (Liban-Sud), après que les affrontements avaient repris mercredi soir entre des factions islamistes et le Fateh, retranché dans le quartier de Baraksat près de l'entrée-nord du camp. De nombreux blessés et au moins un décès ont été signalés lors de cette reprise nocturne des violences, a indiqué à L'Orient-Le Jour une source du Fateh. Depuis le début de la matinée cependant, le cessez-le-feu annoncé en début de semaine semblait presque respecté.

Cependant, en début de soirée, un individu appartenant à l'un des groupes islamistes radicaux impliqués dans les combats des derniers jours a été tué après avoir été touché à l'abdomen par des tirs de sniper provenant d'une source inconnue, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah, citant des sources palestiniennes. 

Dans l'après-midi, une réunion avait été organisée à l'ambassade de Palestine à Beyrouth jeudi après-midi entre les différentes factions palestiniennes, pour tenter de faire respecter la trêve décidée lundi et violée à maintes reprises depuis. Une commission d'enquête formée de représentants de plusieurs groupes palestiniens a également commencé son travail sur le terrain, afin de faire la lumière sur les événements qui ont secoué le camp ces derniers jours.

Le Comité d'action palestinien conjoint s'est parallèlement réuni jeudi et a appelé "à respecter le cessez-le feu et à remettre les coupables", dans un communiqué lu par le secrétaire général de l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) Fathi Abou Aardate. Quant aux habitants du camp qui ont dû fuir les lieux, "leur retour n'est pas garanti pour le moment", selon ce responsable.

Certains habitants se sont aventurés jeudi à l'intérieur du camp pour y récupérer des effets personnels ou inspecter leurs habitations, rapporte notre correspondant. L'eau et l'électricité sont désormais coupées des quartiers où les affrontements ont eu lieu, ajoute-t-il.

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Selon des vidéos envoyées par notre correspondant, obtenues auprès d'habitants dans le camp, de violents combats ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi, au cours desquels des lance-roquettes RPG ont notamment été utilisés. Le Fateh a indiqué qu'au moins sept personnes ont été blessées. Cela fait porter le nombre de morts à au moins 12 depuis le début des affrontements, il y a six jours.

"Panique parmi les Libanais"
Réagissant à ces accrochages, le chef du bureau politique du Hamas Ismaïl Haniyé a appelé le Premier ministre sortant Nagib Mikati, au cours d'une conversation téléphonique, à "fournir davantage d'efforts pour consolider le cessez-le-feu et rétablir l'ordre", selon un communiqué publié par le mouvement palestinien. Le Hamas tient à "la sécurité et la stabilité dans le camp et son voisinage (...) et à ce que les armes palestiniennes ne soient dirigées que contre l'ennemi sioniste", a-t-il ajouté. M. Haniyé a aussi souligné la nécessité de "respecter les décisions prises par les autorités palestiniennes, en particulier le Comité d'action palestinien conjoint, en coordination avec les autorités libanaises concernées, de ne pas recourir aux armes, de mettre en place un cessez-le-feu, de retirer les combattants des rues et de donner une chance à la commission d'enquête pour mener son travail en coordination avec les autorités publiques concernées".

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M. Mikati s'est également entretenu au téléphone jeudi avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, selon un communiqué diffusé par son bureau de presse, ainsi qu'avec l'ambassadeur de Palestine au Liban, Achraf Dabbour et un membre du comité exécutif de l'OLP, Azzam Ahmad. Il a réitéré, lors de ces contacts, "la demande adressée par le gouvernement libanais aux factions palestiniennes de cesser les combats, qui constituent une violation criante de la souveraineté du Liban, surtout que les Libanais ont toujours soutenu la cause palestinienne". "Il est inacceptable que les formations palestiniennes se lancent dans de tels affrontements sanglants et sèment la panique parmi les Libanais, notamment les habitants du Sud qui les accueillent depuis de nombreuses années. L'armée, ainsi que les autres services de sécurité feront ce qu'il faut pour préserver la sécurité et mettre un terme aux combats", a-t-il encore dit.

De son côté, un porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani, a appelé jeudi à la cessation des hostilités à Aïn el-Héloué, tout en insistant sur le fait que la cause palestinienne requiert plus que jamais l'unité et la solidarité entre Palestiniens, dans des propos rapportés par l'agence d'information iranienne officielle, Irna. "Les groupes et mouvements palestiniens, ainsi que la nation palestinienne devraient utiliser leurs capacités et ressources pour combattre l'occupation sioniste, qui est la cause de toutes les difficultés des Palestiniens et de l'instabilité dans la région", a-t-il dit.

Depuis samedi, Aïn el-Héloué, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban, est le théâtre d'accrochages armés. Un cessez-le-feu a été annoncé lundi soir, mais a été violé à plusieurs reprises.

Abou Ayad el-Chaalane, le nouveau chef de la sécurité du camp affilié au Fateh, avait déclaré mercredi à L'Orient Today que le militant islamiste Bilal Badr, "qui travaille avec Daech" (acronyme arabe du groupe terroriste État islamique), était derrière l'assassinat de son prédécesseur, Abou Achraf al-Armouchi, qui a été tué dans le camp dimanche.

Ceasefire respected in Ain al-Hilweh after violent night