Des proches d'un Américain détenus après un litige commercial

Des ONG ont accusé l'Arabie saoudite de détenir cinq membres de la famille d'un citoyen américain qui a saisi la justice aux Etats-Unis contre des membres de la famille royale incluant le prince héritier Mohammed ben Salmane, pour régler un litige commercial.

Les cinq détenus ont comparu brièvement lundi devant un tribunal pénal spécial à Ryad, une juridiction établie en 2008 pour traiter les affaires liées au terrorisme, a déclaré mardi à l'AFP Abdullah Alaoudh, directeur saoudien de l'ONG Freedom Initiative, basée à Washington. Un juge a lu les noms des cinq personnes, mais il n'a pas indiqué si elles avaient été inculpées ni fixé de date pour une nouvelle audience, a précisé M. Alaoudh.

Freedom Initiative a dénoncé la procédure, affirmant que "transformer un différend commercial privé pour justifier une mesure de détention injuste" constituait "un abus de pouvoir flagrant" de la part du système judiciaire saoudien. Les autorités saoudiennes n'ont pas répondu aux questions concernant cette affaire. Les cinq détenus sont des proches de Rakan Nader Aldossari, un citoyen américain âgé de 15 ans, dont la famille a intenté une action en justice en son nom en juin 2020.

La requête, déposée par son père, l'homme d'affaires saoudien Nader Turki Aldossari, accuse l'ancien prince héritier Mohammed ben Nayef et d'autres entités saoudiennes de ne pas avoir honoré un contrat vieux de plusieurs décennies lié à un projet de raffinerie à Sainte-Lucie (île des Caraïbes). La requête a ensuite été amendée pour y inclure Mohammed ben Salmane, indiquant qu'en plaçant Mohammed ben Nayef, son cousin, en "résidence surveillée" et en saisissant ses biens pour des raisons inconnues, il l'a empêché de remplir ses obligations contractuelles.

Les tribunaux américains ont rejeté en mai 2021 ces allegations mais les autorités saoudiennes ont arrêté les proches de Rakan en début d'année, en apparentes "représailles", selon un communiqué publié la semaine dernière par les ONG Freedom Initiative, Democracy for the Arab World Now (DAWN) et l'association de défense des droits humains ALQST, basée à Londres. "Les trois organisations appellent l'administration Biden à exiger la libération des membres de la famille Aldossari", selon le communiqué.

En réponse à une lettre envoyée en mai par Rakan au président américain, Joe Biden, un fonctionnaire du département d'Etat a indiqué que Washington avait "fait part à plusieurs reprises au gouvernement saoudien de (ses) préoccupations concernant des actes présumés de répression transnationale", selon le document que l'AFP a pu consulter cette semaine.