Le mufti Deriane à Grillo : "Les efforts français doivent se poursuivre"

Le mufti de la République, cheikh Abdellatif Deriane, a estimé, dans un communiqué relayé samedi par l’Agence nationale d’information (Ani, officielle), que les efforts de la diplomatie française pour "contribuer à la résolution de la crise libanaise doivent se poursuivre afin de parvenir à des solutions".

Le cheikh Deriane, qui représente la plus haute autorité religieuse sunnite du pays, a réaffirmé cette position alignée sur ses prises de parole précédentes sur la nécessité de débloquer la situation politique au Liban, lors d’une réunion avec l’ambassadrice de France, Anne Grillo, qui effectuait une visite d'adieu à Dar al-Fatwa alors que sa mission diplomatique touche bientôt à sa fin. Elle se termine courant août.

Le mufti a aussi appelé les forces politiques libanaises à coopérer avec les cinq pays [États-Unis, France, Arabie saoudite, Qatar et Egypte] et l'envoyé français Jean-Yves Le Drian, qui travaillent à "résoudre l'impasse présidentielle au Liban", a encore rapporté l'Ani. Il a ensuite exhorté la classe politique libanaise à "répondre aux propositions et aux initiatives qui lui sont présentées, afin de sortir le Liban du tunnel sombre dans lequel il se trouve".

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"Soupape de sécurité pour le Liban"

À la mi-juillet, les cinq pays évoqués par le mufti ont déclaré avoir discuté de plusieurs mesures à l'encontre d'hommes politiques et de groupes qui entravent l'élection présidentielle. Le Liban est sans président depuis que le mandat de Michel Aoun a expiré en octobre 2022 et qu'un gouvernement intérimaire doté d'un mandat limité supervise les affaires publiques, alors que l'effondrement financier du pays entre dans sa troisième année.

"Le mufti Deriane a été informé (par Mme Grillo) des consultations menées par l'envoyé français Jean-Yves Le Drian, avec les dirigeants libanais qui ont été constructives et positives", a déclaré le bureau du chef religieux, cité par l’Ani. Il a en outre souligné que "les cinq pays sont une soupape de sécurité pour le Liban, et leurs efforts pour trouver des solutions à la crise présidentielle découlent de leur souci d'un Liban arabe libre, avec son peuple résistant qui endure les souffrances causées par des conditions de vie difficiles en attendant l'élection d'un président qui répond aux spécifications exigées par les Libanais, comme point de départ d'une solution".

Il a conclu en déclarant être persuadé "que les efforts internationaux dépendent de la coopération libanaise avec les suggestions présentées pour préserver le Liban en élisant d'abord un président, puis en formant un gouvernement et en mettant en œuvre des réformes".

Pour sa part, l'ambassade de France n'avait pas encore publié de communiqué à l'issue de la visite de Mme Grillo à Dar al-Fatwa.

La communauté internationale exhorte incessamment les dirigeants libanais à mettre fin à l'impasse politique et à enrayer l'effondrement financier. Mais la prise de décision dans la politique libanaise peut prendre des mois, en raison de l’âpreté des négociations entre les leaders communautaires soutenus par des parties toutes aussi antagonistes. M. Aoun avait été élu en 2016 après une vacance présidentielle de plus de deux ans.

Depuis 2020, la France participe à la recherche d'une solution aux crises politique et économique qui secouent le Liban, sans succès, et le président français Emmanuel Macron a visité Beyrouth à deux reprises.