Le président du Parlement Nabih Berry a estimé mardi après-midi qu'une "brèche dans le mur présidentiel" a été ouverte à l'issue d'une réunion avec l'émissaire spécial du président français Emmanuel Macron pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, arrivé quelques heures plus tôt à Beyrouth. Il s'agit de la deuxième visite de l'envoyé français dans le but de trouver une issue à l'impasse présidentielle, alors que le pays est en proie à une vacance à la magistrature suprême depuis plus de huit mois.
"Nous pouvons dire qu'une brèche dans le mur présidentiel a été ouverte", a affirmé M. Berry, qualifiant sa réunion avec l'émissaire à Aïn el-Tiné de "bonne", selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). M. Le Drian s'est par la suite entretenu avec le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Taymour Joumblatt, le chef des Kataëb Samy Gemayel et le député de Zghorta Michel Moawad. Il doit aussi effectuer une tournée auprès des protagonistes locaux dans le cadre de sa visite qui se poursuivra, selon plusieurs médias locaux, jusqu'à jeudi.
Le Liban en "danger"
Abordant le dossier présidentiel dans un entretien accordé à la chaîne américaine al-Hurra et publié mardi, Nabih Berry a estimé que "le Liban sera en danger si un président n'était pas élu avant la fin de l'année". "Nous avons impliqué dans notre crise les pays étrangers qui veulent notre intérêt et ceux qui n'en veulent pas. Au final, la seule solution est le dialogue", a-t-il souligné, assurant qu'il continue de soutenir le leader des Marada Sleiman Frangié à la présidentielle. Il a enfin affirmé avoir remercié les ambassadeurs des Cinq (la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte) "pour leur aide et pour avoir soutenu la personne que nous choisirons".
Le déplacement de Jean-Yves Le Drian intervient une semaine après la réunion à Doha du groupe des Cinq, lors de laquelle il avait arraché le soutien des quatre partenaires de Paris à sa médiation, sur la base, cette fois-ci, d’une coordination au sein du groupe.
Le Quai d'Orsay a publié un communiqué avant la visite de l'émissaire, indiquant que "ce second déplacement au Liban s’inscrit dans sa mission de facilitation et de bons offices, avec pour objectif que toutes les parties prenantes concernées créent les conditions favorables à l’émergence d’une solution consensuelle pour l’élection du président de la République, étape essentielle à la remise en marche des institutions politiques dont le Liban a urgemment besoin pour s’engager dans la voie du redressement."
Alors que le tandem chiite Amal-Hezbollah s’attache à la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié pour la présidentielle, la majorité des chrétiens ainsi que le reste de l’opposition appuient la candidature du haut cadre du Fonds monétaire international Jihad Azour. Paris avait proposé dans un premier temps un troc entre la présidence de la République qui irait à Sleiman Frangié, et le poste de Premier ministre qui reviendrait au candidat du camp adverse, le juge et diplomate Nawaf Salam. Cette proposition s’est heurtée au refus d’une partie des acteurs locaux, mais aussi de ses partenaires internationaux.
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""Berry fait état d'une "brèche dans le mur présidentiel" à l'issue d'une réunion avec Le Drian"". Brèche, brèche, rien qu’une brèche, voilà le mot, et ce n’est pas une "histoire de fou à fou"… Avec Berri au perchoir, le Liban est sauvé ! Chaque chose en son temps disent les bouddhas en politique, même l’élection d’un président…
Nabil
13 h 47, le 26 juillet 2023