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Société - Récit

Le Club soudanais de Beyrouth, un havre à toute épreuve

Dans le quartier de Hamra, ce club vieux de plusieurs décennies témoigne de la guerre civile, de Malcolm X, de l’âge d’or libanais et de cuisiniers soudanais en mal d’inspiration et en quête d’un espace à eux.

Le Club soudanais de Beyrouth, un havre à toute épreuve

Les membres du Club soudanais se détendent sur l’un des balcons du club, le 25 juin 2023. Photo João Sousa

Idris Ali a quitté Khartoum en avion avec une petite valise, un bout de papier avec l’adresse de son oncle à Beyrouth et « les vêtements qu’il portait sur le dos ». Plusieurs heures et une escale à Djeddah plus tard, il foule le sol libanais pour la première fois. C’était en 1967, il avait 13 ans. « Je n’avais pas peur ! » insiste-t-il. Aîné d’une famille de quatre enfants, il avait été envoyé par sa famille de Dongola, une ville située sur le Nil, dans le nord du Soudan, pour gagner assez d’argent pour en renvoyer chez lui.

Dans les années 1950 et 1960, de nombreux hommes soudanais se sont rendus en masse au Liban pour travailler dans les maisons de riches politiciens et hommes d’affaires libanais. Nombre d’entre eux travaillaient en tant qu’employés de maison dans les quartiers huppés du Caire et d’Alexandrie, pour suivre ensuite leurs employeurs au Liban. « J’allais rester cinq ans pour travailler, puis rentrer au Soudan », raconte Idriss Ali, qui se souvient qu’à l’époque les visas de travail s’obtenaient sans difficulté.

Une photo d’Idris Ali à l’âge de 13 ans, prise peu après son arrivée à Beyrouth en 1967. Il conserve toujours la photo exposée dans son appartement à Hamra. 11 juin 2023. Photo João Sousa

Cinquante-six ans plus tard, Idris Ali est toujours là. L’homme possède une petite chambre à Hamra (Beyrouth) et travaille comme chauffeur et homme de ménage pour la même famille qui l’avait embauché dans les années 1960.

Idris Ali, qui est venu travailler pour la première fois au Liban à l’âge de 13 ans en 1967, pose en face de la maison de Hamra où il a séjourné pour la première fois après son arrivée. 11 juin 2023. Photo João Sousa

Entre Beyrouth et le Soudan, il fait plusieurs allers-retours pour se marier, ainsi que pour rendre visite à ses enfants. Plus tard, dans les années 1980, le jeune homme transporte dans ses bagages de l’aide humanitaire destinée aux victimes soudanaises d’inondations. Mais après des décennies à voir le Liban dans tous ses états – de la guerre à la crise économique en passant par l’opulence affichée –, Idris Ali considère désormais ce pays comme sa nouvelle maison.

Une maison rendue plus agréable par le Club soudanais, une modeste salle de réunion située au rez-de-chaussée d’une résidence de Hamra. La végétation masque l’enseigne éclairée sur la façade, à côté d’un balcon étroit occupé par quelques chaises en plastique et des tasses de café. Aujourd’hui encore actif, ce petit coin d’Afrique relativement inconnu a, on ne sait comment, survécu à toutes les crises du Liban.

Mais le conflit meurtrier apparu au Soudan en avril dernier force les travailleurs soudanais du Liban à se démener pour rester en contact avec leurs proches restés au pays, offrant au Club une nouvelle résonance.

L’été dernier, le Club soudanais devient le lieu de rencontre officiel des plus de 11 500 citoyens soudanais vivant au Liban, selon des données des Nations unies. La plupart vit à Beyrouth et dans les banlieues industrielles plus abordables, mais certains sont également dispersés à Jounieh, Aley… La grande majorité d’entre eux sont des hommes arrivés au Liban par le biais du système controversé de la kafala (visa de travail avec sponsor).

Selon l’anthropologue Anna Reumert, qui a publié de nombreuses études sur les travailleurs migrants soudanais, le Club « n’est pas ouvertement politique, mais il se découvre une fonction politique, en particulier dans un endroit aussi raciste (légalement, économiquement et socialement) que le Liban ». « C’est un espace où ils se sentent à l’aise pour parler », appuie-t-elle.

Dans l’arrière-salle, sous des peintures murales représentant les drapeaux soudanais et libanais, les membres du Club jouent paisiblement aux cartes et aux dominos. Certains comptent dans leurs rangs des chauffeurs, des électriciens et des travailleurs manuels. En 1967, lorsque Idris Ali est arrivé à Beyrouth, la plupart des membres du Club étaient venus au Liban pour une seule raison : gagner de l’argent en cuisinant pour l’élite fortunée de Beyrouth.

Le salon principal du Club soudanais, le 7 mai 2023. Photo João Sousa

De Malcom X à Muhammad Ali

Dans le salon officiel du Club, on trouve des piles de corans, quelques canapés et, accrochée au mur, une photographie encadrée de l’ancien président Charles Helou. Une vitrine en verre contient des paniers soudanais tressés et des pots d’encens. Il y a aussi un cliché d’une douzaine d’hommes soudanais vêtus de costumes trois pièces bien coupés, posant solennellement pour la photo. Tous sont cuisiniers. « Cette photo date de 1966 », explique Abdallah Malik Abdelsid, un ancien président du Club. Un an plus tard, les hommes ont reçu un décret signé par Charles Helou pour fonder le Club soudanais – le premier du genre au Liban, selon Anna Reumert. Le décret signé est toujours encadré sur le mur du salon officiel du Club.

L’ancien président du Club, Abdallah Malik Abdelsid, brandit le décret de 1967 signé par Charles Helou instituant officiellement le Club soudanais. Les membres gardent toujours le décret affiché dans le salon officiel du Club. 25 juin 2023. Photo João Sousa

Les membres fondateurs du Club soudanais posant pour une photo en 1966, un an avant la fondation du Club. Tous les hommes sur la photo travaillaient au Liban comme cuisiniers, expliquent les membres du Club. Un seul d’entre eux, l’homme en bas à gauche, est encore en vie. 7 mai 2023. Photo João Sousa

Auparavant, le lieu de rencontre populaire des Soudanais était un café appartenant à des Palestiniens dans le centre de Beyrouth. Mais même là, les hommes étaient victimes d’insultes racistes de la part des passants. Lorsque le Club de Hamra est devenu officiel en 1967, « c’était un endroit où ils pouvaient s’organiser pour des événements sociaux et des collectes d’aide », explique-t-elle.

Selon l’anthropologue, les années 1960 ont également été une période « où de nombreux mouvements anticolonialistes se sont multipliés à Beyrouth ». Quelques années auparavant, en 1964, une figure des droits civiques comme Malcolm X avait donné une conférence sur « la condition de l’homme noir américain » près de l’Université américaine de Beyrouth, à l’invitation d’étudiants soudanais. Il s’agissait de l’une des deux visites qu’il a effectuées au Liban dans les mois qui ont précédé son assassinat en 1965.

« Je ne me souviens pas de grand-chose de cette époque », dit Idris Ali, arrivé au Liban à l’âge de 13 ans. Au lieu de cela, il a grandi immergé dans les cuisines et les salles à manger des employés de maison soudanais de Hamra. « Il y avait des Soudanais qui travaillaient dans cet immeuble, et dans celui-là aussi », indique-t-il en se promenant dans le quartier un après-midi de juin.

Quelques minutes après, Idris Ali arrive devant un immeuble résidentiel à l’angle d’une rue de Hamra bondée de bars. Il montre du doigt l’appartement du deuxième étage, situé au-dessus d’un pub populaire, et dont l’adresse était griffonnée sur le bout de papier qu’il avait emporté avec lui de Khartoum lorsqu’il était petit garçon en 1967.

L’oncle d’Idris Ali, Mohammad, y travaillait déjà comme cuisinier pour une famille libanaise. La famille a laissé Idris Ali, âgé de 13 ans, rester avec eux après son arrivée, seul, dans un taxi de l’aéroport. Moins de trois semaines plus tard, Mohammad lui trouve un emploi de serveur à domicile et de chef cuisinier en formation chez une autre famille aisée de Hamra.

Idris Ali n’a aujourd’hui que des souvenirs flous de ces premières années. Mais il garde en tête la visite au Club soudanais, en 1974, du célèbre boxeur américain Muhammad Ali. « J’étais tellement excité à l’idée de le voir… Nous avons tous fait la queue et lui avons serré la main », se souvient-il.

Bien vite, les cinq années originellement prévues au Liban s’étirent et Idris Ali a 21 ans à la veille de la guerre civile de 1975.

Les hommes jouent aux dominos au Club soudanais, le 7 mai 2023. Photo João Sousa

Un foyer en pleine guerre civile

En avril 1975, les tensions confessionnelles naissantes au Liban se transforment en une véritable guerre civile. Au cours des 15 années suivantes, des milliers de personnes sont tuées et des quartiers entiers de la capitale sont en ruine et recouverts de mauvaises herbes. Durant toute cette période, le Club soudanais résiste. Alors que leurs employeurs partent vers leurs villages d’origine ou à l’étranger, Idris Ali et d’autres travailleurs soudanais restent à Beyrouth. Mais la situation va empirer. En juin 1982, quelques jours après avoir envahi le Liban-Sud, les forces israéliennes encerclent la capitale libanaise et commencent à pilonner la ville par voie terrestre, aérienne et maritime. Des milliers de personnes sont tuées dans cet assaut.

« Je n’ai pas eu particulièrement peur », raconte Rashdi al-Haj Hafez, qui travaillait comme cuisinier à Beyrouth au début des années 1980. Son père a été président du Club soudanais et cuisinier personnel de l’ancien Premier ministre Rachid Karamé pendant plusieurs décennies. Certains jours, se souvient Rashdi, les chars israéliens s’attardaient dans la rue en dessous de son appartement de Jnah, alors que lui et son père jouaient aux cartes sur le balcon. D’autres fois, des bombes tombaient à proximité. Pourtant, dit-il, en tant que citoyens soudanais, « nous ne faisions pas vraiment partie de la guerre ».

« La constitution du Club mentionne que les membres ne doivent pas s’investir dans la politique du Liban, explique Anna Reumert. Ils doivent rester neutres sur le terrain libanais et ne sont pas autorisés à adhérer à des syndicats ou à des partis politiques. »

Bien que certains travailleurs soudanais aient aidé le Front de libération de la Palestine, un groupe affilié à l’OLP, selon l’anthropologue, la plupart d’entre eux ont traversé la guerre en restant largement neutres, s’occupant simplement des maisons de leurs riches employeurs.

Rapidement, la famille pour laquelle Idris Ali travaille fuit la capitale, le laissant seul dans leur luxueux appartement, entre poussière et débris. Il n’a pas grand-chose à faire sinon balayer le verre brisé par le souffle des explosions. Dans les moments les plus calmes, le jeune Soudanais brave les rues pour se rendre au Club et suivre les dernières nouvelles avec ses amis.

Un jour de 1982, un autre Soudanais beyrouthin et photographe amateur vient le trouver avec une idée pour briser l’angoisse : pourquoi ne pas revêtir son plus beau costume et poser pour un portrait dans le salon chic de son employeur ?

Quarante ans plus tard, la photo est toujours accrochée, encadrée, au mur de l’appartement d’Idris Ali à Hamra : lui, à l’approche de la trentaine, la moustache taillée et une chevelure duveteuse (presque) complète, assis royalement sur une causeuse d’un blanc immaculé.

Idris Ali posant pour une photo dans son plus beau costume chez son employeur lors du siège de Beyrouth en 1982. Un ami a pris la photo de lui pour aider à réduire l’anxiété de vivre le siège. 11 juin 2023. Photo João Sousa

À l’extérieur, les combats font rage, mais les jeunes Soudanais résistent. Lorsque les affrontements éclatent à Hamra, Idris Ali et les membres du Club permettent à leurs voisins libanais de se réfugier dans leur abri du rez-de-chaussée, relativement plus sûr. Parfois, d’autres hommes se blottissent dans l’appartement qu’Idris Ali partage avec ses amis, écoutant le bruit de l’artillerie et des tirs à l’extérieur.

Les souvenirs refont surface. Il se souvient d’un jour plutôt calme au Club où lui et quelques hommes étaient assis dans le salon. Soudain, un groupe de soldats israéliens sont entrés dans la rue, armés de gros fusils.

« Bien sûr, nous étions nerveux ! » confie Idris Ali. L’un des soldats a commencé à parler en arabe et s’est présenté comme un juif dont la famille avait émigré du Soudan en Israël. Aujourd’hui encore, Idris Ali pense que le jeune homme voulait juste passer au Club soudanais dont il avait entendu parler.

« Plus personne ne porte de costume au club »

Les années 1980-1990 marquent un changement dans l’emploi des travailleurs soudanais, note Ana Reumert. « Avant la guerre civile, la main-d’œuvre soudanaise était essentiellement masculine et occupait des postes spécifiques : majordomes, cuisiniers, etc. », explique-t-elle.

Mais une fois la poussière dissipée, des personnalités libanaises émergentes comme Rafic Hariri, bientôt Premier ministre, commencèrent à s’intéresser aux vastes projets de reconstruction.

« La demande de main-d’œuvre dans le secteur de l’hôtellerie et des services s’est considérablement accrue », explique Anna Reumert. Les nouveaux travailleurs soudanais ont commencé à travailler comme serveurs, trieurs dans les parcs à ferraille et travailleurs manuels, tandis que le travail domestique a été relégué – par l’intermédiaire d’agences libanaises – aux femmes arrivant d’Éthiopie ou encore du Kenya. Pendant ce temps, les travailleurs soudanais plus âgés du Liban, comme Idris Ali, continuent, pour la plupart, leur travail dans les maisons de familles aisées ou pour des sociétés internationales. Mais pour les jeunes, les nouveaux emplois étaient souvent dangereux – et le sont toujours : en mai dernier, un jeune travailleur soudanais a été tué par un obus non explosé alors qu’il triait des appareils électriques dans une casse privée à Ouzaï, racontent ses collègues rencontrés par L’Orient Today lors de ses funérailles.

Du fait de ces mutations, un fossé générationnel apparaît à l’intérieur du Club. « Plus personne ne porte de costume au Club », déplore Rashdi. Un soir de début juin, il rejoint Idris Ali dans un café près de chez lui à Jnah, un endroit minuscule près de l’autoroute que les Soudanais aiment fréquenter lorsqu’ils ne veulent pas entendre le bruit du café populaire situé plus bas dans la rue. Les deux hommes portent pour l’occasion des pantalons bien repassés et des chemises à col.

« C’est un peu la boîte de Pandore de l’histoire politique soudanaise, explique Anna Reumert. Il y a une tension intergénérationnelle qui est très vivante... C’est aussi une division de classe, une division géographique. Au Liban, les anciennes générations (de travailleurs) venaient du nord (du Soudan). Depuis les années 1990, les gens viennent davantage de l’ouest du Soudan, du Darfour et du Kordofan, en raison des guerres qui sévissent dans ces régions. » Les différences ethniques traduisent ainsi des changements démographiques et de classe.

Bien que le Club soudanais soit toujours le centre officiel de la vie sociale soudanaise à Beyrouth, la vie de nombreux jeunes travailleurs a quitté Hamra pour s’étendre aux cafés, aux restaurants informels ou aux terrains de football, comme celui d’Ouzaï, où les hommes ont désormais des équipes de football rivales.

Des Soudanais regardent un match de football à Ouzaï après avoir assisté aux funérailles d’un collègue soudanais tué alors qu’il triait des débris dans une casse à proximité. 21 mai 2023. Photo João Sousa

Loin de la guerre

Aujourd’hui, Idris Ali se rend rarement au Club soudanais, bien qu’il en ait été le président dans les années 1990. Seul l’un des fondateurs figurant sur la photo encadrée en noir et blanc du salon est encore en vie, affirment les membres. Il souffre de démence et réside dans le quartier Clemenceau, au milieu des vieilles maisons aux fenêtres arquées. « Tous ceux que je connaissais sont morts ou partis, dit Idris Ali. Quand j’entre ici, je ne vois plus que des étrangers. »

La plupart du temps, il regarde à la télévision d’interminables émissions en continu sur la guerre de son pays. Des images granuleuses de téléphones portables montrant une explosion dans une rue, d’énormes nuages de fumée noire suspendus au-dessus d’une ligne d’horizon, des soldats passant devant une caméra invisible dans des véhicules militaires – Idris Ali pointe l’écran de la télévision, il reconnaît chacun des lieux... Selon l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies, plus de 1 000 personnes ont été tuées dans la guerre et trois millions ont été déplacées en l’espace de trois mois et demi seulement.

Idris Ali regarde un reportage sur les combats à Khartoum dans son appartement de Hamra, le 11 juin 2023. Photo João Sousa

La femme d’Idris Ali, qu’il a épousée en 1983, et ses enfants vivaient encore au Soudan. En avril dernier, ils ont été contraints de fuir leur maison d’Omdurman, une ville située juste au nord de Khartoum. Alors qu’ils sont aujourd’hui installés en Égypte, Idris Ali leur envoie régulièrement l’argent pour payer le loyer sans savoir ce qu’est devenue la maison d’Omdurman qu’il avait achetée avec ses économies accumulées sur des dizaines d’années. « J’ai passé 55 ans à construire cette maison et maintenant je ne sais pas si elle est encore debout», souffle-t-il.

Pendant ses jours de repos, Idris Ali passe la plupart de son temps dans l’appartement. Les longues heures lui offrent l’occasion de s’occuper de l’armoire immaculée de costumes européens que ses employeurs lui ont offerts au fil des ans. « Le costume de la photo de 1982 a disparu depuis longtemps, regrette-t-il. Trop de temps s’est écoulé. » Le dimanche, il lui arrive aussi de rendre visite à de vieux amis qui, après toutes ces années, sont toujours à Beyrouth. D’autres fois, il se contente de marcher le long de la mer pour profiter des moments de calme.

Les membres du Club soudanais affirment que la fête d’al-Adha a été discrète cette année, car les Soudanais n’ont pas trouvé respectueux de la célébrer en l’honneur de leurs concitoyens déplacés ou morts au pays depuis le conflit. En revanche, les rassemblements funéraires se multiplient, à la fois pour ceux qui sont morts ici au Liban, mais aussi pour ceux qui ont été tués au Soudan, pendant la guerre. Un dimanche de juillet, plusieurs dizaines de membres du Club se réunissent pour pleurer le parent d’un homme, décédé d’une maladie à son retour au pays. À cause de la guerre, aucun hôpital fonctionnel soudanais n’a pu le soigner.

Funérailles à Ouzaï pour un collègue soudanais qui a été tué en mai alors qu’il triait des débris dans une casse à proximité. 21 mai 2023. Photo João Sousa

La journée file et vient alors l’heure de nettoyer. Dans une ambiance conviviale, les membres du Club préparent la soirée : jeux de cartes, de dominos et bavardages. Entre seaux et serpillières, tout le monde s’active. Soudain, l’obscurité. Le générateur s’éteint. Il faudra attendre encore un peu avant que l’électricité ne revienne, explique un administrateur du Club. Pourtant, les membres du Club ne flanchent pas et continuent à laver. Dix minutes, puis vingt, frottant tranquillement les sols, alors que le soleil disparaît peu à peu. 

Idris Ali a quitté Khartoum en avion avec une petite valise, un bout de papier avec l’adresse de son oncle à Beyrouth et « les vêtements qu’il portait sur le dos ». Plusieurs heures et une escale à Djeddah plus tard, il foule le sol libanais pour la première fois. C’était en 1967, il avait 13 ans. « Je n’avais pas peur ! » insiste-t-il. Aîné d’une famille de quatre enfants,...

commentaires (6)

Magnifique article, on les envierait presque pour leur cohabitation paisible.

Christine KHALIL

16 h 28, le 29 juillet 2023

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Commentaires (6)

  • Magnifique article, on les envierait presque pour leur cohabitation paisible.

    Christine KHALIL

    16 h 28, le 29 juillet 2023

  • Je me souviens pas du tout j’habitais Achrafie et après je suis venue en Italie

    Eleni Caridopoulou

    13 h 56, le 29 juillet 2023

  • Blues universel de l'exil avec en filigrane le déclin de Hamra. À lire en écoutant un bon morceau de musique soudanaise

    IBN KHALDOUN

    12 h 49, le 29 juillet 2023

  • Bel article et belle histoire humaine décrite avec finesse par madame EDWARDS

    IRANI Joseph

    10 h 33, le 29 juillet 2023

  • Une belle histoire qui dépeint une époque révolue mais aussi la continuité. J'espère que le club restera pour témoigner des jours meilleurs.

    Baboujian Hagop / N & H BABOUJIAN

    09 h 18, le 29 juillet 2023

  • Cute.

    Marie Claude

    07 h 52, le 29 juillet 2023

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